Dunkerque , des migrants tentent de rejoindre l’Angleterre par la mer la préfecture maritime s’inquiète

Dunkerque , des migrants tentent de rejoindre l'Angleterre par la mer la préfecture maritime s'inquiète

Il y a une semaine, trois migrants étaient secourus par le Cormoran, navire de la Marine nationale, alors qu’ils tentaient de traverser la mer du Nord à bord d’un canot pneumatique. Un sauvetage qui a poussé la préfecture maritime à mettre en garde ceux qui voudraient suivre cet exemple. «
Il y a quelques mois, le tunnel sous la Manche était encore poreux, rappelle le lieutenant de vaisseau Pierre-Joachim Antona, porte-parole de la préfecture maritime. Aujourd’hui, le passage y est totalement impossible mais les réfugiés n’ont pas abandonné leurs rêves de Grande-Bretagne pour autant. Alors, ils se tournent vers la mer, inconscients des dangers que présente le détroit.
»

Les risques sont multiples : la navigation y est très dense la Manche est, après le détroit de Malacca, le passage maritime le plus fréquenté du monde et les frêles embarcations des migrants risquent fort de chavirer en cas de choc avec un cargo. Les conditions météorologiques difficiles, les courants et la température très basse de l’eau sont autant de facteurs aggravants.

Trente kilomètres

«
Ces tentatives restent exceptionnelles, mais on craint qu’elles ne se multiplient à l’approche de l’été, et surtout que les réseaux de passeurs ne s’emparent du sujet.
» Arrivés sur le littoral, les migrants n’ont plus que trente kilomètres à parcourir pour rejoindre les côtes anglaises. «
Pour ceux qui ont traversé la Méditerranée, ça peut paraître dérisoire. Mais les conditions de navigation sur la Manche et la mer du Nord sont encore plus dangereuses. C’est le rôle de la préfecture maritime de les prévenir, via les associations, et de les secourir.
»

Depuis les attentats de janvier et novembre 2015, la défense maritime du territoire a été renforcée. «
Le maillage aérien, maritime et terrestre n’a jamais été aussi serré, ce qui nous permet aussi d’être plus efficaces dans le cas d’interventions de secours de ce type.
»

Pas d’inquiétude chez les plaisanciers

Pour tenter la traversée du détroit, les migrants pourraient être tentés par les embarcations alignées sur les pontons des ports de plaisance. Pourtant, que ce soit du côté des usagers ou de la direction, rien à signaler. «
Nous n’avons reçu aucune consigne, et encore moins constaté d’intrusions
», confirme une plaisancière. Pas plus d’inquiétude chez Bernard, usager du port du Grand large depuis douze ans, même s’il comprend l’intérêt que pourraient avoir les embarcations : «
Après tout, ils sont bien pratiques, ces petits bateaux. En 1940, ils avaient bien servi lors de
l’opération Dynamo

!
»

Du côté du maître de port Franck Marrelec, pas besoin de renforcer la sécurité, déjà importante au niveau des accès aux pontons, même s’il est très facile selon certains usagers de les suivre lorsqu’ils passent les barrières. «
On n’a constaté aucune tentative d’intrusion, affirme Franck Marrelec. Il nous arrive de surprendre des personnes regarder avec insistance les bateaux du centre-ville, mais elles comprennent vite qu’elles ne pourraient pas passer les écluses.
» Le maître de port compte sur les patrouilles de la police portuaire pour veiller à la sécurité.

Deux tentatives ces deux derniers mois

Le 31 mars, un père de 60 ans et ses fils de 35 et 25 ans ont été secourus par la Marine nationale. Ils étaient à bord d’un petit canot gonflable à bord duquel ils tentaient la traversée de la mer du Nord avec une seule rame comme moyen de propulsion. Cinq autres migrants avaient été secourus, eux, aux abords de Sangatte le 6 février. Ils étaient partis, selon leurs déclarations, d’une plage de Dunkerque à bord du « Shnork », petit canot à moteur de moins de 3 mètres de long. Auparavant, le seul fait de ce genre remonterait à mai 2014, quand un jeune Afghan avait tenté la traversée à bord d’un radeau de fortune.

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