Drame familial à Glageon, La descente aux enfers d’un amoureux de la terre

Drame familial à Glageon, La descente aux enfers d'un amoureux de la terre

Le cortège de véhicules de pompiers et de gendarmerie a duré durant une bonne partie de l’après-midi vendredi. C’est dans la rue du Général-de-Gaulle à Glageon, que Jean-Luc Degaigne s’est donné la mort jeudi avec son fusil de chasse après avoir tué son fils Lorent âgé de 8 ans. Le drame s’est noué dans la bâtisse familiale que cet agriculteur de 62 ans a toujours connue.

Dans le voisinage, les riverains se sont rapidement rassemblés presque à moitié surpris par la nouvelle. «
Il n’allait pas bien, mais on ne penserait pas qu’il irait jusqu’à tuer son fils. C’est une triste histoire
», confie un voisin qui vit à à peine 200 m de l’exploitation. Hélas dans le village, Jean-Luc Degaigne n’a pas que des amis’ «
On avait tout le temps des problèmes avec lui
», assure un voisin. D’ailleurs, les gendarmes avaient été appelés il y a environ deux semaines pour un énième conflit avec des riverains.

Une spirale infernale

«
Moi j’avais racheté quelques hectares de ses terres, raconte une habitante de Glageon. Il ne l’a jamais supporté et me le faisait savoir. Je trouvais régulièrement des ballots de paille devant l’entrée des parcelles pour éviter que je rentre à l’intérieur. Et il était capable de faire des courriers de plusieurs pages pour nous incendier. Ça ne finissait pas.
» Ce côté sombre, Jean-Luc Degaigne ne l’a pas toujours eu. À la base, le Glageonnais est avant tout un amoureux de la terre, véritable passionné d’agriculture. Un homme engagé, militant alter-mondialiste qui, en 2006, s’affichait sur une photo dans nos colonnes aux côtés de José Bové. Jean-Luc Degaigne avait fauché avec ses camarades des parcelles OGM. Il était même une figure du mouvement de la Confédération paysanne au niveau local.

Seulement voilà, le père de famille divorcé, a connu un parcours de vie chaotique l’entraînant doucement dans une descente aux enfers. «
Il a d’abord perdu l’un de ses fils de façon accidentelle. Ça l’a vraiment marqué et après ça, il n’a plus été le même », analyse une personne de son entourage. Au fil du temps, des troubles mentaux sont apparus chez l’agriculteur, qui sera diagnostiqué maniaco-dépressif.

De l’huile de vidange chez l’huissier

En parallèle les activités de son exploitation sont catastrophiques. «
Jean-Luc Degaigne était aux abois financièrement puisqu’en sa qualité d’agriculteur il était en liquidation judiciaire
», déclarait hier François Pérain, le procureur de Valenciennes en charge des investigations. Cette situation fragile, le Glageonnais la supportait très mal, terrifié à l’idée un jour de perdre ses terres, et sa bâtisse de toujours. Ce qui pouvait provoquer chez lui de véritables coups de sang, à l’image du jour où il n’a pas hésité à déverser de l’huile de vidange dans le cabinet d’un huissier avesnois qui le poursuivait pour une histoire de dettes. Son seul motif de satisfaction : sa famille. «
Ses enfants étaient plus importants que tout le reste à ses yeux, et il était vraiment heureux de les voir grandir. » Mais dans son geste désespéré hier, il a emporté la vie de son dernier fils de 8 ans. Geste d’autant plus incompréhensible dans son entourage que Jean-Luc Degaigne allait peut-être trouver une solution pour partir en retraite et conserver sa maison.

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