Dilma Rousseff doit quitter la présidence du Brésil dans quelques heures

Dilma Rousseff doit quitter la présidence du Brésil dans quelques heures

Réunis depuis mercredi matin en assemblée plénière, les sénateurs brésiliens se relayaient toujours au coeur de la nuit à la tribune pour sceller le sort de l’impopulaire dirigeante de gauche, accusée de maquillage de comptes publics. Mais bien avant le vote électronique final, il ne faisait plus aucun doute qu’une majorité simple de 41 votes serait réunie pour ouvrir le procès de Dilma Rousseff et l’écarter du pouvoir pendant un maximum de 180 jours, en attendant leur jugement final.

Un discours à 10 h

A 2 h, 37 sénateurs avaient annoncé qu’ils se prononceraient pour le départ de la présidente et 14 seulement contre, sur un total de 81. Ironie de l’Histoire, l’ex-président Fernando Collor de Mello, qui avait démissionné en 1992 quelques jours avant sa destitution pour corruption, a participé aux débats en sénateur. Sans dévoiler quel serait son vote.

Première femme élue présidente du Brésil en 2010, Dilma Rousseff, 68 ans, doit s’exprimer jeudi vers 10 h avant de quitter le palais du Planalto et prendre un bain de foule avec ses partisans, selon le service de communication du PT. Le PT a convoqué élus et militants devant le siège de la présidence à 8 h 30, avec comme mot d’ordre «Nous n’acceptons pas un gouvernement illégitime». Le futur président en exercice Michel Temer, 75 ans, s’adressera à la nation à 15 h depuis la présidence, accompagné de son ministre des Finances Henrique Mereilles, selon le site d’information UOL.

«Beaucoup d’entre nous cherchons un nouvel emploi »

«Une ambiance d’enterrement» a régné mercredi à la présidence, où Dilma Rousseff a fait emballer ses effets personnels, a confié une source gouvernementale sous couvert d’anonymat. «L’ambiance est très triste ici», a confirmé une femme travaillant au cabinet de Dilma Rousseff. «Beaucoup d’entre nous cherchons un nouvel emploi. Nous ne voulons pas travailler pour le vice-président».

L’opposition accuse la présidente d’avoir commis un «crime de responsabilité» en maquillant sciemment les comptes publics pour dissimuler l’ampleur des déficits en 2014, année de sa réélection disputée, et en 2015. Dilma Rousseff, ancienne guérillera torturée sous la dictature (1964-85), se défend en soulignant que tous ses prédécesseurs ont eu recours à ces «pédalages budgétaires» sans avoir été inquiétés. Elle se dit victime d’un «coup d’Etat» institutionnel ourdi par Michel Temer, qui a précipité sa chute en poussant fin mars sa formation, le grand parti centriste PMDB, à claquer la porte de la majorité.

Dilma Rousseff a exclu toute démission et se dit déterminée à «lutter par tous les moyens légaux et de combat» contre sa destitution. De l’avis des analystes, les chances de Mme Rousseff d’échapper à la destitution sont désormais très minces. Le vote final pour destituer Dilma Roussef des sénateurs pourrait intervenir en septembre, entre les jeux Olympiques de Rio de Janeiro (5-21 août) et les élections municipales d’octobre.

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