Des migrants rapportent qu’un naufrage a fait des centaines de morts en Méditerranée

Des migrants rapportent qu'un naufrage a fait des centaines de morts en Méditerranée

Des dizaines de migrants secourus en Méditerranée samedi ont raconté avoir assisté à « un grand naufrage » entre les côtes libyenne et italienne qui pourrait avoir fait jusqu’à 500 morts, a annoncé mercredi 20 avril le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR). Parmi les 41 survivants, on dénombre 37 hommes, 3 femmes et un enfant de 3 ans. Cet événement relance les inquiétudes sur la reprise de cette voie migratoire ayant déjà connu nombre de désastres similaires.

Alors que les départs de Libye, et dans une moindre mesure d’Egypte, enregistrent depuis quelques semaines, comme chaque année à cette saison, une forte progression, ce drame fait redouter une nouvelle année meurtrière en Méditerranée, dont la traversée a déjà coûté la vie à 761 personnes depuis janvier, selon le HCR.

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La surcharge d’un bateau à l’origine du naufrage

Les migrants ont dérivé en mer jusqu’à être repérés et secourus, samedi, puis ils ont été débarqués à Kalamata, en Grèce, dimanche, a précisé Carlotta Sami, porte-parole du HCR pour l’Europe du Sud. Elle a ajouté que la date du naufrage restait à déterminer.

Contacté par Le Monde, Frontex et Sophia, opération de sauvetage en Méditerranée, affirment qu’ils n’ont aucun élément permettant de confirmer les informations du HCR.

Ces migrants qui ont survécu, dont plus de la moitié sont Somaliens, ont pris la mer à une date encore indéterminée près de Tobrouk, dans l’est de la Libye, à bord d’une embarcation délabrée, transportant entre 100 et 200 personnes. Après plusieurs heures en mer, les passeurs ont essayé de les transférer sur un bateau plus grand qui transportait déjà « des centaines de personnes dans des conditions terribles de surcharge », selon un communiqué du HCR.

Mais, sous l’effet de la surcharge et du mouvement, ce plus grand bateau a chaviré. « A un moment pendant le transfert, le plus grand bateau a chaviré et coulé », a poursuivi le HCR.

Dérive de trois jours

Les 41 survivants sont ceux qui n’étaient pas encore montés à bord de ce second bateau, dont on ne sait pas d’où il était parti, et ceux qui ont réussi à nager jusqu’au plus petit bateau après le naufrage.

Parmi eux, 23 personnes venaient de Somalie, 11 d’Ethiopie, 6 d’Egypte et une du Soudan. Ils ont dérivé en mer « pendant peut-être trois jours » avant d’être repérés et secourus samedi par un navire marchand qui les a débarqués dimanche à Kalamata.

« Les témoignages concordent »

Selon la police portuaire grecque, ils ont été secourus au large de Pylos, dans le sud-ouest du Péloponnèse par ce cargo battant pavillon des Philippines. Hébergés dans le stade municipal de Kalamata, ils n’avaient pas mentionné de naufrage aux autorités.

« Les témoignages concordent », a assuré une porte-parole du HCR en Grèce, expliquant qu’un agent de l’organisation avait pu s’entretenir avec les survivants, avec l’aide d’un interprète. « Certains disent avoir perdu des proches », a-t-elle ajouté.

Un leader de la communauté somalienne en Egypte a déclaré au quotidien britannique The Guardian que les victimes faisaient probablement partie de la communauté somalienne expatriée en Egypte.

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Un an après « la pire hécatombe en Méditerranée »

En septembre 2014, un autre drame impliquant un transbordement en pleine mer avait déjà fait jusqu’à 500 morts. Les migrants refusant de monter sur une embarcation plus petite, les passeurs avaient coulé leur bateau parti d’Egypte, dont le monde n’avait connu le sort que grâce à une dizaine de survivants exténués repêchés par hasard trente-six à quarante-huit heures plus tard.

Ce nouveau drame vient s’ajouter à une litanie déjà longue, au premier anniversaire du pire naufrage survenu en Méditerranée, qui avait fait jusqu’à 800 morts le 18 avril au large de la Libye.

Depuis, une véritable armada patrouille au large des côtes libyennes : opération Triton de l’agence de contrôle des frontières Frontex, opération navale antipasseurs baptisée « Sophia », opération dite « Mare Sicuro » de la marine italienne, mais aussi les bateaux privés affrétés par SOS Méditerranée ou d’autres ONG.

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Mais cela ne suffit pas toujours. Depuis le début de l’année 2016, 24 443 migrants sont arrivés par la mer en Italie et plus de 350 ont péri. Parallèlement, 153 000 personnes ont débarqué en Grèce après une traversée qui a coûté la vie à au moins 375 personnes, selon un bilan au 14 avril de l’Organisation internationale pour les migrations.

Dans un communiqué, le HCR a réclamé une nouvelle fois « l’augmentation de voies régulières pour admettre les réfugiés et les demandeurs d’asile en Europe » afin de faire baisser la demande pour « les dangereuses traversées clandestines ».

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