Des mesures de rationnement à la pompe après le blocage de raffineries de l’Ouest

Des mesures de rationnement à la pompe après le blocage de raffineries de l'Ouest

Des mesures de rationnement des carburants ont été prises, vendredi 20 mai, par les préfectures de plusieurs départements de l’Ouest en raison du blocage de raffineries et de dépôts pétroliers par des salariés opposés à la réforme du code du travail. Plus tôt dans la journée, la Confédération générale du travail (CGT) et Force ouvrière (FO) avaient appelé à une amplification des mouvements de grève dans le secteur pétrolier.

Les préfectures d’Ille-et-Vilaine, des Côtes-d’Armor, du Finistère, de l’Orne, de Loire-Atlantique, de Vendée, de Mayenne ou encore de l’Eure ont pris vendredi des arrêtés limitant à 20 ou 30 litres le volume maximal de carburant pour les véhicules, et à 40 ou 150 litres pour les poids lourds.

Plusieurs préfectures ont interdit le stockage de carburant dans des bidons, comme en Seine-Maritime, dans le Calvados, mais aussi dans le Nord, la Somme ou encore le Pas-de-Calais, en appelant « au civisme et à la responsabilité de chacun », ou encore réquisitionné certaines stations pour alimenter en carburant les services d’urgence.

Vendredi après-midi la préfecture de Seine-Maritime a estimé à environ 40 sur 130 le nombre de stations en rupture de gazole. Dans l’Eure, 20 % des stations-service sont fermées. Dans la Manche, la préfecture annonçait 24 stations « en rupture totale » de carburant et 45 en « rupture partielle ».

Selon Certas Energy France, qui gère des stations-service sous la marque Esso, il y a « à peu près 10 % de rupture sur les essences au niveau français » dans leur réseau avec des problèmes « principalement concentrés sur la zone Normandie et Haut-de-France » et « environ 23 % pour le gasoil ». Dans l’Oise, la Seine-Maritime et la Somme, il y a des ruptures sur le gasoil « quasiment à 100 % », a précisé le porte-parole de l’entreprise, Jean-François Vigier.

Déblocage en Bretagne et dans le Nord

En Bretagne, un dépôt de carburant situé à Vern-sur-Seiche (Ille-et-Vilaine) et un autre situé sur le port de Lorient (Morbihan), tous deux bloqués depuis le milieu de semaine, ont été débloqués par les forces de l’ordre vendredi après-midi, selon les préfectures.

Près de Rouen, les forces de l’ordre ont aussi débloqué le dépôt de carburant du terminal Rubis du Grand-Quevilly et, sur quatre dépôts qui étaient bloqués dans le Nord, il n’en restait plus qu’un seul bloqué vendredi soir, selon les préfectures.

« Sur les huit lieux de stockage de pétrole [qui étaient bloqués en France], six sites ont été libérés soit par la négociation, soit par l’intervention des forces de l’ordre. Parce que les services publics doivent fonctionner (‘) la vie économique doit se poursuivre », a déclaré vendredi soir le ministre de l’intérieur, Bernard Cazeneuve, sur TF1.

Pour permettre le réapprovisionnement des stations-service, le gouvernement a pris « des arrêtés autorisant les camions de carburant à circuler ce weekend », a annoncé de son côté dans un communiqué Alain Vidalies, secrétaire d’Etat aux transports.

Dans la région du Havre, les syndicats de la raffinerie Total de Gonfreville-l’Orcher ont voté vendredi l’arrêt des installations et entamé leur procédure d’arrêt, qui va durer plusieurs jours, selon les syndicats. Il en est de même pour la raffinerie Total de Feyzin, près de Lyon, et celle de Donges (Loire-Atlantique), selon cette même source. La troisième raffinerie de France, celle d’Exxon Mobil, à Notre-Dame-de-Gravenchon, est également bloquée depuis jeudi et va le rester, selon les syndicats.

« Pas de risque de pénurie à court terme »

Alain Vidalies a cependant assuré vendredi matin au micro de France Info qu’il n’y avait pas de risque, à ce stade, de pénurie de carburant sur le territoire. « En France, il y a un système qui est organisé, on appelle ça les stocks stratégiques’. Nous ne l’avons pas utilisé pour l’instant, donc il n’y a pas de risque de pénurie à court terme », a-t-il expliqué.

« Evidemment, si ça durait des semaines, la question se poserait », a ajouté M. Vidalies, expliquant également que la question d’un recours aux forces de l’ordre pour débloquer des dépôts de carburant pourrait « naturellement » se poser en cas de « difficulté majeure » mettant en cause le fonctionnement de l’économie française.

« Le but n’est pas de créer la pénurie », mais « d’obtenir le retrait de la loi travail », assurait vendredi matin Emmanuel Lépine, responsable syndical de la CGT-Pétrole, en appelant à intensifier les blocages.

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