Dernière chance pour la biodiversité  , la cryogénisation une solution contre l’extinction des espèces

 Dernière chance pour la biodiversité  , la cryogénisation une solution contre l'extinction des espèces

Un tiers des espèces de notre planète sont menacées d’extinction, selon la dernière liste rouge de l’UICN (Union internationale de la conservation de la nature). Pour les plus emblématiques d’entre elles, les zoos ont un rôle à jouer en faveur de leur conservation « ex situ » (en dehors de leur milieu), en maintenant en captivité de petites populations de sauvegarde et en stockant leurs semences. Mais leur ambition préserver la diversité génétique de ces espèces n’a de raison d’être que si, un jour, les menaces pesant sur leur habitat naturel sont écartées, laissant le champ libre à leur réintroduction.

En attendant, ces techniques, mêlant biotechnologies et génétique, apparaissent comme des solutions de la dernière chance pour des espèces au bord de l’anéantissement. Reportage dans la réserve de la Haute Touche (Indre), plus grand parc animalier de France, lié au Muséum national d’histoire naturelle (MNHN).

Les yeux couverts d’une toile et la langue pendante, le cerf repose à terre, immobile, traversé de soubresauts passagers. Un peu plus loin, ses congénères aux abois le fixent du regard, lui et l’équipe qui s’affaire autour, la carabine, les seringues. De son vaste enclos, dans la réserve de la Haute Touche, l’animal est rapidement transféré dans le laboratoire du parc zoologique. Pesée, prises de sang, radiographie’ Les gestes sont sûrs et pressés.

« Une anésthésie générale, pour les animaux, ce n’est jamais sans risque », explique une vétérinaire. Le « patient », un cerf sika de Formose, doit être traité pour une opération aux sabots. Profitant de son immobilisation, Yann Locatelli, biologiste responsable de la recherche à la réserve, a prévu de tenter ce matin-ci une électroéjaculation pour recueillir sa semence. Sans grand espoir, puisque la saison sexuelle de ces cervidés est à l’automne, il soulève sa patte arrière et mesure ses testicules. « 13,5 cm. Trop petit, on fait pas’ »

Des semences de cerfs sika, Yann Locatelli en a déjà quelques échantillons en stock. Elles sont conservées dans une autre pièce du laboratoire, la cryothèque, en fait deux simples bidons. « Ça ne prend pas de place, on pourrait stocker toute la génétique du zoo dans trois ou quatre bouteilles », remarque le biologiste. Il tire quelques paillettes fumantes de l’azote liquide à -196°C, contenant du sperme, des embryons ou des tissus d’ovaires. « Là, j’ai de la panthère de Chine, là du dhole [un canidé asiatique]’ », montre-t-il. La collection, alimentée depuis 2001, compte plus de 400 individus, de 35 espèces différentes.

Ces échantillons sont conservés essentiellement à des fins de recherche dans les « biotechnologies de la reproduction d’animaux sauvages », domaine dans lequel ce laboratoire français figure parmi les pionniers. Les semences mâles pourront servir à des inséminations artificielles. Les tissus d’ovaires, eux, recèlent de nombreux follicules ovariens, où croissent des ovocytes qui pourront être fécondés in vitro, afin de produire des embryons.Pour l’instant, l’équipe de M. Locatelli a réussi à conserver ces tissus vivants et à les greffer des tissus de cerf dans une souris de laboratoire , le temps de la maturation des follicules.

Quant aux embryons issus de la fécondation in vitro, qu’ils proviennent de ces tissus ovariens ou bien d’ovocytes directement prélevés sur des femelles, ils pourront être introduits dans des mères porteuses de la gestation pour autrui, en somme. Et là encore, pas forcément entre individus de la même espèce : à la Haute Touche, deux femelles de cerfs européens ont ainsi mis bas, l’une d’un petit cerf sika, l’autre d’un cerf de Dybowski, une espèce rare. La première avec succès ; la seconde a refusé de l’élever.

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