Dépôt pétrolier d’Haulchin , les syndicats délogés par les CRS (VIDEO)

Dépôt pétrolier d'Haulchin , les syndicats délogés par les CRS (VIDEO)

C’est la fin d’un siège dont personne n’attendait qu’il soit si long. Ni les syndicalistes, installés depuis jeudi et qui, dès vendredi, parlaient d’être délogés chaque soir ou chaque matin. Ni les autorités, qui espéraient que le mouvement s’essouffle ou que le mauvais temps ait raison de la motivation des manifestants.

VIDÉO THOMAS LO PRESTI

Ce mercredi matin, vers 4 h 30, ils sont encore soixante-dix sur place. L’information d’une opération le matin-même tourne depuis la veille. «
Cette fois-ci, c’est quasiment sûr
», affirme un syndicaliste. La fin, tout le monde s’y attend. Pour certains, c’est même une délivrance : «
On commence à fatiguer un peu quand même. Un siège, c’est un travail à plein-temps.
» Dans la nuit, les personnes sur place ont érigé une barricade au milieu de la D630, en plus de celle déjà érigée pour bloquer l’entrée du dépôt pétrolier. Autour du feu, les consignes sont données : «
On y va tranquilles les mecs. On résiste un peu pour pas dire de s’enfuir, mais ça s’arrête là.
»

Vers 4 h 40, des hommes placés du côté de Denain viennent annoncer l’arrivée des CRS, dont il dit «
que même en mai 68, il n’en avait jamais vu autant
». Cette fois-ci, ça sent bel et bien la fin. Un sentiment confirmé lorsque de chaque côté de la route, des barrages de police s’installent. Depuis le siège, les syndicalistes voient arriver le cortège, composé de 18 véhicules de CRS et cinq de police. «
On va se faire défoncer, lâche un homme, médusé. Tout ça pour nous Ils sont tarés !
» Les slogans anti-police et anti-PS fusent, sur fond de l’Internationale. Certains se réfugient dans le champ voisin, pour observer le spectacle. «
Rajoute de l’essence ! Reculez, ça peut péter !
» Aux premières lueurs du jour, les barricades s’enflamment pour la dernière fois. C’est l’heure.

À 5 h, les CRS sont positionnés face aux syndicalistes. Les sommations résonnent. Ils ne sont plus qu’une quarantaine à faire face à la centaine de CRS. Dès lors, un camp recule quand l’autre avance. Pas d’usage de la force. Les manifestants sont arrosés deux fois par un engin lanceur d’eau. «
C’est de bonne guerre
», sourit l’un d’eux. Sur quelques mètres encore, ils continuent de reculer, contraints par les forces de l’ordre.

« C’est pas fini »

Il est 6 h, tout est terminé, les syndicalistes sont coincés entre les deux barrages, qui ferment la route. Tout le monde s’applaudit une dernière fois. Marc Lambert, responsable SUD, et Jean-Paul Delescaut, responsable CGT, parlent tout d’eux d’une «
opération réussie
».«

On a tenu bon. Six jours et cinq nuits de siège, c’est super. Mais c’est pas fini, vous verrez », explique le dernier. Ils sont raccompagnés dix par dix par les forces de l’ordre. Certaines parlent déjà de rejoindre les grévistes de Vallourec à la tuberie de Saint-Saulve, malgré la fatigue : «
T’es engagé ou tu l’es pas hein !
» Dans le même temps, douze pompiers de Douchy s’attellent à éteindre le brasier.

De l’autre côté du fossé, trois opérateurs du dépôt pétrolier commencent à nettoyer l’accès aux cuves, pour que les camions puissent arriver le plus rapidement possible. Quant à Thierry Devimeux, sous-préfet de Valenciennes, qui a observé les événements du jour, il estime «
que tout s’est bien passé
».Le dépôt pétrolier est donc débloqué. Le tout sans arme, ni haine, ni violence.

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