Dans Saintia Shô’ les femmes sont des combattantes comme les hommes 

 Dans Saintia Shô' les femmes sont des combattantes comme les hommes 

Le Monde : Quelle a été la principale difficulté, pour vous, dans la création d’une série féminine sur « Saint Seiya », un univers initialement très masculin ‘

Chimaki Kuori : La décision d’accepter, c’était déjà un cap. Cela supposait de se lancer dans un travail harassant, et de se confronter au regard critique de fans habitués à un univers canonique extrêmement connu et apprécié, sans certitude sur la manière dont ils recevraient cette réinterprétation.

Le manga original est pétri du culte de la masculinité, de l’affirmation de soi par la force, de la démonstration de sa virilité. Comment l’adapter en version féminine ‘

Beaucoup s’imaginent que Saintia Shô se contente de remplacer les combattants masculins par des combattants féminins, mais ce n’est pas le cas. Certains personnages masculins reviennent, parce que la série se déroule dans le même monde que la série d’origine. Et en même temps, ces héroïnes sont de vraies combattantes. C’est pour cela qu’on les voit s’échanger des coups violents, recevoir des chocs, être projetées contre les murs. Ce sont des femmes, mais des combattantes comme les hommes. Il n’y a pas de scènes de nu ou d’érotisme. C’était important pour moi, parce que j’ai toujours aimé dessiner des femmes fortes.

Dans la série initiale, les héroïnes sont masquées ; ce n’est plus le cas ici. Comment avez-vous justifié ce changement radical, qui permet enfin à des femmes chevalier d’apparaître à visage découvert dans le manga ‘

L’idée est venue de monsieur Kurumada. Nous en avons discuté ensemble, et deux options s’étaient présentées, toutes les deux inacceptables. Soit on faisait une croix sur un élément de la mythologie des « Chevaliers du Zodiaque », les masques des chevalières, soit toutes les héroïnes apparaissaient masquées. Dans les deux cas, cela n’avait aucun intérêt. Il a donc proposé l’idée d’une nouvelle caste, les Saintia, qui sont un peu les vestales de la déesse Athéna. Comme elles sont liées à cette dernière, il n’y a aucune justification au fait qu’elles doivent se masquer dans un monde d’hommes. Elles peuvent donc assumer leur féminité.

Ces dernières années, que ce soit au cinéma avec « S.O.S. Fantômes », ou dans le monde du jeu vidéo où le discours féministe se fait de plus en plus entendre, la volonté de féminisation des héros revient avec de plus en plus d’insistance. Avez-vous le sentiment de faire partie de ce mouvement général de la pop culture ‘

C’est difficile à dire pour moi car Saintia Shô n’a pas été créé suite à une demande particulière, mais parce que nous cherchions à renouveler la série, et que, celle-ci étant très masculine, les femmes étaient un bon moyen de proposer une nouvelle lecture. Il n’y avait pas de réflexions liées à un féminisme militant. Je ne me considère pas comme une auteure engagée, je ne cherche pas à mettre des enjeux politiques dans ce que je dessine. C’était vraiment une manière de rafraîchir la série.

Comment avez-vous choisi les armures de « Saintia Shô », comme le dauphin et le petit cheval ‘

Au début du projet, M. Kurumada m’a envoyé une liste des constellations qui n’avaient pas encore été exploitées. Parmi celles-ci, j’ai choisi lesquelles pouvaient donner lieu à une armure suffisamment classe et élégante pour ne pas interférer avec la féminité des personnages. Sur la liste figurait le petit cheval, qui est le petit frère de Pégase [le héros masculin de la série d’origine] dans la mythologie. C’était parfait.

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