Crise constitutionnelle  en Ecosse favorable au maintien dans l’UE

 Crise constitutionnelle  en Ecosse favorable au maintien dans l'UE

Le Monde
| 24.06.2016 à 06h42
Mis à jour le
24.06.2016 à 13h10
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Par Jean-Baptiste Chastand (Glasgow (envoyé spécial)

Après que les Ecossais ont majoritairement voté contre le « Brexit », la première ministre écossaise Nicola Sturgeon a déclaré vendredi 24 juin que « la possibilité d’un second référendum doit être sur la table et elle est sur la table ». Elle a prévenu que la région voyait « son avenir au sein de l’Union européenne ».

Le scénario annoncé par les nationalistes écossais s’est donc réalisé. L’Ecosse a voté largement en faveur du maintien dans l’Union européenne, à 62 %, mais va devoir la quitter en raison du choix de l’Angleterre. L’ensemble des 32 circonscriptions de la région ont choisi le « in », mais le 1,7 million d’électeurs locaux favorables à l’UE n’a pas suffi à contrebalancer le vote de l’Angleterre. Ce résultat ouvre une « crise constitutionnelle », a prévenu dans la nuit le chef de file du Parti national écossais (SNP) à Westminster, Angus Robertson.

Dans son programme, le SNP, qui reste ultra-majoritaire dans la région, même s’il a perdu sa majorité absolue au Parlement écossais lors des élections régionales début mai, assure qu’il devrait avoir le droit d’organiser un nouveau référendum d’indépendance « s’il y a un changement significatif par rapport aux circonstances de 2014, tel qu’une Ecosse tirée en dehors de l’Union européenne contre sa volonté ». A l’époque, 55,3 % des Ecossais s’étaient opposés à l’indépendance. Parmi les principaux arguments, justement, une sortie du Royaume-Uni qui aurait automatiquement entraîné une sortie de l’UE. « Je pense que beaucoup de gens qui avaient voté non vont regarder de très près la situation », a expliqué une députée SNP sur la BBC.

L’ancien leader du parti, Alex Salmond, qui reste très influent en interne, a été très clair lors d’un débat organisé fin mai sur la BBC, expliquant même que ce référendum pourrait se tenir dans les deux années de négociation prévues pour organiser la sortie du Royaume-Uni de l’UE.

Faible participation

Sur le terrain, la majorité des électeurs a toutefois vu avec distance ce référendum, qui s’est tenu dans une ambiance incomparablement plus calme que celle de la consultation sur l’indépendance de 2014. La participation a été beaucoup plus faible qu’en Angleterre. Dans les rues de Glasgow, personne n’affirmait avoir fait son choix en fonction de l’indépendance écossaise et peu croyaient à une nouvelle consultation en ce sens. « Si on sort de l’Union européenne, avec toute la douleur que ça va causer, vous pensez vraiment qu’on va encore s’ajouter de la douleur en sortant du Royaume-Uni ‘ », estimait avant le scrutin Willie Rennie, leader du Parti libéral démocrate (pro-UE) en Ecosse.

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Rien ne dit par ailleurs que la sortie de l’Union européenne suffise à réellement faire basculer l’opinion écossaise par rapport à 2014. Or « Nicola Sturgeon est vraiment prudente, elle ne fera un second référendum sur l’indépendance que si elle est sûre de le gagner. Et, quand on regarde les sondages, ce n’est pas certain que ce soit le cas », avertit James Mitchell, spécialiste du SNP à l’université d’Edimbourg.

Signe de cette prudence, Mme Sturgeon avait expliqué au Guardian cette semaine que « ça prend du temps pour légaliser un référendum ». « Mais, même si nous ne prenons pas la décision immédiatement, nous devrons faire certaines choses pour garder cette option possible », avait-elle précisé. La question du mandat donné par les électeurs écossais est cruciale, alors que le SNP a actuellement besoin des Verts écossais pour avoir une majorité absolue au Parlement écossais. Selon M. Mitchell, l’hypothèse la plus probable est que ce nouveau scrutin soit organisé uniquement après le prochain vote régional, prévu en 2020, et si le SNP promet alors de manière suffisamment claire de forcer la main de Westminster s’il l’emporte.

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