Coup d’envoi pour l’exposition qui fait rentrer le Racing au Louvre-Lens

Coup d'envoi pour l'exposition qui fait rentrer le Racing au Louvre-Lens

Une clameur s’élève du fond du Pavillon de verre, un discret liseré sang et or borde le nom de l’exposition : d’entrée de jeu, « RC Louvre » annonce la couleur. Celle d’une exposition qui fait se rencontrer deux voisins : le Louvre et Bollaert.

Mais ces « Mémoires sang et or » ne sont «
pas une exposition pédagogique sur l’histoire du club
», cadre Luc Piralla, commissaire de l’exposition. Au gré des trois salles, de l’évocation de matchs mythiques en objets artisanaux, on voyage entre la mémoire collective et le rapport intime de chaque supporter à son club. Au côté des objets « attendus » (écharpes, maillots et incontournables vignettes Panini), des pièces d’exception (comme les carnets de Daniel Leclercq, le coach de 1998, l’année du titre), ou encore un modeste tabouret orange.

« La culture populaire rentre au musée »

Nicolas a accepté de prêter ces «
trois bouts de bois
» lors de la collecte d’objets lancée par le Louvre-Lens auprès des particuliers. Devenu «
objet-phare
» de l’exposition, ce tabouret raconte le stade Bollaert avant l’avènement du stade à l’anglaise et la rénovation pour l’Euro de foot de 84. C’est le papy de Nicolas qui l’a fabriqué, lui offrant son «
premier souvenir de bricolage
». Et un marchepied pour permettre au gamin de voir les matchs, du haut de ses 7 ans, dans une tribune sans sièges. «
Il était de ces mineurs qui avec deux planches vous font un bureau.
» Un pan de l’histoire familiale autant que de celle du territoire.

Autour de la grosse soixantaine d’objets que regroupe « RC Louvre », des écrans diffusent les témoignages de certains de leurs propriétaires. En tout, plus de vingt heures d’enregistrement seront archivées au musée du Sport de Nice, partenaire de cette exposition. «
Cela a de quoi surprendre, explique Williams Nuytens, sociologue et professeur des universités. Le sens d’un objet est d’abord celui qu’on y met.
» Et déjà tout un symbole. «
C’est un événement majeur que la culture populaire rentre au musée. Les lignes bougent.
»

L’émotion des prêteurs-supporters

Vendredi, grandes figures du club et anonymes tous prêteurs d’un objet pour « RC Louvre » se sont retrouvés pour une visite en avant-première. «
Je n’ai pas l’habitude de faire pleurer pendant mes visites
», s’excuse Luc Piralla, commissaire de l’exposition. Quelques larmes et un immense sourire. Pour Elsa Delroisse, l’émotion de voir son recueil de unes de L’Équipe et « son » Racing au Louvre-Lens est très forte.

Et elle n’est pas la seule. «
Vous vous rendez compte
» Dans le regard malicieux d’Alfred Flambry, il y a de la fierté à voir sous verre sa licence de joueur junior de la saison 1958-1959. Juste à côté d’une lettre (manuscrite !) de René Houdart, président du club, répondant à un supporter mécontent des performances de l’équipe. Il y a aussi l’émotion de croiser, dans le Pavillon de verre, l’ancienne gloire du Racing Georges Lech. Pour tous ces supporters, se voir ainsi au musée, «
ça fait drôle et en même temps
c’est un honneur
».

Accompagné de son père, Nicolas ouvre des yeux ronds comme des ballons du gosse qui redécouvre un trésor : le tabouret fétiche qui lui permettait de se hisser à bonne hauteur en tribunes, souvenir de son «
premier bricolage
» avec son grand-père, est un objet phare de l’exposition. Bientôt, il fera la surprise et emmènera toute la famille voir l »uvre du papy, aujourd’hui disparu, au Louvre-Lens. Une première pour certains.

Pas pour ce trentenaire pour qui le duo visite du musée – match à Bollaert est un rendez-vous obligé pour les amis de passage. «
L’idée est géniale. Ça va inciter pas mal de supporters à faire le déplacement. Ça démocratise la culture et pour ceux qui n’osaient peut-être pas, ça montre que tout le monde a sa place au musée.
» Avec ou sans tabouret. PAU. D.

Pratique

Tous les dimanches à 16 h 30, le Pavillon de verre accueille « Plein cadre ! », une série de visites originales. Accompagnée d’un médiateur, c’est une figure de la vie du club qui mène la présentation et apporte son témoignage sur l’histoire du Racing. L’ancien entraîneur Daniel Leclercq, Arnaud Desmaretz, ancien patron du Bollaert, estaminet repaire de supporters, ou encore un journaliste de La Voix du Nord spécialiste du Racing… : le nom de ce guide surprise sera dévoilé la semaine précédant la visite. Ces visites viennent s’ajouter aux repérages, présentations d’une quinzaine de minutes afin de planter le décor de l’exposition.

« RC Louvre » au Pavillon de verre du Louvre-Lens jusqu’au 7 novembre. Gratuit.

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