Carburants, risque de panne sèche dans le Nord-Pas-de-Calais

Carburants, risque de panne sèche dans le Nord-Pas-de-Calais

1. Que s’est-il passé vendredi

Conséquence du mouvement social contre la loi travail, trois des cinq dépôts pétroliers de la région sont bloqués depuis jeudi matin, à l’initiative de plusieurs syndicats : le dépôt du terminal Rubis à Dunkerque, le DPC (Dépôt pétrolier côtier) de Saint-Pol-sur-Mer et le dépôt géré par Total à Haulchin, près de Valenciennes. Un quatrième, le plus gros du secteur avec une capacité de 1 250 000 m3, lui aussi géré par Total à Dunkerque, a stoppé toute activité depuis le vote d’un mouvement de grève mercredi. Les blocages étaient toujours en cours vendredi soir, sauf au terminal Rubis.

PHOTO THOMAS LO PRESTI

Des signaux qui ont poussé les automobilistes, en particulier dans le Pas-de-Calais, à se ruer vers les stations-service pour faire le plein.

PHOTO PASCAL BONNIERE

Résultat : de longues files d’attente devant certaines pompes, des stations à sec
aussi bien à Montreuil qu’à Lambersart et des arrêtés des préfets du Nord et du Pas-de-Calais pour interdire l’utilisation de jerricans ou de bidons
(lire ci-dessous).

2. Comment se déroule l’approvisionnement en temps normal

Le Nord – Pas-de-Calais compte environ 450 stations-service, dont la capacité de stockage est en moyenne de 100 000 litres de carburants. «
Ces stations sont alimentées selon leurs besoins, tous les deux à trois jours par des camions-citernes, qui se ravitaillent eux-mêmes dans les dépôts pétroliers
», explique Alain Dufetel, président du syndicat des négociants en combustible du Nord -Pas-de-Calais.

3. Pourquoi certaines stations se sont retrouvées à sec en seulement deux jours

Au-delà de l’effet de masse qui a poussé les automobilistes inquiets à faire des stocks de carburant, la rapidité avec laquelle certaines stations se sont retrouvées à sec s’explique par deux facteurs : le réapprovisionnement presque quotidien des stations-service d’une part, et la Pentecôte. «
On sort d’un week-end de trois jours, les gens ont beaucoup consommé
», avance Catherine Henck, directrice de la communication de l’Union française des industries pétrolières.

4. Faut-il craindre une pénurie

«
La profession s’organise au mieux pour pallier les effets du blocage
», assure Catherine Henck sans préciser le dispositif. Chez Total, on nous assure que la situation du Nord – Pas-de-Calais est «
fluide
» et que les régions les plus préoccupantes sont plutôt le Pays de la Loire, la Normandie et la Bretagne. Le ministre des Transports, Alain Vidalies, le rappelait vendredi matin : la France peut compter, en cas d’interruption des approvisionnements, sur des réserves stratégiques, correspondant à 27 % des ventes de l’année précédente. Et ce stock, réparti sur plusieurs sites dans toute la France, «
n’a pas encore été utilisé
» assurait-il. Il a de plus autorisé par arrêtés la circulation des camions de carburant durant le week-end pour permettre le réapprovisionnement des stations.

Vendredi soir, Fabienne Buccio, préfète du Pas-de-Calais, a également décidé de réquisitionner temporairement un nombre limité de stations-service afin de ravitailler les services prioritaires.

Bouchons devant les pompes’ et jerricans interdits

La scène était un peu surréaliste vendredi : des files d’attente de plusieurs centaines de mètres ont fait leur apparition aux quatre coins de la région (principalement dans le Pas-de-Calais dans un premier temps), à proximité des stations-service. Conséquence directe du blocage des dépôts pétroliers, ces dernières ont rapidement été prises d’assaut par les automobilistes, parfois dès le matin. À tel point que, par mesure de sécurité, la préfecture du Pas-de-Calais a pris dans l’après-midi un arrêté portant sur «
l’interdiction de vendre, d’acheter, de distribuer ou encore de transporter du carburant sous forme conditionnée (jerricans, bidons, etc.)
». Le Nord a fait de même en début de soirée.

PHOTO PASCAL BONNIERE

Dans les stations aussi, il a fallu s’adapter. Si certaines, comme Esso à Étaples, ont tenté tant bien que mal de limiter les frais en restreignant la distribution, d’autres comme la Total Access de Seclin n’ont eu d’autre choix que de baisser le rideau. Tous espèrent désormais être rapidement réapprovisionnés. «
Au rythme où les voitures affluent, on ne devrait pas tenir longtemps
», déplorait encore vendredi après-midi un employé de l’Esso de Grenay.

En début de soirée, la métropole lilloise semblait globalement épargnée par le phénomène, à part quelques exceptions comme Lambersart, Seclin ou Wattignies. Pas de quoi rassurer les automobilistes toutefois, qui s’interrogent sur la suite du mouvement et craignent une pénurie totale. «
Si la situation se poursuit, comment sommes-nous censés aller travailler À vélo
» D’autres ont trouvé une solution intermédiaire : se ravitailler en Belgique’ si leur réservoir le leur permet.Alice Bonvoisin

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