Cahuzac dit avoir ouvert un compte en Suisse pour financer des activités politiques de Rocard

Cahuzac dit avoir ouvert un compte en Suisse pour financer des activités politiques de Rocard

Au premier jour de son procès pour fraude fiscale, qui s’est ouvert lundi 5 septembre devant la 32e chambre du tribunal correctionnel de Paris, l’ex-ministre du budget Jérôme Cahuzac a affirmé que le premier compte qu’il avait fait ouvrir en Suisse par un intermédiaire en 1992 était destiné « au financement d’activités politiques » au profit de l’ancien premier ministre Michel Rocard mort le 2 juillet, à 85 ans , après sa démission de Matignon.

Suivez le premier jour du procès avec notre journaliste sur place :

« J’ai demandé à Philippe Péninque d’ouvrir un compte en Suisse en 1992 (…). Ce compte, c’est du financement d’activités politiques pour un homme dont j’espérais qu’il aurait un destin politique national », a révélé, à la surprise générale, l’ancien élu socialiste. « Je suis certain que Michel Rocard ignorait tout » de ce financement occulte, a-t-il ajouté, refusant de donner le nom de ses interlocuteurs au sein de l’équipe de l’ancien premier ministre.

Michel Rocard fut premier ministre de 1988 à 1991. Durant cette même période, Jérôme Cahuzac était au cabinet de son ministre de la santé, Claude Evin. Après sa démission, en 1991, il l’a suivi, et travaillait pour lui, en plus de ses activités de conseil auprès d’entreprises pharmaceutiques et de chirurgie esthétique.

« Deux versements des laboratoires Pfizer »

Cet argent devait « servir à financer la campagne de 1995, on espérait que Rocard se présenterait » à la présidentielle, a déclaré M. Cahuzac à la barre. A l’époque, le financement des partis politiques avait commencé à être régulé en France. « Il m’est dit que la seule façon d’aider ne peut être que de façon occulte et parallèle. Il m’est dit : pourquoi pas, mais pas en France. J’avais compris. Je vais voir certains responsables de laboratoire » pour solliciter des financements, « certains refusent, certains acceptent », a raconté l’ancien ministre.

Jérôme Cahuzac a précisé que « deux versements des laboratoires Pfizer » avaient été effectués en 1993 sur ce compte ouvert en Suisse par l’avocat Philippe Péninque, proche de l’extrême droite, et qu’il avait rencontré par l’intermédiaire de la famille de son épouse, Patricia. « L’argent ne pouvait pas venir des comptes officiels du laboratoire », a-t-il ajouté.

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Jugé pour fraude fiscale et blanchiment, M. Cahuzac est accusé d’avoir dissimulé des avoirs sur un compte bancaire ouvert dès 1992 en Suisse, puis transféré à Singapour en 2009, via des sociétés écrans établies au Panama et aux Seychelles.

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