Bruxelles connaît sa pire crise de l’après-guerre à cause des attentats

Bruxelles connaît sa pire crise de l'après-guerre à cause des attentats

Le Monde
| 25.04.2016 à 06h44
Mis à jour le
25.04.2016 à 13h13
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Par Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, Correspondant)

Les patrons sont formels, les politiques tentent de colmater ce qui peut l’être : la ville région de Bruxelles connaît sa pire crise de l’après-guerre en raison des attentats du 22 mars. Cette capitale d’un peu plus d’un million d’habitants pourrait voir disparaître rapidement 10 000 emplois, selon la Chambre de commerce et d’industrie de la ville. Quelque 31 000 personnes, vivant à Bruxelles ou dans les zones contiguës, ont déjà été placées temporairement au chômage. Et la baisse du chiffre d’affaires des entreprises oscille entre  20 % et  40 %.

Le secteur des hôtels et des restaurants est le plus touché : un rapide sondage révèle des baisses de fréquentation de 30 % à 50 % dans le centre-ville. Les touristes désertent la Grande Place, les Belges sortent moins, des commerces sont en train de « brûler leur trésorerie », affirme Izeo, un mouvement de défense des travailleurs indépendants.

Les commerçants sont d’autant plus à cran qu’ils s’estiment victimes de mesures qui avaient déjà terni l’image de la ville : la fermeture, en urgence, de tunnels routiers urbains délabrés, le « lockdown » décrété, en novembre 2015, par le gouvernement pour des raisons de sécurité et qui a totalement vidé la ville pendant plusieurs jours en raison de la menace terroriste. Ou encore l’instauration récente d’une grande zone piétonnière au c’ur de la ville, qui a compliqué un peu plus l’accès au centre. Et ce, alors que les attentats ont entraîné la fermeture partielle du métro, qui n’est d’ailleurs pas encore totalement opérationnel.

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Le maire laissé à la porte

Il y a quelques jours, une restauratrice excédée s’est rendue célèbre en interdisant l’accès de son établissement au maire de la ville, le socialiste Yvan Mayeur, qu’elle rend responsable d’une mauvaise gestion ayant entraîné, selon elle, la fonte de son chiffre d’affaires.

Plus grave, sans doute : diverses organisations professionnelles affirment que des investisseurs étrangers se désengagent massivement, craignant l’insécurité. Baudouin Velge, un cadre de la société de communication Interel, raconte que ses clients chinois lui réclament un rapport quotidien sur l’état de la sécurité dans le pays et que, récemment, ils lui ont demandé d’établir des plans pour l’éventuelle évacuation de leurs personnels’

Face à cette situation, le gouvernement régional pare au plus pressé. Il a décidé d’exempter les hôtels de taxes durant six mois, promet des garanties et des crédits aux entreprises qui connaissent des difficultés de trésorerie, et entend lancer une campagne promotionnelle à l’étranger. Les autorités vont, par ailleurs, débloquer 400 000 euros pour la sécurisation des salles de spectacle et appellent à une relance rapide de l’aéroport de Zaventem, gravement touché par les attentats, et qui risque d’être déserté par certaines compagnies. Vingt millions de passagers y transitent chaque année et « si ce moteur est en panne, les conséquences peuvent être énormes », prévient Guy Vanhengel, vice-président du gouvernement régional.

« On va tout mettre en uvre pour un retour à la vie normale », promet de son côté le premier ministre Charles Michel, qui ne peut plus se contenter de dénoncer le « bashing » et les caricatures dont aurait été victime son pays. Trop de lacunes dans le contrôle de certains quartiers ou de failles dans le fonctionnement de la police et de la justice ont été constatées. Dans une interview au quotidien Le Soir, M. Michel a donc lancé un appel à l’unité nationale et annoncé le lancement d’une campagne pour la restauration de l’image positive du pays. Une « task force » agira au plan international pour tenter de convaincre que l’économie du royaume est saine, que la sécurité y est assurée et que la cohésion sociale peut résister aux attentats.

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