Boulogne , 15 médecins sur 55 sur le départ un seul remplacé !

Boulogne , 15 médecins sur 55 sur le départ un seul remplacé !

La médecine générale comme l’exercent encore les praticiens formés il y a vingt, trente ans, n’attire plus la jeune génération. «
Ils préfèrent un poste de salarié ou faire des remplacements. Les charges d’un cabinet médical sont énormes tout comme la partie administrative qui prend de plus en plus de temps. Dans l’idéal, il faut pouvoir embaucher une secrétaire, mais cela a un coût
», précise le Dr Jean-Yves Grosbety, médecin généraliste installé depuis treize ans à Boulogne.

Les jeunes médecins veulent soigner et non pas s’embarrasser de paperasse et courir après des remboursements. Le tiers payant généralisé, voulu par la loi santé, n’arrangera certainement pas les choses sous cet angle-là.

PEU OU PAS DE REMPLAÇANTS

Autre point évoqué par le Dr Pascal Denis, président de l’association SAMBA(*) qui regroupe une centaine de médecins du Boulonnais, la féminisation : «
La féminisation s’est intensifiée dans la profession avec 54 % de femmes. Elles veulent avoir une vie de famille et ne pas avoir des journées à rallonge.
» Et pour cause, la plupart des médecins généralistes du secteur travaillent du lundi au samedi midi, sans compter les gardes de nuit, de 7 h à 21 h, avec des coupures très courtes. «
Aujourd’hui, les jeunes ont envie d’une vie de famille et de temps pour leurs loisirs. Ils sont encore moins attirés par des secteurs comme le canton d’Hucqueliers où l’on compte deux médecins pour la population. Ils savent qu’ils seront de garde un jour sur deux.
»

Parmi les quinze médecins qui sont ou partiront cette année, certains ont choisi de quitter le libéral pour le salariat. La situation va devenir critique car même trouver des remplaçants est difficile. «
Avant, il y avait de la concurrence, maintenant il faut se plier à leurs desiderata
», poursuit-il. Le Dr Grosbety confirme : «
Certains demandent même à être logés et à prendre 100 % du montant des consultations.
» Une patientèle ne se rachète d’ailleurs plus. Elle se donne.

« C’EST LE TEMPS QUI NOUS MANQUE »

Ce qui inquiète aussi ces deux médecins, c’est l’accueil de nouveaux patients. «
J’ai des demandes angoissées de personnes âgées pour que je les prenne en charge lorsque leur médecin est à la retraite, avoue le Dr Denis. Je ne peux malheureusement pas toutes les accepter car cela implique souvent des visites à domicile. Ce qui est chronophage si on veut faire une médecine de qualité. C’est le temps qui nous manque.
»

L’âge moyen des médecins du Boulonnais serait de 57 ans. Dans une petite dizaine d’années, ils seront encore plus nombreux à partir en même temps.

« Nous voulons une qualité de vie »

Nous avons interrogé deux internes, qui effectuent des remplacements chez des généralistes de Boulogne. Thomas, 26 ans, en septième année d’internat et Aurélien, 28 ans, en dernière année. Tous deux vont choisir «
par vocation
» la médecine générale. Thomas ne pense pas s’installer tout de suite après l’obtention de sa thèse : «
Nous ne sommes pas formés à la partie administrative. Je pense que le remplacement sera une bonne expérience au début.
»

Aurélien, Lillois, lui, en revanche a choisi de s’installer dans un an, en métropole lilloise. «
Je suis de Lille, ma famille est à Lille et ma femme va être urgentiste près de Lille. Si j’avais cinq ans de moins et pas d’attache, Boulogne ne m’aurait pas déplu. Il ne faut pas oublier que lorsque nous finissons notre internat, nous avons 30 ans et pour beaucoup déjà une vie de famille. Nous sommes un peu moins mobiles qu’à 20 ans »

Le libéral ne lui fait pas peur. «
Au contraire, je n’ai pas du tout envie d’être salarié. On est d’ailleurs de plus en plus nombreux à vouloir s’installer en se regroupant. Nous voulons une qualité de vie. Quand nos consultations seront pleines, elles seront pleines. On ne veut plus faire 90 heures par semaine comme l’ancienne génération. Ça ne veut pas dire que nous ne ferons rien. On bossera tout de même 60 heures par semaine. On gagnera un peu moins, mais on aura un peu plus de temps.
»

(*) L’association SAMBA a été créée il y a une dizaine d’années pour organiser les gardes entre les différents médecins volontaires du Boulonnais.

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