Berlaimont, divorce autour des derniers cylindres d’Åkers

Berlaimont, divorce autour des derniers cylindres d'Åkers

Les cylindres de laminoir d’Åkers Berlaimont, les derniers fabriqués en France, un trésor de guerre, un moyen de pression en acier trempé du point de vue de la CGT’ Le visage marqué par des semaines de lutte, Jean-Pierre Decuyper, secrétaire CGT du CE, au feu et au front depuis la mise en redressement judiciaire de l’usine, puis sa liquidation, a jeté toutes ses forces dans un ultime combat. Désespéré, commenteront certains’ Ce matin, épaulé par Ludovic Bouvier, président de l’Union des syndicats et travailleurs de la métallurgie (USTM)-CGT Nord-Pas-de-Calais, Michel Coupé, de l’Union locale CGT d’Aulnoye, Serge Vasseur (retraité CGT), Yohann Delbauve, CGT Vallourec, et Aurélien Motte, ancien ouvrier de Sambre et Meuse, il a interpellé une partie du personnel et le directeur.

Dans un face-à-face houleux, tour à tour, les militants ont demandé aux salariés de revenir sur le vote intervenu vendredi au sein de l’usine liquidée. Alors qu’un maintien de l’activité est acté jusqu’au 15 mai, la majorité avait voté la sortie des derniers cylindres de l’usine dans le cadre de conditions négociées avec le liquidateur Gérard Nodée : soit une prime de productivité de 1 000 pour les salariés volontaires appelés à terminer les cylindres et une prime de 10 000 pour tous les salariés. «
Trois
millions d’euros pour 250 personnes ont été bloqués dans le cadre du PSE, c’est quand même pas mal
», considère également David Souilah, le directeur-repreneur.

« Moi, la prime de 10 000 je m’assois dessus s’il le faut ! »

«
Si vous laissez sortir les cylindres, vous vous en mordrez les doigts
», a lancé Ludovic Bouvier. «
Dans trois ans, vous mourrez de faim, vous serez tous au RSA
», a ajouté rageur Aurélien Motte, ancien ouvrier de Sambre et Meuse. Se cramponnant au mince espoir de sauver l’outil de travail, Jean-Pierre Decuyper a exposé son plan : bloquer les cylindres, obtenir un délai d’un mois pour trouver un autre investisseur ou/et faire pression sur l’État pour qu’il débloque les 8 millions manquants. «
On ne veut pas mourir comme ça. Vous ne devez pas laisser sortir les cylindres. Moi, la prime de 10 000 je m’assois dessus s’il le faut !
», a crié Jean-Pierre Decuyper d’une voix éraillée par l’émotion.

Face aux militants pugnaces de la CGT, le directeur et des salariés, anéantis par la décision incompréhensible du tribunal de commerce de Thionville, résignés, ont réagi avec colère : «
la boutique est morte. Arrêtez de donner de faux espoirs aux gens ! Vous croyez vraiment qu’à 80, on va faire pression sur Macron
», a tonné David Souilah. Si les cylindres ne sont pas livrés, le directeur craint la liquidation immédiate avec pose de scellés et la perte de la prime. Dans les rangs des salariés, des voix se sont élevées pour interpeller les cégétistes sur les 10 000 , une somme non négligeable pour tous dans un avenir qui s’annonce plus que sombre. Un vote à mains levées a entériné la décision de sortir les cylindres.

Salariés et militants sont repartis dos à dos, mais pour autant, il

s sont totalement d’accord sur un point : le lâchage total de l’État dans le dossier Åkers. «
Ni Xavier Bertrand, ni le député Bataille, ni Benjamin Saint-Huile, ni Bernard Baudoux, ni les syndicats n’ont fait bouger Macron. L’État a débloqué 480 millions pour Vallourec, mais n’a pas 8 millions pour Åkers, au motif qu’il n’est pas actionnaire !
», dénoncent ensemble le directeur et les militants CGT. «
Le procureur de la République a refusé de faire appel, et le procureur, c’est bien le représentant de l’État hein
». Ils pointent aussi au niveau du Gouvernement : «
une absence de stratégie industrielle et la vente des bijoux de famille
».

La Région Hauts de France, mais aussi la Région Grand Est seront parties prenantes d’une table ronde qui aura lieu à l’Hôtel de Région à Lille, mardi 19 avril, comme nous l’a confirmé l’entourage de Xavier Bertrand. L’idée : mobiliser l’ensemble des partenaires pour trouver une issue favorable pour le salariés d’Akers après la liquidation judiciaire prononcée il y a deux semaines par le tribunal de commerce de Thionville. La Région qui souhaite également que l’État y prenne aussi toute sa place, indique l’entourage du président de Région qui s’est rapproché de la sous-préfecture d’Avesnes. Et si l’Etat fait la sourde oreille «
La table ronde se fera quand-même
», indique-t-on à la Région. Manière de mettre le gouvernement, et Emmanuel Macron en particulier, face à ses responsabilités.

Jean-Luc Mélenchon, samedi à Berlaimont

Le leader du parti de gauche Jean-Luc Mélenchon est attendu samedi après-midi à l’usine Åkers à l’invitation de la CGT. Une venue critiquée par des salariés et le directeur David Souilah qui soulignent «
qu’il vient trop tard, après la bataille. C’est de la récupération politique
». Sur le programme du déplacement, l’homme politique doit visiter l’usine, prendre la parole et tenir un point presse, vers 16 heures. David Souilah a appris la visite de Jean-Luc Mélenchon par les médias locaux, ce qu’il n’a pas apprécié’ Jean-Luc Mélenchon et son aréopage devraient donc trouver portes closes : «
je considère que le site industriel présente des dangers. Une portes ouvertes n’est pas possible », souligne le directeur qui a prévu un dispositif de sécurité. Les militants sont déterminés de leur côté à tenir meeting sur place’ Mais devant l’usine.

Leave A Reply