Baisse du chômage dans le Nord-Pas-de-Calais , ce qu’il faut lire derrière les chiffres

Baisse du chômage dans le Nord-Pas-de-Calais , ce qu'il faut lire derrière les chiffres

Et ces chiffres, sont-ils réellement si bons qu’ils le paraissent

OUI’

Le nombre de chômeurs sans aucune activité (catégorie A) a reculé de 60 000 unités en France, c’est bien sûr une bonne nouvelle. La baisse à fin mars est de 1,7 % sur un mois dans le pays, exactement comme dans notre région où le nombre de demandeurs d’emploi tenus de rechercher un travail et sans activité (catégorie A) s’établit à 380 771 personnes, Picardie comprise. C’est 6 536 de moins par rapport à fin février et cela peut laisser espérer un début de dynamique enfin positive. Sur un mois, la baisse est un peu moins sensible dans le Nord (‘ 1,3 %) que dans le Pas-de-Calais (‘ 1,9 %). Sur trois mois, la baisse est de 1,3 % dans le Nord et de 2,1 % dans le Pas-de-Calais.

MAIS’

Au global et sur un an de recul, la baisse est nulle dans le Nord même si elle est de 2,2 % dans le Pas-de-Calais. Donc, un bémol dans le Nord, comme dans l’ensemble de la nouvelle grande région où la stabilité du chômage sur un an est confirmée en catégorie A (‘ 0,4 %). Toutes catégories confondues (ABC), le chômage ne baisse pas dans la grande région, affichant même une hausse de 1,7 % (+ 2 % dans le Nord, +1,1
% dans le Pas-de-Calais).

À noter que le nombre des personnes en activité réduite courte (B) a progressé en France comme dans la grande région (+ 1,8 % sur un mois, + 3 % sur un an). En activité réduite longue (C), c’est + 4,2 % sur un mois et + 7,9 % sur un an !

DONC’

Le nombre de demandeurs d’emploi baisse effectivement depuis le début de l’année mais pas depuis un an. S’il y a inflexion de la fameuse courbe du chômage, elle reste à confirmer. Le Pas-de-Calais s’en sort mieux que le Nord à très court terme. À fin mars, Pôle emploi recensait 265 601 chômeurs en catégorie A, 174 765 dans le Nord et 90 836 dans le Pas-de-Calais. Toutes catégories confondues (ABC), le chômage touche 396 074 personnes.

Météo économique: ce qui va mieux, ce qui inquiète

Chaque mois, la Banque de France scrute le ciel économique de notre région. Le dernier « bulletin météo » de mars était plutôt encourageant. «
Pour la première fois depuis trois mois, les carnets de commandes dans l’industrie sont supérieurs à la normale
», constate Stéphane Latouche, directeur régional de la Banque de France. La forte reprise de l’intérim dans l’automobile et l’agroalimentaire est là pour le rappeler. «
Nous avons même des signaux modestes de reprise de l’investissement. Mais nous restons sur un rythme d’activité insuffisant pour observer une reprise de l’emploi industriel qui continue de se dégrader.
»

Près de 28 000 emplois industriels ont été perdus en cinq ans dans la région. «
Dans les services, les volumes d’affaires continuent de progresser modestement. On a des signaux encourageants dans le bâtiment, mais la situation est toujours très dégradée dans les travaux publics.
» Moralité : «
Le tableau d’ensemble est encourageant mais la reprise n’est pas assez franche et vigoureuse pour retrouver la confiance et relancer l’emploi.
»

« Pente ascendante »

Ce sont 82 000 intentions d’embauche en 2016 qui sont annoncées par les entreprises en Nord – Pas-de-Calais selon la dernière enquête CRÉDOC-Pôle emploi. Le total le plus élevé depuis sept ans. «
Nous sommes incontestablement sur une pente ascendante
», confirme Isabelle Leroi, statisticienne aux URSSAF.

Au premier trimestre 2016, les intentions d’embauche sont en hausse de 4 % par rapport à la même période de l’année précédente. Avec de réelles demandes dans les activités informatiques, conseil et ingénierie, animation socioculturelle, services à la personne, transport-entreposage, industrie agroalimentaire et fabrication automobile (notre photo).

Quand on sait que 80 % des intentions d’embauche débouchent sur des embauches réelles, il y a des raisons d’être optimiste.
J.-M. PETIT

«Il manque la petite étincelle»

Et les patrons dans tout cela Pour Thierry Cardinael (notre photo), président du Club E6 (réseau de 250 responsables de PME régionales), «
le moral va mieux. Ce n’est pas la grande euphorie, mais cela va mieux dans la tête des chefs d’entreprise. En revanche, pour ce qui est stratégie de long terme, on est dans le brouillard. Les chefs d’entreprise sont confrontés à un véritable changement de modèle économique, une phase de transition, technologique, numérique, culturelle, qui explique l’attentisme. Mais il faut transformer ces indicateurs positifs en prise de décisions, et des décisions stratégiques de long terme
».

Pour Thierry Cardinael, il manque encore «
la petite étincelle
», qui, selon lui, devrait passer par une vraie politique de «
grands projets
», une dynamique de territoire forte, une coopération accrue public-privé. «
On est dans une région au terreau hyper-fertile, avec une vraie capacité de résilience. Il n’y a pas de raison de ne pas s’en sortir.
» Et donc de créer durablement des emplois.
J.-M. P.

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