Au Venezuela des hôpitaux  tout droit sortis du XIXe siècle

Au Venezuela des hôpitaux  tout droit sortis du XIXe siècle

Le Monde
| 16.05.2016 à 11h58
Mis à jour le
16.05.2016 à 14h17
|

Par Le Monde.fr

L’état « d’exception et d’urgence économique » a été prolongé de trois mois, le 13 mai, par le président vénézuélien, Nicolas Maduro. Il devra encore attendre l’approbation du Parlement, contrôlé par l’opposition, et faire face à de nouvelles manifestations, prévues le 18 mai, d’une partie toujours plus importante de la population excédée par l’état catastrophique du pays.

On connaît les témoignages et les situations, parfois désespérés, et les chiffres surréalistes rapportés par la presse mondiale pour décrire la situation au Venezuela :

la capitale, Caracas, devenue la ville la plus violente du monde (hors pays en état de guerre) selon l’étude annuelle du Conseil pour la sécurité publique du Mexique ; ce ne sont plus uniquement les vols et les règlements de comptes qui gonflent les chiffres, mais les lynchages par des citoyens lambda ;la monnaie locale, le bolivar, qui ne vaut presque plus rien. L’inflation était de 180,9 % en 2015 et le FMI pense qu’elle atteindra 720 % en 2016, et 2 200 % en 2017 si rien de change. La situation pourrait basculer dans l’absurde, Bloomberg prédisant que le gouvernement pourrait bientôt ne plus avoir assez d’argent pour payer l’impression de nouveaux billets ;l’électricité, coupée quatre heures par jour dans une grande partie du pays jusqu’à la fin de l’été, et l’heure officielle avancée de trente minutes dans l’espoir de réduire la consommation d’énergie ;sans parler de la pénurie alimentaire et des pillages, des fonctionnaires qui ne travaillent plus que deux jours par semaine, le niveau des importations qui s’est effondré, des manifestations anti et pro-chavistes qui défilent les unes après les autres.

« Il n’y avait pas assez d’eau pour nettoyer le sang de la table d’opération »

Le New York Times met en lumière un autre aspect de la vie quotidienne locale affectée par cette crise multiforme : l’état catastrophique des hôpitaux.

Les médecins et infirmières interrogés dans plusieurs grandes villes du pays font le même constat : il n’y a presque plus de moyens, les gens ne peuvent pas être soignés rapidement et la mortalité augmente.

A l’hôpital Luis Razetti dans la ville de Barcelona, « il n’y a plus de lits disponibles, certains patients s’allongent par terre dans des flaques de leur propre sang ». Le docteur Leandro Perez constate : « Certains arrivent en bonne santé, et ils repartent morts. » A l’hôpital des Andes, dans la ville de Merida, « il n’y avait pas assez d’eau pour nettoyer le sang de la table d’opération. Les docteurs qui se préparaient à opérer se lavaient les mains avec des bouteilles d’eau gazeuse », raconte le chirurgien Christian Pino. « Cela ressemble à quelque chose tout droit sorti du XIXe siècle ».A Caracas, le docteur Osleidy Camejo disait : « La mort d’un bébé est devenue notre quotidien. »

Les mots sont durs, les photos qui accompagnent l’article le sont encore plus.

Nos explications :
 

Etals vidés, coupures d’électricité, pillages : pourquoi le Venezuela traverse une crise majeure

Leave A Reply