Au procès de ses braqueurs Monique Bouquignaud la bijoutière de Cambrai écoute les mensonges et serre les poings

Au procès de ses braqueurs Monique Bouquignaud la bijoutière de Cambrai écoute les mensonges et serre les poings

Ils sont difficiles à suivre, ces quatre types. Et patibulaires, aussi. On sent d’abord que l’ambiance entre eux n’est pas à la solidarité. Il faut dire que le dénommé George Calin peut avoir quelque agacement au sujet de Milko Petrovici, assis à l’autre bout du box. Sa compagne, que l’autre accompagnait pour les visites en prison, a eu une aventure avec lui, à cette époque-là. Et ensuite, c’est lui, George Calin, qui a indiqué aux policiers le moyen de retrouver Petrovici’

Bref, la belle camaraderie du temps de leur camp itinérant d’Hénin-Beaumont a volé en éclats. Et puis, il faut ajouter à cela une tendance à la perte de mémoire. Ou à embrouiller tout ce qui a le malheur d’être un peu trop simple. Il faut donc une jolie patience de la présidente Claire le Bonnois pour les écouter l’un après l’autre raconter tout et son contraire.

Question lancinante

S’il y a une question sur laquelle ils sont à peu près d’accord, c’est qu’ils sont arrivés devant la bijouterie Bouquignaud
par hasard. Juré, craché, ils ne savaient rien du braquage de février 2011, qui a coûté la vie à Hervé Bouquignaud. Ce n’est pas neutre. Claire le Bonnois dit que c’est «
une question lancinante
», Monique Bouquignaud en parle avec des trémolos dans la voix. Pour le reste, ça part un peu dans tous les sens. Et on s’indigne d’être interrompu, on s’énerve d’être contredit’ La présidente tranche parfois : «
M. Calin, c’est vous que je veux entendre !
»

Calin le mal nommé est aussi le plus mal engagé, ici. Lors du braquage, il portait un pistolet Taser et c’est lui qui a maltraité la bijoutière. Les images de la vidéosurveillance sont formelles. Les photos de la victime au lendemain de l’agression aussi. Elle a le bras cassé et son visage est tuméfié. Et le voilà, micro à la main, dans une sorte de plainte incessante, marteler qu’il n’a rien à cacher : «
Il n’y a pas eu de violence’
»

« Une forme d’anesthésie »

Là, la présidente se raidit un instant : «
Pardon
» Alors, il se tourne vers les frères Petrovici, laisse entendre qu’ils lui font peur, qu’ils le menacent, et revient à son affaire : «
Je ne voulais pas frapper madame. Je voulais la neutraliser, la faire asseoir sur une petite chaise. Et elle est tombée sur la vitrine aux bijoux’
»

Il dit encore qu’il n’avait pas toute sa conscience : «
Il y avait une forme d’anesthésie, d’adrénaline.
» Et Claire le Bonnois rappelle que le médecin décrit ainsi les effets de la cocaïne qu’ils disent avoir prise avant le braquage. «
Oui, c’est pour ça que je ne me souviens plus’
» Alors, Me de Montbrial, l’avocat de Mme Bouquignaud, pose une simple question : «
Alors, comment êtes-vous sûr de ne pas avoir voulu frapper ‘
»

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