Adelma Tapia Ruiz 36 ans #EnMémoireBruxelles

Adelma Tapia Ruiz 36 ans #EnMémoireBruxelles

La vidéo, diffusée sur YouTube, témoigne de la vitalité qui animait Adelma Tapia Ruiz. Cheveux au vent, sourire radieux, les oreilles ornées de boucles d’argent, la jeune femme y dégage une lumière particulière, virevoltant au son d’une complainte andine, où le chant ressemble à des cris d’oiseau.

Adelma, qui avait grandi à Pucallpa, en Amazonie, avait laissé derrière elle le Pérou en 2007. « C’était depuis l’enfance une fille très gaie, très expressive, raconte son frère aîné, Fernando Tapia Coral, directeur du journal La Verdad, publié à Iquitos. En même temps, elle savait ce qu’elle voulait, elle était volontaire et décidée. A Lima, elle avait fait des études d’administration et avait ouvert un restaurant avec sa s’ur. Leur établissement s’appelait El Trigal, dans le quartier de Surco. »

C’est au cours d’un voyage à Puno, sur les rives du lac Titicaca, qu’elle rencontra son futur époux, Christophe, un Belge venu en vacances. Le mariage suivit peu après. Le couple vivait à Clabecq, à vingt kilomètres au sud de Bruxelles.

Adelma adorait cuisiner. En 2014 et en 2015, elle avait participé à un festival de gastronomie péruvienne à Bruxelles, où elle avait proposé ses spécialités : empanadas, aji (mijoté de poulet pimenté) et ocopa (pommes de terre nappées d’une sauce épaisse).

Volontaire, elle suivait des cours de français et de néerlandais. En septembre dernier, elle s’était inscrite à une formation en pédicure médicale à l’institut de promotion sociale de Braine-l’Alleud. Sa professeure Letitia Kerner se souvient d’une « très bonne élève, qui posait plein de questions » et d’une « boute-en-train ». « La veille des attentats, elle nous avait fait rire aux éclats. Depuis cinq ans que j’enseigne, c’est la première fois que j’assistais à un tel fou rire en classe. »

« On la charriait souvent avec son accès latino, vraiment difficile à comprendre, raconte une élève. Elle en plaisantait avec nous, elle ne le prenait pas mal. » Adelma parlait sans cesse de ses filles jumelles, Alondra et Maureen, qui la rendaient si fière. Le 25 novembre 2013, pour leur deuxième anniversaire, elle avait posté ce message sur Facebook : « Les voir grandir est le cadeau le plus merveilleux que la vie m’a offert. Elles sont mon soleil, le vent qui souffle chaque jour, mes étoiles et ma lune qui illuminent mes nuits. »

Le 22 mars, lorsque les bombes ont explosé à l’aéroport de Bruxelles, la famille devait s’envoler pour New York, où l’une des s’urs d’Adelma s’apprêtait à se marier.

Paulo Paranagua (Le Monde) et François Brabant (La Libre Belgique)

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