A San Francisco Airbnb menacé de lourdes amendes

A San Francisco Airbnb menacé de lourdes amendes

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1.000 dollars (885 euros) par jour et par logement. C’est le montant de l’amende que menace d’infliger la ville de San Francisco à Airbnb, la populaire plate-forme de location de court durée entre particuliers. Mardi 7 juin, le Conseil municipal a adopté à l’unanimité une motion contraignant la société californienne ainsi que ses rivaux comme HomeAway et VRBO à s’assurer que ses hôtes sont bien enregistrés auprès des autorités, comme l’exige la législation en vigueur depuis l’an passé.

« LOI AIRBNB »

Un an après, moins de 1.400 personnes ont obtenu l’autorisation de louer leur logement sur Airbnb à San Francisco. Cela ne représente qu’une minorité: près de 10.000 maisons et appartements sont présents sur le site. Dès le mois prochain, celui-ci devra retirer toutes les annonces qui ne sont pas en conformité avec la loi. « Les agences de location de voitures doivent s’assurer que le conducteur a son permis. Nous demandons exactement la même chose », justifie le conseiller David Campos.

« Environ 1.200 habitants de San Francisco ont évité une expulsion de leur logement en le louant sur Airbnb, a réagi l’entreprise dans un communiqué. Cette proposition contestable sur le plan juridique met en péril leur situation sans offrir la moindre solution concrète pour réparer (‘) un système d’enregistrement qui ne fonctionne pas ». Airbnb explique par ailleurs « considérer toutes les options », qui pourraient prendre la forme d’une action en justice ou d’une proposition d’initiative populaire, soumise au vote des électeurs.

Adoptée fin 2014, la « loi Airbnb » comprend trois volets principaux. En plus de l’obligation d’enregistrement, elle a instauré une taxe de séjour de 14%, prélevée directement lors de la réservation sur la plate-forme, et une série de limitations. Ainsi, les hôtes ne peuvent louer que leur résidence principale pour une durée maximale de 90 jours an sans être présents. Et chaque location ne peut pas excéder 30 jours. En revanche, aucune obligation et sanction ne sont prévues à l’encontre d’Airbnb.

ENJEU POLITIQUE

Depuis, la société a échappé à deux reprises à un durcissement de la réglementation, d’abord rejetée à une courte majorité par le Conseil municipal puis par référendum. La dernière proposition de loi aurait limité les locations à 75 jours par an, que l’hôte soit présent ou pas. Airbnb aurait dû fournir des rapports trimestriels sur chaque loueur. Et des pénalités financières lui auraient été infligées en cas d’infraction. Pour obtenir gain de cause, la société a mené une intense campagne, dépassant 8 millions de dollars en lobbying et publicités.

A San Francisco, Airbnb est devenu un véritable enjeu politique dans une ville prise en étau entre la réussite de ses start-up et les conséquences sociales qui en découlent. Ses détracteurs l’accuse de participer à la hausse vertigineuse des loyers, en poussant des propriétaires à retirer leurs logements du marché de la location. Selon une étude menée par une agence municipale, cela concernerait près de 2.000 appartements et maisons. Près d’un quart du chiffre d’affaires d’Airbnb à San Francisco serait ainsi généré par ces logements.

De l’autre côté, la ville est attachée à défendre son image de capitale auto-proclamée de l’innovation. « Beaucoup d’habitants peuvent rester parce qu’ils louent occasionnellement leur logement ou une chambre. Et cela amène de nouveaux touristes pour nos commerces de proximité », expliquait l’an passé Edward Lee, le maire confortablement réélu fin 2015. M. Lee s’est régulièrement opposé à un durcissement de réglementation. Cette fois-ci, il a cependant été pris de court par le Conseil municipal.

Photo: Airbnb

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