A Nice Estrosi renonce au  stationnement intelligent  qu’il s’entêtait à vanter

A Nice Estrosi renonce au  stationnement intelligent  qu'il s'entêtait à vanter

« Un système innovant, facteur d’améliorations, et rentable, plutôt qu’un vieux système obsolète ». Les mots ne sont jamais assez beaux pour qualifier une invention certes un peu coûteuse, mais tellement innovante ! La phrase ci-dessus a été prononcée par Christian Estrosi, maire (LR) de Nice, le 11 mars 2013, lors de l’inauguration du « stationnement intelligent », un système vertueux qui faisait la fierté des élus de la Côte d’Azur.

Le retour des vieux horodateurs. Las, le « stationnement intelligent » (ici sur le site de la ville), qui a coûté 10 millions d’euros, était une idée stupide. Les horodateurs ad hoc installés d’abord dans un secteur puis sur l’ensemble du territoire de la ville, ne fonctionnent plus depuis le 1er mai, rapporte le quotidien Nice Matin. La Semiacs, société d’économie mixte chargée du stationnement à Nice, a voté sa suspension le 18 avril. Les vieux horodateurs ont repris du service, en catimini.

Effet wow. Le système consistait à insérer des « micro-capteurs communicants » (wow) dans les bordures de trottoir afin de « connaître en temps réel l’état du stationnement, du trafic et de la qualité environnementale ». La Ville avait déployé 300 horodateurs argentés « de nouvelle génération » (re-wow), promus « kiosques multi-services » ainsi qu’« un ensemble d’e-services » (encore wow), en pratique une simple application sur mobile, permettant aux automobilistes de connaître, toujours « en temps réel », les places disponibles. Le paiement, bien entendu, pouvait se faire par mobile. Et à distance. Drôle d’idée, au passage : lorsqu’on vient de garer sa voiture, on se trouve précisément à proximité de l’horodateur.

Smart city. Ce « stationnement intelligent », fer de lance de la « smart city » qui enchante les discours, était cité avec enthousiasme dans les colloques consacrés aux « nouveaux services à la mobilité », avait été récompensé à plusieurs reprises par des trophées et faisait des émules, par exemple à Lyon auprès de ce candidat UMP aux municipales. La Ville ne manquait jamais une occasion de vanter cette merveilleuse technologie, tellement pratique pour l’utilisateur et, cerise sur le gâteau, bienfaitrice de l’environnement.

Comme le rapportait Le Moniteur en mars 2013, ces bornes interactives constituaient l’« action phare » du schéma de stationnement de la ville de Nice. « Le système devrait contribuer à réduire les difficultés de congestion que connaît le centre-ville, où il est estimé qu’entre 20 et 25% de conducteurs sont à la recherche d’une place, alors que 8% des places restent inoccupées », pouvait-on lire.

L’usage, toujours l’usage. Mais la « technologie du futur » ne fait pas toujours bon ménage avec l’usage que l’on en fait tous les jours. La Semiacs et la Ville restent très discrètes sur les raisons officielles de cet abandon. Des problèmes techniques étaient apparus. La Chambre régionale des comptes avait en outre dénoncé, pour ce marché, les règles de la commande publique. Les concepteurs du « stationnement intelligent » avaient enfin oublié un détail : quand on est au volant et qu’on cherche une place, on n’a pas nécessairement le loisir de consulter son smartphone.

Double file. Enfin, et surtout, il est un sacro-saint principe auquel on ne déroge jamais quand on conduit une voiture : on veut se garer le plus près possible de sa destination. En double-file s’il le faut, sauf si la verbalisation menace. Or, à Nice, cette pratique est tolérée, voire encouragée par la Ville et la police municipale depuis des lustres. Nul besoin dans ce cas de recourir à un « kiosque multi-services ». Le stationnement, c’est toujours un peu bête.

Sur ce sujet, à Nice, précisément : Stationner en double-file sans risquer le PV (octobre 2012)

Olivier Razemon,  sur Twitter, Facebook et aussi Instagram.

La « technologie du futur » et ses ratés :

Se garer grâce au smartphone, la fausse bonne idée’ (septembre 2012)

Le wifi dans le TGV, une promesse depuis 2003, jamais tenue (janvier 2015)

10 choses pas très consensuelles à savoir sur la « voiture écologique » (janvier 2014)

Mon smartphone et mon vélo ne sont pas amis sur Facebook (août 2012)

Et à propos de stationnement :

Les as du stationnement illégal (juillet 2012)

Stationnement sur une piste cyclable : l’amende à 135′ (juillet 2015)

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