À Laventie l’eau est arrivée après l’orage et peine à s’en aller

À Laventie l'eau est arrivée après l'orage et peine à s'en aller

Ce jeudi, deux jours après l’orage, difficile encore de rejoindre le centre-ville de Laventie. Seule la route de La Gorgue est praticable, les autres restent inondées. Mais pourquoi l’eau ne se retire pas Le maire Jean-Philippe Boonaert sort sa carte : «
il suffit de regarder les points de niveau. Lorgies, Neuve-Chapelle, c’est à 20 m, nous 18-16 m, la Lys, 15 m’ L’eau doit rejoindre la Lys mais les champs sont des éponges, ils sont pleins d’eau depuis la semaine dernière, du coup ça déborde et ça stagne
».

Mardi midi, prévenue par la sous-préfecture de l’alerte orange, la municipalité a mis des panneaux «
pour faire évacuer les voitures à l’avance
». Puis l’orage est passé, vers 16 h. «
Après l’orage, Laventie était sec
»’ Mais ça n’a pas duré. Mardi soir, l’eau montait inexorablement, envahissant les routes, les caves, les garages, les maisons. «
À 20 h, tout le monde était sur la route principale de Laventie. Ça donnait l’impression d’une guerre civile
», expliquait le maire qui, depuis, ne quitte pas son scooter pour sillonner les rues et aller à la rencontre des habitants. La salle des fêtes a été ouverte pour accueillir les sinistrés, leur permettre de se reposer, d’appeler leurs assurances. «
Plusieurs personnes, traumatisées, ont aussi été relogées
».

Pomper Inutile

Mercredi, toute l’eau des communes voisines a convergé vers Laventie, faisant encore monter le niveau. «
Le dénivelé est très faible alors c’est long
». Et pomper «
Ça ne servirait à rien car on n’a pas d’endroit où évacuer l’eau
». Reste la patience. La CCFL (communauté de communes Flandres-Lys) a prêté des canoës de la base de loisirs d’Haverskerque pour évacuer certains habitants, a fourni du sable aussi. À 14 h, une réunion de la sphère politique s’est tenue en urgence pour trouver des solutions, notamment en curant les fossés (lire ci-contre). Dans le calme, les agriculteurs, désemparés, «
qui ont perdu tout leur chiffre d’affaires dans cette histoire
», se sont invités.

Ce jeudi, l’eau était encore partout. Mais le niveau commençait à baisser. En mairie, les appels et réclamations étaient encore très nombreux : «
on n’est plus épuisés maintenant, on est rodés
», nous confiait un agent. Le SIADEBP est passé pour assurer aux habitants que l’eau du robinet reste potable.

Ce vendredi, des bennes seront mises à disposition par la CCFL pour se débarrasser de tout ce que l’eau a détruit. Lundi, les quatre écoles et deux collèges devraient rouvrir. Pas avant. En attendant, une seule crainte persiste : que la pluie fasse son retour.

Fossés et pollution au fioul

La problématique des fossés : « les citoyens avant les batraciens »

L’envasement des fossés de la commune était sans doute le sujet principal de la réunion de crise qui s’est tenue mercredi. Car oui, les fossés sont envasés et ne jouent plus leur rôle. Et ce pour deux raisons. La première vise

à la protection d’espèces protégées de grenouilles. La seconde est financière : l’envasement prolongé crée une pollution, aussi il est désormais interdit de laisser la vase au bord du fossé et son traitement est très coûteux. Par conséquent, «
ce dossier d’envasement des fossés est bloqué par l’ONEMA (l’Office national de l’eau et des milieux aquatiques). Une conseillère régionale, Élisabeth Boulet, présente à la réunion, s’est engagée à travailler sur ce dossier afin de curer au plus vite les fossés. Mais on ne peut pas prendre la décision comme ça, sous peine de poursuites pénales
», expliquent le maire et son premier adjoint. Bruno Ficheux, président du CCFL, enfonce le clou : «
Les citoyens avant les batraciens. Là, il faut faire quelque chose.
» Les fossés curés auraient-ils pu empêcher les inondations «
extrêmement spectaculaires
» de mardi Pas sûr. Mais, selon les élus, ils accéléreraient l’évacuation des eaux.

Pollution au fioul, rue De Gaulle

Dans une cave, sous la pression de l’eau, une cuve à fioul s’est soulevée et s’est vidée. Noréade a missionné Détré Assainissement pour s’occuper de la dépollution. Le camion-citerne a récupéré l’eau polluée sur la route, en faisant des allers-retours pour la traiter. Puis a nettoyé la chaussée. L’odeur est forte et persistante, la pollution est réelle, mais aucun risque de combustion n’est à craindre.

Une centaine de voitures évacuées

Le garage Barbieux de Laventie est à pied d »uvre depuis mardi. «
La mairie nous a demandé d’évacuer les voitures bloquées par les routes inondées
». Ils en ont « sauvé », une centaine et permis à leurs propriétaires d’aller travailler. Quarante autres, en revanche, n’ont pas redémarré.

Des bons friterie’ pour manger

Pour tous ceux qui n’ont plus d’électricité et ont dû jeter le contenu de leur frigo et congélo, la mairie distribue des bons friterie. «
On en a servi une vingtaine mardi
», confiait hier midi, le gérant. Un commerçant du marché a aussi offert 25 portions de couscous aux sinistrés.

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