A la SNCF pourquoi la CGT s’entête-t-elle ‘

A la SNCF pourquoi la CGT s'entête-t-elle '

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L’objectif de Guillaume Pepy, le président de la SNCF, qui voulait « faire en sorte que chaque heure payée soit une heure productive » est renvoyé aux calendes grecques. Résultat : le train en France va continuer à perdre de sa compétitivité face aux autres modes de transport.

A première vue, la CGT et SUD-Rail, les syndicats à l’origine d’une grève qui entre dans son neuvième jour d’affilée avec un coût pour l’entreprise de 300 millions d’euros, sont gagnants. Cela avait été le cas lors du mouvement social de 1995 contre le plan d’Alain Juppé sur la Sécurité sociale. A l’issue de trois semaines de grève, les cheminots avaient été les seuls vainqueurs. Ils avaient obligé le premier ministre à ­renoncer à aligner leur régime de retraite sur celui des salariés du secteur privé. Il en avait été différemment en 2014 lorsque les mêmes syndicats avaient perdu leur ­combat contre la loi ferroviaire. Après quatorze jours de grève, ils avaient capitulé sans rien obtenir.

La CGT n’a pas réussi à bloquer l’activité économique du pays, mais elle la perturbe par des actions coups de poing qui n’ont pas grand sens

La CGT a aujourd’hui toutes les raisons de déposer les armes. En perte de vitesse électorale à la SNCF, elle se garde de suivre le jusqu’au-boutisme de SUD-Rail et reconnaît que « des améliorations arrachées par la mobilisation sont à observer » malgré la persistance de « points négatifs ». Elle réserve son avis sur le texte, mais elle ne siffle pas la fin de la grève. En réalité, la direction de la CGT veut entretenir la flamme de la contestation au moins jusqu’au 14 juin, jour d’une manifestation nationale à Paris contre une loi travail qui ne concerne pas directement la SNCF’

Qu’importe si la grève des cheminots s’étiole, avec 8,5 % de grévistes (mais une bonne moitié de conducteurs) le 7 juin contre 17 % le 1er juin. Elle n’a pas réussi à bloquer l’activité économique du pays, ce qui est un aveu de faiblesse, mais elle la perturbe par des actions coups de poing dans le ramassage des ordures, au marché de Rungis ou sur des voies de chemin de fer qui n’ont pas grand sens. Il s’agit de montrer, contre toute évidence, que la mobilisation contre la loi travail, qui ne bénéficie plus d’un soutien majoritaire de l’opinion, s’amplifie.

Si elle ne saisit pas la porte de sortie que lui offre, trop généreusement, le gouvernement, la CGT risque de le payer cher. François Hollande a paraphrasé Maurice Thorez en affirmant qu’« il faut savoir terminer une grève ». Sa citation était incomplète. Au lendemain des accords de Matignon, il y a quatre-vingts ans, au début du Front populaire, le dirigeant communiste avait souligné qu’« il faut même savoir consentir un compromis si toutes les revendications n’ont pas encore été acceptées mais si l’on a obtenu la victoire sur les plus essentielles et les plus importantes des revendications ». La CGT est dans cette situation. Elle a obtenu que rien ne bouge. Ou presque. Un entêtement serait incompréhensible.

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