À la CGT la stratégie de l’exaspération

À la CGT la stratégie de l'exaspération

La CGT tient une allumette au-dessus d’une raffinerie. Sa lutte contre le projet de loi connaît un lent crescendo depuis février. Blocage des raffineries, grève illimitée annoncée à la SNCF et à la RATP, débrayage, à l’appel de toutes les organisations, dans les airs, début juin : la carte de l’exaspération est désormais abattue. Mais elle peut vite se retourner contre celui qui l’a jouée.

François Hollande, l’équilibriste

Certes, le projet de loi El Khomri est largement décrié dans l’opinion. Les conséquences à la pompe peuvent renforcer l’envie des Français d’en finir au plus vite avec ce texte, dont beaucoup ne voient ni l’utilité économique ni les bienfaits sociaux. L’exécutif se fraye un chemin politique très étroit. D’un côté, la droite dénonce la pénurie et la chienlit. De l’autre, la gauche tire à boulets rouges. Elle a essayé de renverser le gouvernement lors du 49-3 et réessaiera en juillet. François Hollande joue l’équilibriste sur un socle de plus en plus étroit. Dans notre dernier sondage Odoxa, sa popularité tombe à son plus bas niveau, 16 %. L’exaspération peut s’amplifier à l’égard de cette gauche de gouvernement.

La menace du ras-le-bol

Mais elle peut aussi se tourner vers la CGT. Ses méthodes, depuis l’affiche sur les violences policières jusqu’à l’assèchement des pompes, heurtent. L’opposition des Français au texte ne traduit pas forcément une adhésion à la position de la centrale. Les revendications des cheminots sont d’ailleurs éloignées du projet de loi travail et les routiers ont obtenu un régime dérogatoire pour les heures supplémentaires. La méthode ne fonctionne pas toujours : en 2010, les blocages n’avaient pas empêché une adoption de la réforme des retraites.

Souvent concurrencée dans les scrutins, la CGT voit là une occasion de décrocher une grande victoire contre le gouvernement. Elle risque aussi de provoquer un ras-le-bol des Français à son encontre.

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