À 13 ans il vole de l’argent à ses parents pour miser dans des paris sportifs

À 13 ans il vole de l'argent à ses parents pour miser dans des paris sportifs

«
Un jour, j’ai découvert que de l’argent avait disparu. J’étais allée faire des courses le matin. Il restait de la monnaie dans mon portefeuille. En fin de journée, je suis allée à la boulangerie. Il n’y avait plus de monnaie. Ce jour-là, il n’y avait que mon fils et moi à la maison’
» explique une mère de famille roubaisienne habitant au Nouveau-Roubaix. Les parents s’interrogent fortement et soupçonnent l’adolescent. D’autant «
qu’il avait de nouveaux vêtements. Il nous a dit que c’était un copain qui lui avait offert. On a eu des doutes.
»

Pour en avoir le c’ur net, le père a laissé dix euros en évidence sur un meuble du salon. Le jour même, le billet disparaissait. La mère fouille alors la chambre de l’ado et découvre plusieurs tickets de jeu de pari sportif. Questionné par ses parents, l’adolescent reconnaît aller jouer régulièrement avec ses copains à des paris sportifs dans un café du boulevard de Fourmies. L’adolescent aurait alors expliqué à sa mère : «
La patronne du café nous a dit
je n’ai pas le droit de vous laisser jouer donc soyez discrets

»

« Il devenait accro »

Car les jeux d’argent sont strictement interdits aux mineurs : «
Ça les incite à voler et ils deviennent accros
, s’insurge la mère de famille. Nous avons constaté un changement de comportement. Peu à peu, notre fils est devenu agressif. Et les quelques tickets de jeu retrouvés attestent d’une pratique qui devenait de plus en plus régulière. Il devenait accro.
»

L’adolescent aurait en effet misé de petites sommes, de plus en plus régulièrement. Jusqu’à miser deux fois dans la même journée, le 11 mars dernier.

La vente de jeux d’argent aux mineurs étant interdite, les parents ont dans un premier temps déposé une main courante auprès des services de police avant de déposer plainte auprès du procureur de la République. Ils ont alerté la Française des Jeux qui a rappelé au détaillant «
son obligation de faire obstacle au jeu des mineurs
».

« Difficile de faire respecter la réglementation »

Au café de la Presse du Boulevard où l’adolescent aurait effectué ces paris, les détaillants reconnaissent qu’ils ont pu vendre des jeux d’argent à des adolescents : «
C’est très difficile de déceler qui est mineur et qui ne l’est pas. Certains ados paraissent beaucoup plus âgés qu’ils ne le sont. Mais nous n’avons aucun souvenir de cet adolescent, en particulier. Nous avons été rappelés à l’ordre par la Française des Jeux et nous sommes depuis particulièrement stricts. Mais lorsque nous exigeons une pièce d’identité, cela crée des tensions. Nous recevons souvent des insultes en retour. Et les jeunes qui sont refoulés importunent les autres clients pour que ceux-ci valident leur jeu.
» Et les patrons de renchérir : «
Nous ne pouvons pas faire le travail de la police.
»

Un jeune sur trois concerné

Dans son enquête nationale 20141, l’observatoire des jeux sondait les pratiques des adolescents de 15 à 17 ans. Malgré l’interdiction, cette enquête indique qu’«
un jeune mineur sur trois (32,9 %) déclare avoir joué au moins une fois à un jeu d’argent et de hasard au cours de l’année écoulée. L’essentiel de leur activité est pratiqué dans le réseau physique. Le jeu en ligne est pratiqué par 6,5 % des joueurs mineurs, proportion similaire à celle relevée pour l’ensemble des joueurs (7,3 %).
»

«
Parmi les mineurs qui ont joué au moins une fois au cours de l’année écoulée, 25,4 % sont classés à faible risque (ICJE) et 11,0 % problématiques (regroupant risque modéré et excessif). Cette proportion de joueurs problématiques parmi les joueurs mineurs est deux fois plus élevée que celle relevée chez les joueurs adultes et cette différence est significative.
»

Et l’observatoire de conclure : «
L’interdiction de l’offre de jeux d’argent est loin d’être totalement respectée. Pourtant, les stratégies actuelles de jeu responsable, auxquelles sont tenus les opérateurs, mettent en avant la question de la prévention du jeu des mineurs et y accordent des moyens. Mais les résultats peu probants incitent à revoir, corriger et réévaluer ces stratégies.
»

1 « Les jeux d’argent et de hasard en France en 2014 ». Observatoire des jeux, avril 2015.

Les jeux d’argent et de hasard interdits aux mineurs

La loi française interdit l’offre de jeux d’argent et de hasard aux mineurs tant sur Internet qu’auprès des opérateurs physiques sous monopole. La protection des mineurs est spécifiée comme étant un des objectifs de la loi du 12 mai 2010 qui précise : «
Les mineurs, même émancipés, ne peuvent prendre part à des jeux d’argent et de hasard dont l’offre publique est autorisée par la loi, à l’exception des jeux de loterie ou tombolas traditionnels dans le cadre associatif ou de fêtes foraines locales.
»

«
Les opérateurs de jeux d’argent et de hasard légalement autorisés sont tenus de faire obstacle à la participation de mineurs, même émancipés, aux activités de jeu ou de pari qu’ils proposent. Ils ne peuvent financer l’organisation ou parrainer la tenue d’événements à destination spécifique des mineurs. Les opérateurs de jeux ou de paris en ligne mettent en place, lors de toute connexion à leur site, un message avertissant que les jeux d’argent et de hasard sont interdits aux mineurs. La date de naissance du joueur est exigée au moment de son inscription, ainsi qu’à chacune de ses visites sur le site de l’opérateur.
»

À moins d’avoir été induit en erreur sur l’âge réel d’un mineur, toute personne (entourage, commerçant, casino, site internet, etc.) le mettant en situation de jouer de l’argent peut faire l’objet de sanctions pénales.

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