Un casseur douaisien , Je suis en guerre contre un système j’utilise des méthodes de guerre

Un casseur douaisien ,  Je suis en guerre contre un système j'utilise des méthodes de guerre

Comment en vient-on à légitimer la violence comme mode de manifestation

« Je ne prêche pas la violence, chacun est libre de ses actes. Et je ne pense pas être plus violent qu’un type qui cogne sa femme à longueur de journée’ Manifester, j’ai ça dans le sang depuis 25 ans. C’est un héritage. J’ai été élevé par des grands-parents très engagés à gauche, limite staliniens (il sourit), qui ont combattu le franquisme depuis la France, et en Espagne. J’ai été nourri par leur lutte contre le fascisme. Ça m’a rendu allergique à l’autorité et aux injustices sociales. Aujourd’hui, le capitalisme réduit les gens à l’état de larbins. Leurs seules séances de psy, c’est de faire chauffer la carte bleue. Moi, je ne dépense que ce dont j’ai besoin. Je prône la désobéissance civile et l’autogestion. »

Ça veut dire quoi

« Je refuse la société de consommation et de compétition qui a obligé mes parents à se tuer au boulot pendant 40 ans pour des clous’ À l’usine, je me demande en quoi je suis utile à la société et je ne trouve pas de réponse. Le réveil qui sonne, c’est déjà une première humiliation. La loi Travail en est une autre’ »

En quoi briser des vitrines fait avancer la cause que vous prétendez défendre

« Je suis en guerre contre un système, j’utilise des méthodes de guerre’ Bloquer des camions ou défiler avant d’aller manger des merguez, ça va cinq minutes. Les cégétistes jouent les gros durs mais ils font partie du système. Il faut dépasser ces organisations. Péter et peinturlurer une vitrine ou un distributeur de billets, c’est un acte politique. Ça peut réveiller des consciences. On n’est pas dans la parole politicienne et populiste. C’est concret. »

Vous pensez quoi de la manifestation des policiers qui fustigent la haine anti-flics

« C’est l’hôpital qui se fout de la charité. J’ai des potes qui se sont fait démolir. Moi-même, je mange sévère dans les manifs. D’autres mecs ont perdu un il. Ou la vie, comme Rémi Fraisse, un ami. Si l’État fait monter la pression, il faut lui montrer qu’on n’a pas peur. Mais c’est un jeu dangereux. On peut ruiner sa vie en quelques secondes. Ma femme pleure quand elle me voit partir en manif, moi j’essaie de pas y penser. Il y a une part de provoc’ et de défi, ça fait partie du jeu. »

Vous assimilez ça à un jeu

« Quand on est dans le bloc, c’est de l’adrénaline pure. Un sentiment de puissance. On est face à des robocops qui tapent sur leur bouclier avec leur matraque. Nous, on a des manches de pioche ou de drapeaux, des massettes pour les vitrines et des fumigènes de carnaval’ Les lunettes de ski, c’est pour la lacrymo, et les cagoules, je vous fais pas de dessin. On utilise souvent la technique de la tortue, comme les Romains, et nos banderoles sont rembourrées avec de la mousse. Après, c’est eux ou nous. La vie est assez triste comme ça, laissez-nous un peu rigoler’ En ce moment, on sent quand même qu’on est sur la brèche, les flics sont sur les dents, ça peut partir en vrille à tout moment. »

1. Prénom d’emprunt.

«Le mot casseurs, ça me fait marrer»

À en croire Fabrice, les activistes qui avancent masqués (ce qui est interdit par la loi dans l’espace public) ne seraient « pas des gens violents, mais « des hypersensibles » poussés par l’État à la radicalité’

«
Dans les blocs, y’a de tout. Des cocos, des ouvriers, des autonomes, des étudiants, des jeunes qui cherchent le frisson’ Des paumés aussi. Tous pensent qu’il faut opposer à l’État la violence qu’il fait peser sur la société. Combattre la police aussi, son bras armé. Le mot casseurs dans les médias, ça me fait marrer. C’est mal nous connaître. Y a-t-il eu des pillages de magasins Non. On s’en fout nous des paires de baskets chinoises. On cible les emblèmes du grand capital et l’Institution. Moi, je me considère comme un résistant, comme mon grand-père. Je continuerai à résister à Lille, à Notre-Dame des Landes ou à la jungle de Calais, comme je l’ai fait par le passé en Grèce, en Angleterre, aux Pays-Bas’ Les réseaux sociaux nous aident à nous structurer.
»

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