Je n’ai jamais vu passer la douane avec 1 kg de cocaïne sur le siège!

Les douaniers ont-ils eu du nez, le 16 juin 2015, ou leur a-t-on livré deux passeurs d’un réseau international de drogue sur un plateau ‘ Ce jour-là, ils interceptent une Peugeot 407 immatriculée en Espagne. Pas besoin de chercher longtemps, dans le sac sur le siège, 1 kg de poudre. En fouillant la voiture, deux paquets identiques sont trouvés dans des caches sous les sièges. Trois kilos de cocaïne « 
d’une pureté oscillant entre 70 et 76 %
 » dont la valeur est estimée à 210 000 . Mis en examen, le couple de quadragénaires est, depuis, en détention provisoire.

Au tribunal mardi, la femme répète qu’elle ne savait pas qu’il y avait de la drogue dans la voiture. Lui confirme, comme il l’a toujours fait, avoir accepté de faire un transport de haschich pour 2 000 ‘, « 
pour payer le semestre de (ma) fille à l’université
 ». Il a laissé sa voiture dans un restaurant turc aux Pays-Bas et l’a récupérée « chargée » le lendemain, sans savoir ce qu’il y avait.

Mais pour le procureur Janeczek, les « 
aveux à demi-mot
 » et « 
les explications confuses
 » ne suffisent pas à le convaincre qu’ils ont été manipulés. Lui voit « 
des quantités non négligeables
 » et « 
des mules, les chevilles ouvrières d’un trafic international
 ». Il a requis respectivement 4 et 2 ans de prison, avec un maintien en détention.

Défendant une femme qu’on surnomme « 
la Samaritaine
 » en prison, une femme de ménage sans histoire « 
qui n’a pas participé volontairement
 » à ce trafic, Me Senaya a plaidé la relaxe. Avocat d’un vigile « 
sans casier judiciaire à 45 ans
 », Me Moyart a d’abord dénoncé « 
15 mois d’isolement à la maison d’arrêt de Béthune
 », le temps d’une instruction qui n’a apporté aucun nouvel élément. Lui est persuadé qu’un « 
bonhomme les a envoyés au casse-pipe !
 ». Oui, son client a accepté de passer du cannabis parce que le couple était dans la misère mais il a été abusé. « 
Je n’ai jamais vu passer la douane avec 1 kg de cocaïne sur le siège !
 », un paquet sur lequel l’ADN d’aucun des deux n’a été retrouvé. Il est persuadé que le couple a servi d’appât pour qu’une autre voiture bien plus chargée passe entre les mailles du filet.

Le tee-shirt de la quadragénaire sur lequel on pouvait lire « 
Aujourd’hui quelque chose de beau peut arriver
 » n’a pas suffi : les juges ont condamné Ana Caicedo Vasco et Manuel Rodriguez Brana à 2 et 3 ans de prison, avec un maintien en détention et une interdiction du territoire français pour 5 ans. Ils devront aussi payer 132 440 d’amende douanière.

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