Un chercheur lillois en passe de découvrir un médicament révolutionnaire contre la tuberculose
Non, la tuberculose n’est pas vaincue. L’idée selon laquelle elle serait éradiquée relève de l’utopie. «
Chaque année, la tuberculose tue encore 1,6 million de personnes dans les pays en voie de développement ainsi que dans certains pays de l’Est, en Russie notamment
», explique Alain Baulard, qui a consacré sa vie à cette maladie infectieuse hautement contagieuse. «
Quatre mille victimes par jour, c’est colossal…
»
Né il y a cinquante ans en Belgique à Virton, petit village proche de la frontière avec le Luxembourg, Alain Baulard a fait sa médecine dans la prestigieuse université de Louvain. Il se destine à la recherche médicale. Il effectue sa thèse à l’Institut Pasteur, à Lille, avant de s’envoler faire son stage post-doctoral à l’université du Colorado, aux États-Unis.
Les essais cliniques sur l’homme ont commencé
«
C’est là que j’ai commencé à étudier le mode d’action de l’éthionamide, un antibiotique utilisé pour lutter contre la tuberculose.
» Depuis vingt ans, le virus ne l’a plus quitté. Revenu à Lille après un détour par Newcastle (Grande-Bretagne), le chercheur a découvert que, contrairement aux antibiotiques classiques, l’éthionamide se transforme lorsqu’il pénètre dans la bactérie. Cette transformation est indispensable pour que la molécule puisse tuer le bacille.
Dès lors, Alain Baulard et son équipe, notamment celle de chimie de la faculté de pharmacie de Lille, vont mettre au point un composé qu’ils vont baptiser Booster. «
Nous n’avons rien trouvé de mieux car celui-ci est capable de stimuler au moins cinquante fois l’action de l’éthionamide contre la tuberculose.
»
Les essais cliniques sur l’homme ont commencé. Du coup, les perspectives de développement sont au rendez-vous avec l’espoir de soigner des milliers de personnes malades. «
Le géant de l’industrie pharmaceutique GlaxoSmithKline et la start-up suisse Bioversys sont interéssés pour développer le médicament.
» Près d’un siècle après l’invention du BCG par Pasteur et Guérin, ici à Lille, ce serait un nouveau pas extraordinaire dans l’histoire de l’institut et de la tuberculose.