Un an avant la présidentielle , crèche RSA langues régionales au menu du 2e jour de rencontres

Un an avant la présidentielle , crèche RSA langues régionales au menu du 2e jour de rencontres

Étape 2/5 : Herzeele – Zuytpeene

« Vous avez à manger Non » Voilà comment notre hôte qui a ouvert son gîte pour nous dépanner en est venu à vider son frigo pour remplir le nôtre : « Si, si, c’est rien. » On termine avec un dîner et un petit-déjeuner sans que ce discret sexagénaire ne veuille être ni payé ni cité. La classe.

Le matin, on ouvre la porte avec vue sur le champ et on croise un cheval puis Jean-Claude, avec sa large bouille, son corps rond et son sourire quand il nous reconnaît : « Vous êtes dans le journal ! »

À 69 ans, ce type fait plaisir à voir tellement il a l’air heureux : « J’ai toujours adoré les chevaux. Cela fait dix ans que je suis à la retraite et je passe mon temps à m’occuper d’eux. » Il n’a jamais monté mais prête volontiers ses cinq chevaux et son attelage aux familles du coin. Sur les murs de l’écurie, un vaste panneau remercie « papy » de partager sa passion : « J’ai plein de petits-enfants d’adoption en plus des miens ! »

La présidentielle Non, il n’a aucun souhait : « Je suis bien comme ça. » Avant, il était contremaître de maintenance chez Copenor, une entreprise de fabrication de plastique à Mardyck : « C’est un métier qui me plaisait énormément. »

On roule. Entre deux champs, l’A25 découpe sa file de camions blancs, sous un ciel plombé. Tracteurs sur la route, chaises dans les jardins, envie de prendre le temps. On s’arrête à Winnezeele, dans le café du village où Laetitia nous accueille avec Enzo, un bébé de 4 mois, curieux et souriant : « Il fait craquer tout le monde ! »

Elle a 35 ans, c’est son village depuis toujours, elle était contente de reprendre le café : « Les propriétaires d’avant étaient de la ville ils s’habituaient pas. » Client fidèle et ancien élu municipal, Francis complète : « Sans elle, il n’y aurait plus de café ici, ça aurait été terrible. Il y en avait vingt avant. On allait y jouer aux cartes en sortant de l’église. » Dans ce village de 1200 habitants, le boulot vient, nous disent-ils, de la filature de Steenvoorde, de l’ancienne laiterie Gallia et de l’institut Pasteur.

Cheveux au bol sur des yeux fauves, Fabienne, assise de l’autre côté du bar, n’a pas de travail, à 53 ans.

« J’ai pas de diplôme mais je suis courageuse. » Elle a cueilli les petits pois, s’est cassé le dos avec les navets qu’on effeuille, qu’on empile et qu’on porte par cuves de 15 kg. Elle a eu mille contrats : « Je viens de travailler à Rungis. S’ils m’embauchaient, ils passaient à 21 salariés et changeaient d’étage pour les charges. Il leur fallait un contrat aidé. Je suis allée demander à Pôle Emploi, ils n’ont pas voulu m’en faire un, je n’ai pas compris ! »

Au niveau national, elle trouve qu’inciter les bénéficiaires du RSA à faire une formation est une bonne mesure : « J’ai parfois l’impression qu’on ne nous encourage pas à travailler. »

Derrière le comptoir en bois, la conversation reprend. Heureuse avec ses quatre enfants et son mari chauffeur-routier, Laetitia note qu’il faudrait plus de crèches : « La seule qu’il y a est à Steenvoorde et elle est complète. »

Le vent frappe de face et de grosses gouttes cognent par intermittence sur la route vers Cassel. La montée semble verticale. À gauche, une maison affiche de grands drapeaux flamands et une montagne de babioles catholiques. Elle est à Alain qui, devant l’objectif, crie : « Vive la Flandre française ! »

À 74 ans, il pense qu’il faudrait plus d’ordre, plus de respect des policiers et que le flamand soit enseigné dans la région : « Pour ceux qui vont travailler en Belgique, ce serait plus simple. Il faudrait que le gouvernement nous aide à garder notre culture. Si on ne préserve pas notre langue, on va disparaître. » Ben non, il ne parle pas flamand. Mais il aurait bien aimé, ça l’aurait aidé pour son travail chez EDF. Il revient sur les policiers : « T’aimerais, toi en Flandre, on tutoie qu’on te lance des pavés
»

Plus loin sur la droite, on passe devant une tout autre maison : belle, immense, avec de hautes fenêtres, le genre qui fait la une des magazines de déco. D’ailleurs, elle y est passée plusieurs fois : « Elle a au moins cent ans, cette maison, explique Marie-Claude, 71 ans, qui nous accueille avec un « Vous êtes de La Poste ».

Cette ancienne secrétaire-comptable travaille encore un peu pour l’entreprise de travaux hydrauliques créée par son mari et reprise par son fils. Elle fait partie d’une asso qui promeut la culture du village. Plutôt réservée, elle estime que les grandes études « incitent à la fainéantise » : « Moi, j’ai commencé à travailler à 14 ans. » Elle aussi a lu le journal : « N’en racontez pas trop quand même. »

Ragaillardis par un détour frites-bières locales, on descend vers Zuytpeene. Maxime, 22 ans et Jessie, 19 ans, préparent leurs appâts dans un coffre. Ils adorent la pêche sportive : « On se prend en photo avec le poisson et on le relâche. »

Maxime est cuisinier, Jessie sort de formation de préparateur de commande mais leur passion, c’est l’hameçon. D’ailleurs, Maxime bosse dans un domaine de pêche à Wahagnies près de Seclin et Jessie aimerait faire la même chose. La politique ne les concerne que de loin : « Je n’en vois pas un faire le boulot de mon père, qui bosse en usine 12 heures par jour.
» note Jessie. Tous deux rêvent juste de devenir propriétaires le plus vite possible et d’une vie à la campagne avec leurs copains pêcheurs : « Une maison, une voiture, rendre sa famille heureuse’ C’est réussir sa vie ! »

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