Turquie , vers une rupture Erdogan-Davutoglu

Turquie , vers une rupture Erdogan-Davutoglu

En Turquie, le « couple » Erdogan-Davutoglu est proche de la rupture. Celle-ci devrait être actée, d’ici à quelques semaines, lors d’un congrès extraordinaire du Parti de la justice et du développement (AKP, islamo-conservateur), au pouvoir depuis 2002. Ce congrès, dont la tenue et la date devraient être décidées, jeudi 5 mai, par la direction de l’AKP au cours d’une réunion spécifiquement consacrée à ce sujet, devrait voir l’actuel président du parti, le premier ministre Ahmet Davutoglu, ne pas solliciter de nouveau mandat.

M. Davutoglu a été reçu dans la soirée de mercredi par le président Recep Tayyip Erdogan pendant plus d’une heure et demie. Aucune déclaration officielle n’a été faite après cet entretien, qui s’est déroulé au palais présidentiel, à Ankara.

Selon l’agence de presse progouvernementale Anatolie, le premier ministre doit s’exprimer jeudi après une réunion de la direction de l’AKP qui débute à 11 heures (10 heures à Paris).

Un «  cavalier seul » qui est mal passé

La mise à l’écart de M. Davutoglu de la direction de l’AKP devrait signifier la fin de son mandat de premier ministre, le chef du parti ayant toujours été également à la tête du gouvernement.

Elle mettrait un terme aux tensions et divergences de plus en plus perceptibles ces derniers temps entre M. Davutoglu et M. Erdogan, qui (co)dirigent le pays depuis plus d’un an et demi

M. Erdogan n’aurait ainsi guère apprécié le « cavalier seul » de son premier ministre à Bruxelles sur le dossier des migrants. Selon la presse, c’est M. Davutoglu qui, de son propre chef, sans en référer à M. Erdogan, aurait proposé à la chancelière allemande, Angela Merkel, que la Turquie reprenne tous les réfugiés arrivés en Grèce depuis le 20 mars.

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Des dissensions sont aussi récemment apparues entre MM. Davutoglu et Erdogan au sujet du placement en détention provisoire de journalistes pendant leur procès, mesure à laquelle le premier ministre s’est publiquement opposé.

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Le contrôle sur le parti déjà rogné

Selon le journaliste Erdem Gül, du quotidien Cumhuriyet, certains responsables des services secrets, de l’armée, du ministère des affaires étrangères, sont devenus d’ardents partisans du premier ministre, ce qui a eu pour effet « d’alimenter les inquiétudes au sein de l’entourage présidentiel ».

M. Erdogan, qui ambitionne d’un pouvoir présidentiel fort, a déjà rogné les pouvoirs et le contrôle de M. Davutoglu sur l’AKP. Le 29 avril, le comité exécutif du parti, composé aux trois quarts de fidèles du président Erdogan, lui a retiré le pouvoir de nommer les dirigeants du parti dans les régions.

Si M. Davutoglu dirige officiellement l’AKP, M. Erdogan, censé être au-dessus de tout parti en tant que chef de l’Etat, dispose de nombreux fidèles au sein de la formation politique qu’il a fondée en 2001.

Les successeurs potentiels de M. Davutoglu sont nombreux et deux noms sont régulièrement cités par la presse : Binali Yildirim, ministre des transports et vieux compagnon de route du président, et Berat Albayrak, ministre de l’énergie et gendre du chef de l’Etat.

Une instabilité au sommet de l’Etat serait lourde de conséquences alors que la Turquie traverse plusieurs crises d’ampleur : menace djihadiste, reprise du conflit kurde, guerre en Syrie, afflux de migrants’

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