Rugby (Top 14)-Toulon surprend le Racing dans un match à rebondissements
Les journalistes, qui sont de sacrés pronostiqueurs, imaginaient que le Racing 92 n’allait faire qu’une bouchée de ce qu’on croyait être un Toulon d’opérette samedi après-midi sur la scène nordiste. « Tu verras, ça fera 30 points. » « Même 40 points », me reprenait un confrère du journal La Provence à vingt minutes du coup d’envoi. Pensez, l’équipe type d’un côté, portée par une constellation d’étoiles dont la plus belle, Dan Carter, le meilleur joueur du monde. De l’autre, l’équipe deux de Toulon, avec les remplaçants et les jeunes, certes autour de Michalak, Cooper, Armitage et O’Connor, mais les coiffeurs quand même. Il ne devait pas y avoir de match.
Retour inespéré…
Eh bien, un scénario écrit trop vite, le rugby n’aime pas ça. Les pronostics encore moins. Car le Racing, qui voulait très bien faire pour ce match de gala, était armé pour, est longtemps passé à côté de son sujet. Et s’il a failli l’emporter sur la fin, il a quand même échoué après trois dernières minutes complètement folles qu’il faut qu’on vous raconte. Un retour inespéré d’abord, sur une pénalité vite jouée de Machenaud côté gauche, qui raffûte et retrouve Carter à l’intérieur pour l’essai entre les poteaux (20-18, 77e). Mené tout le match, le Racing en position de gagner !
… et la boulette de Castrogiovanni
Et puis, sur le coup de pied de renvoi’ Alors que la consigne était de ne pas faire de faute, le pilier international italien Castrogiovanni, qui s’en va se prendre ses cheveux de « biker » sous le deuxième ligne Suta, le déséquilibrant dans les airs. Pénalité à 40 mètres, face aux perches. La balle de match pour Michalak, qui ne tremble pas (20-21, 80e).
« Il n’y a pas de quoi fanfaronner. Ça peut arriver à tout le monde de perdre face à une équipe remaniée. J’ai juste envie de dire bravo aux jeunes qui jouent peu. Ils avaient faim. Ils étaient prêts. Je suis très fier de leur état d’esprit. Ça doit leur servir de tremplin », a salué le manager toulonnais Bernard Laporte, qui a vu son équipe surprendre le Racing avec deux essais sur des contres assassins des duos Orioli-Armitage (3-8, 16e) et Ollivon-Belan (3-18, 50e). Et a défendu le fer du début à la fin.
« Bien trop de fautes »
Tête basse, l’entraîneur du Racing Laurent Labit a lui constaté l’échec : « On aurait pu gagner, mais sincèrement, je ne sais pas si on le mérite. Cette dernière faute symbolise notre match. On a essayé de beaucoup jouer mais on a commis bien trop de fautes, perdu 25 ballons dont huit en-avants’ On n’a pas été assez précis, efficaces et réalistes. »
De quoi programmer une belle revanche dans quinze jours en Coupe d’Europe.
La fiche
Racing 92 – Toulon : 20-21 (3-11)
A Villeneuve-d’Ascq (stade Pierre-Mauroy, toit fermé)
Arbitre : Laurent Cardona ; 40 000 spectateurs
Les points
Racing 92 : 2 E Lauret (74) Carter (77), 2 T Carter, 2 P Carter (10, 59).
Toulon : 2 E D. Armitage (16), Belan (53), 1 T Michalak (53) ; 3 P Michalak (6, 20, 80).
Remplacement temporaire
Racing 92 : Claassen pour Masoe (23-25, saignement)
RACING 92 : Dulin ; Imhoff, Chavancy (Vulivuli 13), Carter, Andreu ; (o) Tales (Goosen 64), (m) Machenaud ; Le Roux, Masoe (Claassen 72), Lauret ; Van der Merwe (Carizza 63), Charteris ; Ducalcon (Castrogiovanni 55), Szarzewski (cap) (Chat 57), Brugnaut (Vartanov 55).
TOULON : Cooper ; D. Armitage, Belan (Habana 72), Taylor, O’Connor ; (o) Michalak, (m) Escande ; Annetta, Ollivon, Bruni (Cramond 3, Mikautadze 74) ; Mikautadze (Suta 68), Lassalle ; Saulo (Fresia 41), Orioli (cap) (Natriashvili, 71), Ménini (Boughanmi 41).
Les jeunes Toulonnais avaient faim
Bon, les stars n’ont pas déçu. Côté Racing, Dan Carter n’a rien manqué au pied, a inspiré le jeu et a inscrit l’essai qu’on pensait être celui de la victoire après un joli numéro de Maxime Machenaud. A Toulon, Frédéric Michalak a pleinement joué son rôle de cadre, s’est « filé » en défense et a marqué la pénalité de la gagne sur le gong. Mais ce qu’on retiendra ce Racing Toulon, c’est la performance des jeunes Varois, qu’on a peu l’occasion de voir à l »uvre dans une équipe gorgée de stars mondiales.
On pense à Charles Ollivon, 22 ans, épatant en troisième ligne centre (on espère que Guy Novès a regardé le match). Surpuissant du haut de son 1,99 m, le numéro huit a mis sur le terrain toute sa frustration, à la hauteur de son manque de temps de jeu (8 matchs cette saison). Percussions, plaquages, mètres gagnés, passes après contact, Ollivon a tout fait, offrant le second essai toulonnais au jeune centre Theo Belan, 23 ans. «
On a montré qui on est ! Gagner avec une équipe remaniée face au leader, c’est énorme », a rugi Ollivon. «
Ça restera un grand souvenir pour moi
», a reconnu quant à lui Belan, après un match plein où il ne s’est pas laissé impressionner par son duel avec Dan Carter.
La jeunesse toulonnaise, c’est aussi Grégory Annetta, 21 ans, à l’activité débordante en troisième ligne. Éric Escande, 23 ans, lucide et concentré en demi de mêlée. Mais encore Jean-Charles Orioli, 26 ans, plus vraiment un jeune, mais digne remplaçant du capitaine de l’équipe de France Guirado, laissé au repos. Au four et au moulin, Orioli est l’auteur de l’interception qui a tout déclenché, en début de match. Un ballon chipé qui lance Delon Armitage vers un sprint et l’essai.
C’est bien aussi le Top 14 quand on laisse les jeunes joueurs français s’exprimer.