Le Livre de la jungle le film qui valait des millions

Le Livre de la jungle le film qui valait des millions

Le Livre de la jungle a explosé les meilleurs scénarios. Aux États-Unis, où il est sorti le 15 avril, les pronostics tournaient tout au plus autour de 70 millions d’euros de recettes le premier week-end d’exploitation, il a terminé premier au box-office et en a engrangé quelque 92 et, au niveau mondial, déjà plus de 471 millions depuis sa sortie. Le Livre de la jungle est un succès jusqu’en Chine’ et en Inde où, en à peine 12 jours, il est devenu le plus gros succès du cinéma hollywoodien.

En France, Le Livre de la jungle a réussi le même démarrage en trombe, enregistrant le mercredi 13 avril, le deuxième record de l’année, en nombre d’entrées, avec plus de 277 600 spectateurs ; plus de 2,2 millions en quinze jours.

Ce Livre de la jungle séduit tous les publics, familles comme célibataires, spectateurs de 7 à 97 ans et, sans doute du jamais vu pour Disney, les garçons comme les filles.

Pourtant le pari était loin d’être gagné d’avance : les essais de remake autour du Livre de la jungle n’ont jamais égalé le Disney de 1967 et les enfants d’aujourd’hui, élevés aux films Pixar, ont élevé le niveau d’exigence.

Ce succès, Le Livre de la jungle le doit au vrai film d’aventures qu’il est devenu, la patte du réalisateur Jon Favreau (Iron Man). Grâce aux nouvelles technologies, les vieux personnages prennent un sacré coup de jeune. Si les animaux parlent toujours, il est loin le temps où les animaux dansaient autour de Mowgli. Filmé en prises de vue réelles, il est très réaliste : les animaux sont plus vrais que nature, la jungle indienne, fantastique.

Ce Livre de la jungle est également plus fidèle au livre original de Rudyard Kipling
: si l’histoire est toujours celle d’un petit d’homme élevé par les loups et pourchassé par le tigre Shere Khan, la mort est plus présente. Certaines scènes peuvent même effrayer les plus petits.

Surtout, la technique sert l’histoire et non l’inverse. Le Livre de la jungle, écrit il y a plus de 100 ans, décline des thèmes aussi universels que la quête de ses origines ou celui de l’enfant sauvage, élevé par les loups comme Rémus et Romulus dans la mythologie romaine’ ou par des singes comme Tarzan (personnage créé en 1912). Mowgli grandit : il se retrouve à devoir faire des choix, face à la menace, doit-il fuir ou se battre Le film questionne aussi plus fortement le vivre-ensemble et les rapports de l’homme avec la nature, deux enjeux contemporains.

Ainsi, sur la question de l’environnement, Jon Favreau avoue avoir changé le rapport de Mowgli à la nature. «
L’homme peut être destructeur mais aussi protecteur de l’environnement. C’est un cadeau que l’on doit préserver. (Si les spectateurs) suivent les traces de Mowgli, peut-être se considéreront-ils des citoyens de la planète
»

Et encore un, ou deux, en préparation !

Jon Favreau a su trouver l’équilibre, faire le lien entre le livre original et le film d’animation : de la version Disney de 1967, il a gardé la scène de Baloo nageant sur le dos dans la rivière ; celle du serpent Kaa, envoûtant ; la marche des éléphants, mais plus basée cette fois-ci sur le parcours initiatique du jeune héros.

Le succès est tel que les studios Warner, qui travaillent sur leur propre adaptation du Livre de la jungle, ont décidé de décaler la sortie de leur film à 2018. Et Disney, de son côté, a déjà annoncé une suite.

Plus vrais que nature

Seul l’interprète de Mowgli, Neel Sethi, est en chair et en os. La jungle indienne luxuriante, l’ours Baloo, la panthère Bagheera, le tigre Shere Khan, comme toutes les autres espèces d’animaux présentes dans le film, ont tous été créés en images de synthèse et semblent pourtant plus vrais que nature. Grâce à la motion capture (la capture du mouvement, technique qui permet d’enregistrer les positions et les mouvements, les façons de bouger de tout être vivant, pour ensuite les manipuler par ordinateur) et la prise de vue réelle, c’est-à-dire en direct, quand l’animation impose une prise de vue image par image.

Les acteurs tournent sur fond vert et tous les autres éléments sont ajoutés, reconstitués par ordinateur. C’est ainsi qu’ont été tournés La Planète des singes (2011, 2014) ou L’Odyssée de Pi.

Du « Livre de la jungle » de 1967, Jon Favreau a gardé deux thèmes musicaux, « Il en faut peu pour être heureux », par Lambert Wilson (Baloo), et « Je voudrais être comme vous », par Eddy Mitchell, impeccable roi Louie.

« Il en faut peu pour être heureux » a été nominée pour l’Oscar de la meilleure chanson originale en 1968 et fut notamment reprise par Louis Armstrong. Près de 50 ans plus tard, Stromae travaillerait à son tour à une comédie musicale.

Le livre, les origines

Le Livre de la jungle, publié en 1894, est l »uvre la plus connue de Rudyard Kipling. Dans ce recueil de nouvelles, ponctuées par une chanson ou un poème, l’histoire de Mowgli n’en occupe que la moitié. Et ce n’est pas la seule liberté prise avec le livre original dans lequel Kaa, le serpent, apporte en fait son aide au petit d’homme dans la cité des singes, où le roi Louie n’a jamais existé ! Dans l »uvre originale de Kipling, les singes n’ont pas de chef et lorsqu’ils enlèvent Mowgli, c’est lui qu’ils nomment roi. Chez Kipling aussi, Mowgli élabore une stratégie avec les loups pour vaincre le tigre Shere Kan.

L’adaptation de Jon Favreau est plus proche de l »uvre originale que le Walt Disney de 1967 : plus sombre, il fait référence à la loi de la jungle (« la Bible du règne animal ») et à la trêve de l’eau. Le réalisateur reprend également l’idée que les éléphants ont créé la jungle et redonne leur juste place aux loups.

«
C’est un joli travail, bien dans l’esprit. Kipling ne doit pas être en train de se retourner dans sa tombe
», commente dans Le Point, François Rivière (Le Mariage de Kipling). Et de comparer Mowgli avec Kipling, né en 1865 à Bombay, en Inde (alors colonie britannique) : le jeune garçon est envoyé à l’âge de six ans en pension, en Angleterre. Il grandira donc loin de ses parents, avant de revenir en Inde jusqu’à ses 24 ans.

« Le livre de la jungle », les francs-maçons et les scouts

Dans l »uvre de Kipling, écrivain franc-maçon, on retrouve également les valeurs de code moral et d’entraide.

L’écrivain aurait inspiré Baden-Powell, un grand ami, dans la création du mouvement scout, où on retrouve notamment’ les louveteaux.

Gigantopithecus

Dans Le Livre de la jungle (le film d’animation), il est question d’orang-outang dans la cité des singes. Mais il n’y en a jamais eu dans cette partie de la jungle indienne. L’équipe du film, «
pour garder le gigantisme du roi des singes s’est donc tournée vers un singe plus local, même s’il est aujourd’hui disparu : le gigantopithèque (Gigantopithecus blacki)
», nous apprend la revue Sciences et avenir
: «
Il existe une légende indienne selon laquelle le gigantopithèque est une sorte de yéti de la jungle (…) d’après les fossiles découverts par les paléontologues (des dents et fragments de mâchoires), le Gigantopithecus blacki aurait disparu il y a un million d’années. Il mesurait près de 3 m et pesait entre 300 et 500 kg.
»

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