La région Poitou-Charentes au bord de la faillite Ségolène Royal sommée de s’expliquer
Réglement de compte politique ou réelle cavalerie budgétaire L’audit financier lancé par Alain Rousset, le nouveau président PS de la grande région Aquitaine-Limousin-Poitou-Charentes, et réalisé par le cabinet Ernst & Young, fait l’effet d’une bombe et met en cause l’actuelle ministre de l’Écologie Ségolène Royal, qui avait fait du Poitou-Charentes son laboratoire politique, ainsi que Jean-François Macaire, qui l’a remplacée à partir de 2014.
Les résultats, qui concernent la période 2013-2015, ont été présentés jeudi après-midi au siège du Conseil régional, à Bordeaux. Ils font état de « points noirs ». Sans la fusion (des trois régions), «
nous serions vraisemblablement en train de constater la faillite et la banqueroute
» du Poitou-Charentes, a affirmé le président Les Républicains de la commission des Finances de la région, Olivier Chartier, parlant de « cavalerie budgétaire ».
« Une gestion absolument pas maîtrisée »
Les retards de paiements, déjà révélés en février et pointés du doigt par Alain Rousset, s’élèvent à 132 millions d’euros. La dette est estimée à 450 millions d’euros. L’audit révèle également une épargne « quasi-nulle » avec un taux net de 0,05 %, une sous-budgétisation, «
des dépenses qui ne sont pas inscrites au budget en fonction de la réalité des besoins
», a énuméré pour sa part le vice-président de cette commission de Finances, le PS Florent Boudié. Le cabinet relève aussi, parmi les emprunts, «
56 millions d’euros à très haut risque
» qui nécessiteront un plan de désengagement, et 46 millions d’euros d’emprunts «
à risque
».
Dans le viseur des élus locaux, de gauche comme de droite : les ex-présidents de région Ségolène Royal et Jean-François Macaire. «
C’est une gestion absolument pas maîtrisée, et qui connaît une accélération de sa dégradation très forte
» depuis 2013, a résumé Florent Boudié. Des élus PS de la région pourraient même porter plainte pour abus de confiance. Olivier Chartier (LR) a invités les ex-responsables à «
s’expliquer, d’une façon ou d’une autre, sur la situation
».
Une « basse vengeance »
La ministre Ségolène Royal mise en cause a réagi ce vendredi sur ce rapport l’accablant. Elle dénonce auprès du Point une « basse vengeance », une man’uvre visant «
à justifier un arrêt des politiques régionales et une hausse des impôts
». Au micro de France 3 Poitou-Charentes, ce vendredi midi, elle a fait savoir qu’elle se réservait « le droit de porter plainte » pour diffamation. «
Il n’y a que dans les États totalitaires qu’on jette en pâture les mots, les chiffres, les gens
», a-t-elle dit, vantant son bilan en matière d’apprentissage, de transport et de ruralité.
Lors de la primaire interne pour désigner le candidat socialiste à l’élection régionale de décembre, Alain Rousset l’avait emporté sur Jean-François Macaire, dauphin de Ségolène Royal. «
Ceux qui me connaissent savent que ce n’est ni dans mes gènes ni dans mes pratiques politiques. Et d’ailleurs, pourquoi aurais-je voulu me venger de Jean-François Macaire puisque j’ai remporté cette primaire
», s’est déjà défendu l’intéressé.
Les royalistes dénoncent eux aussi une opération politique du nouveau président de région. L’ancien premier vice président PS de Poitou-Charentes et proche de Ségolène Royal, Yves Debien, a rappelé dans un communiqué que l’étude d’Ernst & Young est un simple «
audit flash réalisé en quelques semaines
», qui «
ne peut donner une appréciation sur la gestion
» de la région. Il a déploré «
qu’on cherche à faire oublier les succès des politiques conduites par la Région, sans augmentation d’impôts, grâce à une maîtrise des dépenses
».