Hôpital , vers une saignée sur le nombre de lits dans le Nord-Pas-de-Calais
Dans le cadre du plan de redressement des finances publiques, le gouvernement a demandé aux hôpitaux de réaliser 3 milliards d’euros d’économies en trois ans, de 2015 à 2017. Via la ministre de la Santé, il a même fixé l’objectif de supprimer 10 % des lits en chirurgie et médecine actuellement disponibles, portant donc à près de 16 000 la coupe à effectuer dans toute la France. Voilà, en substance, ce qu’affirme ce mercredi matin Le Figaro, en se basant, dit-il, sur un document diffusé en interne à la Direction générale de l’offre de soins, baptisé « kit de déploiement », que le quotidien est parvenu à se procurer.
Dans les faits, ces «
adaptations capacitaires
», censées enrayer le déficit, estimé à plus de 11 milliards d’euros, accumulé par les hôpitaux, concerneraient 570 services hospitaliers, pour une économie de 570 millions d’euros espérée. D’après la carte dévoilée par Le Figaro, les régions les plus atteintes par ces fermetures de lits seraient l’Alsace, qui en verrait disparaître 14 % (soit 728 lits), la Lorraine 13 % (896 lits) et autant pour la Franche-Comté (420 lits).
« C’est du pipeau ! »
Numériquement, l’Ile-de-France serait la région qui, logiquement, en perdrait le plus avec 3 108 lits en moins, soit une baisse de 12 %. Le Nord – Pas-de-Calais serait, pour sa part, affecté à hauteur de 9 %, soit 924 lits en moins. Ce n’est pas rien. Mais… «
C’est du pipeau !
», assène Rémi Pauvros, président régional de la Fédération hospitalière de France. À l’instar du ministère de la Santé, qui a rapidement démenti ces perspectives, le député socialiste et ancien maire de Maubeuge remet en cause la crédibilité à apporter au document de travail de l’administration avancé par le quotidien : «
Je ne sais pas d’où il l’ont sorti, mais il n’a rien d’actuel.
» Les chiffres détaillés seraient «
datés
», et «
jamais pris en compte dans le plan d’économies
» du gouvernement.
Pour éclairer son propos, Rémi Pauvros s’épanche sur le déficit des hôpitaux de la région, encore «
préoccupant
» il y a peu : «
un sur deux
» se trouvait dans le «
rouge vif
». Aujourd’hui, les dix-neuf établissements pourraient s’enorgueillir d’une «
situation plus soutenable
». En outre, le député fait valoir les «
dialogues précis
» et les «
bonnes relations
» qu’entretiennent sa fédération et l’Agence régionale de santé (qui n’a pas souhaité commenté l’article du Figaro).
Entre déclarations officielles et consignes internes…
«
Nous avons encore rencontré récemment des personnes du gouvernement. La région participe évidemment à l’effort financier demandé dans le cadre du plan triennal, mais nous avons insisté pour que les spécificités du Nord – Pas-de-Calais sont prises en considération.
» À savoir des services de chirurgie en forme, mais une vigilance accrue sur ceux de la médecine, à l’aune du vieillissement en cours très net de la population de la région, et des maladies qui lui sont propres. En conclusion, Rémi Pauvros, qui «
côtoie Marisol Touraine toutes les semaines
», est sans équivoque : «
Chez nous, les efforts ne se traduiront pas par la fermeture de lits.
»
Tout va bien dans le meilleur des mondes, alors À l’échelle nationale, la même Fédération hospitalière de France (FHF) a annoncé avoir «
pris acte
» de l’absence de plan de fermeture de lits, y voyant une «
évolution très significative
». Là où le discours se nuance davantage, c’est que la FHF dit dorénavant «
attendre aujourd’hui des pouvoirs publics qu’ils donnent des consignes fermes aux ARS afin que prennent fin les injonctions actuellement adressées aux établissements pour qu’ils procèdent à des fermetures de lits d’ici 2017
». Une façon d’accréditer la thèse, aux yeux de l’organisation, d’un double discours ministériel entre les déclarations officielles apaisantes (sur les lits et les effectifs) et les consignes internes de restructuration. Tout n’est pas si facile…