Foot , le magnifique tifo des Irrésistibles Français lors de France-Russie
Depuis 1998, et l’inauguration de l’enceinte le soir d’un frigorifiant France – Espagne, on a souvent brocardé – à juste titre – l’ambiance morose du Stade de France. Les Bleus y ont pourtant vécu de beaux moments, dont le plus fameux le 12 juillet 1998 face au Brésil, mais ont très souvent traversé leurs soirées dans une atmosphère aseptisée, voire parfois absolument atone. Mais, depuis 2010, les Irrésistibles Français, tentent de créer un peu de vie dans un vaisseau dyonisien tellement peu adapté aux grosses soirées festives (sièges, tribunes éloignées de la pelouse, public pas forcément enclin à rester debout).
À force d’abnégation, à force de défier l’indifférence de nombreux supporters des Bleus venant assister aux matchs comme on assiste simplement à un spectacle, à force d’aller poser leur bâche partout où l’équipe de France se produit, à force d’y croire, les Irrésistibles Français commencent à sentir un véritable frémissement. Le match de barrages de la Coupe du monde 2014, face à l’Ukraine en novembre 2013, a peut-être été un tournant. D’ailleurs, à l’époque, les Irrésistibles Français, ne comptaient « que » 400 membres. Aujourd’hui, ils sont 1200 et ils organisent des tifos sur l’ensemble du virage. Celui de ce France – Russie a marqué les esprits. Une cocarde en feuilles bleues, blanches et rouges ; un trophée qui n’est autre que celui qui récompense les vainqueurs des championnats d’Europe des Nations, et un message, simple, efficace et concis : « 2016, tous unis vers un même objectif : le titre ». Pour une belle réussite.
« 9 mois de travail, 250 heures de confection »
Fabien Bonnel, l’un des leaders des Irrésistibles Français, a apprécié : « On a eu l’idée de ce tifo en juin 2015, dès la sortie du calendrier de la saison. On aurait évidemment préféré que la dernière rencontre au Stade de France se joue un peu plus loin dans la saison, beaucoup plus près de l’Euro. Ce tifo a nécessité 9 mois de travail de la part de nos membres, et 250 heures de confection ». Mardi, lorsque l’animation s’est mise en place, Fabien a certainement repensé à toutes ces années passées dans les travées, à « prendre des sandwichs et des bouteilles dans la tronche de la part des autres spectateurs qui ne voulaient pas que l’on reste debout dans cette tribune ». Il a surtout vu le chemin parcouru dans la construction d’un dialogue avec la Fédération Française de Football. « Nos relations ont été construites marche après marche, reprend-il. Il est clair qu’au début, ce n’était pas simple. La Fédération préférait des personnes assises en tribune. Aujourd’hui, à force de dialogue, on a réussi à faire admettre que, dans cette partie du virage, on peut chanter et animer le stade en restant debout».
Pour cette animation de grande envergure, la FFF a également participé en partie à l’élaboration du projet. « Nous avons géré toute la partie concernant la mise en place des feuilles dans le virage ainsi que celle du message au bas de la tribune », explique ce passionné âgé de 32 ans. « La Fédération s’est occupée de la voile car c’était très complexe d’un point vue technique puisque le trophée a été levé avec un système de poulies ». Pour les Irrésistibles Français, qui ne se disent pas « Ultras » à proprement parler mais en suivent tout de même même certains codes, cette collaboration démontrent qu’avec un peu de bon sens et de volonté de dialoguer, un joli travail peut être mené. «
Nous sommes nombreux, au sein des Irrésistibles, à soutenir un club toute la saison. Et quand on voit ce qui se passe dans nos clubs respectifs, avec souvent un manque de collaboration de la part des instances avec les supporters, on ne peut que se féliciter de notre relation actuelle avec la FFF. On n’est pas toujours d’accord, on se dit les choses franchement, mais nos rapports avec elle sont constructifs. L’équipe mise en place par la Fédération pour être en relation avec nous est véritablement à l’écoute ».
Si cet été, pour l’Euro, en raison des mesures de sécurité et de la difficulté de se regrouper dans les stades où joueront les Bleus, ce groupe de supporters ne devrait pas réaliser des chorégraphies d’envergure comme celle vue mercredi, il espère tout de même bien participer à une belle épopée des protégés de Didier Deschamp. « 2016, tous unis vers un même objectif : le titre ». Voilà, c’est dit.