Diffamation au lycée Averroès , un deuxième procès pour le professeur de philosophie
Les débats ont été longs, parfois orageux, ce matin face à la présidente Anne-Marie Sauteraud, à la cour d’appel de Douai. En septembre dernier, Soufiane Zitouni, un professeur de philosophie était condamné pour diffamation non-publique. Alors enseignant au lycée musulman Averroès de Lille, Zitouni, 49 ans aujourd’hui, avait été poursuivi suite au contenu de courriels adressés à des collègues. Des e-mails lancés après les attentats parisiens de janvier 2015 contre le journal Charlie Hebdo et le magasin Hyper Cacher.
Les débats se sont déroulés en deux temps charnières. Zitouni a été confronté au témoignage de Michel Soussan, conseiller pédagogique du lycée et élu d’opposition à Lille. Soussan n’apprécie pas d’être qualifié de « spin doctor » d’Averroès par le professeur de philosophie. Il récuse aussi farouchement les accusations d’antisémitisme imputées à de nombreux élèves du lycée privé par leur ancien professeur.
Une tribune dans Libération
L’autre témoin Un collègue, professeur d’histoire-géographie. Vincent Pieterarens a soutenu Zitouni après la publication d’une première tribune dans le journal Libération. Dans le texte, son collègue expliquait qu’au lendemain des attentats le Prophète était Charlie. «
Je continue de soutenir cette première tribune
», reprend Pieterarens. En revanche, il se désolidarise de la suite. Des accusations contre l’établissement, contre les élèves’ Dans une autre tribune.
Des échanges privés
De toute façon, ces débats n’ont pratiquement pas lieu d’être, assure Mario Stasi, l’avocat de Soufiane Zitouni. Quel que soit le contenu des courriels mis en cause (nid de vipères bifides etc.), ceux-ci constituent des «
échanges privés
». «
Ils sont marqués par la confidentialité
», martèle le défenseur. À ses yeux, le tribunal de police de Lille, à l’origine de la condamnation originelle, n’aurait même pas dû se saisir du dossier.
«
Quelle confidentialité
», contre-attaque Hakim Chergui, l’avocat d’Averroès. Ces propos, Soufiane Zitouni les a également tenus sur des plateaux de télévision et dans la presse. Chergui, lui, dénonce avant tout un «
conflit d’ego
» entre Zitouni et l’un de ses confrères, auteur d’un autre texte dans le Nouvel Observateur.
Très volubile, Zitouni interviendra régulièrement, longuement. Jusqu’à la dernière minute. «
Le nid de vipères, c’est le noyau dirigeant du lycée
», lance finalement l’enseignant, accusant les responsables de l’établissement de liens avec l’Arabie Saoudite ou le Qatar. Délibéré le 26 mai.