Dans nos caves et nos greniers des objets potentiellement radioactifs
La radioactivité, c’est un mot qui fait toujours peur. On pense à Tchernobyl et Fukushima, mais le risque, certes moindre, peut être parfois beaucoup plus proche de nous, dans nos greniers ou nos remises. Une habitante de Bruay-La Buissière a ainsi découvert dans les cartons entreposés par une connaissance chez elle, un flacon contenant du thorium 232 (lire ci-dessous). Mais d’autres objets anodins peuvent être aussi radioactifs.
> Des objets potentiellement radioactifs
«
Dans les greniers, sur les brocantes, on trouve beaucoup d’objets radioactifs.
» Le commandant Cédric Courtin, qui était à la tête du dispositif de secours lundi à Bruay-La Buissière, explique «
qu’après Pierre et Marie Curie qui ont découvert la radioactivité, et notamment le radium, on a conçu les aiguilles et les lettres électroluminescentes des réveils, ou les fameuses fontaines au radium quand on prêtait des vertus aux cristaux radioactifs : on filtrait l’eau comme avec un percolateur, dans ces cristaux. À défaut d’être bénéfiques pour la santé, sur le long terme, c’était des éléments radioactifs qui se sont métabolisés et qui ont fait des dégâts’
».
Les vieux paratonnerres sont aussi concernés, les objets au radium à usage médical comme dans l’ancienne clinique Condorcet de Lens, rachetée par un promoteur immobilier pour en faire des appartements, dans laquelle des aiguilles au radium ont été découvertes le 5 juin 2000. «
Il y a encore des objets qui peuvent contenir des sources radioactives mais qui ne sont potentiellement dangereux que s’il y a contact, ingestion ou inhalation, ce qu’on appelle l’exposition interne, explique l’officier des pompiers. Le risque, c’est quand les gens manipulent ou démontent les objets et mettent les doigts à la bouche, on peut se retrouver avec une contamination interne par ingestion, et là c’est plus compliqué.
»
> Faut-il s’inquiéter
Pas forcément, mais la prudence est de mise’ «
C’est sournois, la radioactivité, poursuit le commandant Courtin. On ne la voit pas, on ne la sent pas, n’est pas perceptible. Les gens ne réagissent que quand les appareils réagissent. Après, la radioactivité est aussi naturelle.
»
> Que faire en cas de doute
La règle est de limiter au maximum le contact. «
Si on trouve ce genre d’objet, le mieux c’est de ne pas y toucher, ne pas le manipuler, le laisser isolé.
» Et de «
ne pas manger, pas boire ni fumer
», ajoute le capitaine Frédéric Delattre, chef d’unité en risques technologique au SDIS 62. Après, il faut demander un avis technique aux pompiers ou de l’ANDRA
(1) avec une description précise de l’objet. La procédure sera alors adaptée selon l’urgence pour l’enlèvement de l’objet voire de la prise en charge des personnes ayant été potentiellement en contact.
«
Mais il ne faut pas non plus tomber dans la psychose, le mieux c’est de s’informer, par exemple sur Internet, sur les sites officiels. Lundi, la dame a vu le mot uranium sur le flacon, elle l’a reposé et elle a appelé les secours.
» La procédure a été lancée et l’ANDRA prendra en charge cet objet radioactif, comme il en traite une centaine par an en France.
1. ANDRA (Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs) : tel. 01 46 11 83 27,
http://www.andra.fr/
Un flacon de thorium met un quartier de Bruay en émoi
Les pompiers du Pas-de-Calais ont reçu un appel, lundi soir, d’une Bruaysienne qui venait de trouver dans sa remise, rue d’Isbergues, un flacon portant l’inscription manuscrite uranium et qui contenait une poudre blanche. La précision des informations données entraîne aussitôt le déclenchement d’un important dispositif : «
Un périmètre a immédiatement été mis en place
», expliquait le sous-préfet Nicolas Honoré.
Le confinement des riverains et l’arrivée de pompiers spécialisés en risques technologiques et de la cellule mobile d’intervention chimique et radiologique du Nord ont vite semé l’émoi. La Bruaysienne et les cinq pompiers potentiellement en contact avec le flacon ont été pris en charge pendant que des relevés étaient effectués. Il s’agit de thorium 232 utilisé par exemple pour les fuselages des avions.
« L’air n’a pas été contaminé »
Si le dispositif est resté important, les craintes ont baissé au fil des heures : «
L’air ambiant n’a pas été contaminé et les personnes ont été irradiées à un degré infime
», rassurait le sous-préfet. La Bruaysienne a malgré tout été hospitalisée au CHR de Lille pour des examens de contrôle tandis que les pompiers vont faire l’objet d’un suivi médical pendant trois jours avec analyses d’urine et des sels envoyés l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire.
Restait à savoir comment cet objet s’est retrouvé là. La Bruaysienne aurait stocké les cartons d’une connaissance qui déménageait. Arrivé à Bruay il y a deux ans, cet homme qui est décédé le mois dernier, avait semble-t-il pris ce bidon dans son entreprise de métallurgie de l’Essonne. S. D.