Calais , les 350 ex-My Ferry Link sans emploi empochent sans enthousiasme un chèque de 15 000
«
Si j’avais eu le choix entre un travail et le chèque, j’aurais opté pour le travail. » Cet ancien salarié de la SCOP SeaFrance (exploitée sous le nom commercial My Ferry Link), venu ce jeudi matin chercher son chèque d’indemnité transactionnelle de 15 000 , résume un sentiment général. «
L’argent ne remplace pas un emploi
», appuie Sébastien Coté, secrétaire-adjoint du Syndicat maritime Nord (SMN), qui lui aussi a signé jeudi matin
l’accord l’engageant à ne pas poursuivre Eurotunnel et DFDS
, le propriétaire et le nouvel exploitant des ex-ferries Rodin et Berlioz, que l’avocat des salariés Me Philippe Brun
voulait traîner en justice
.
Sébastien Coté a signé «
sans lire les documents, c’est une perte de temps
». C’était juste avant le paraphe, lui aussi très attendu, d’Éric Vercoutre. Le leader du SMN a discuté posément avec les administrateurs judiciaires du cabinet Bauland-Carboni-Martinez, avant de quitter le local mis à la disposition des ex-scopiens dans la pépinière d’entreprises, zone Marcel-Doret, le chèque en mains. «
Ces 15 000 , ce n’est pas une victoire, mais cette somme marque le respect que l’on doit aux salariés à l’issue de cette crise, commente-t-il. Cette prime transactionnelle s’ajoute à la prime légale payée par les AGS, à savoir trois mois de salaire. Nous n’avons rien obtenu pour ce qui concerne la prime extra-légale. »
L’accord transactionnel comporte cinq pages. L’essentiel du document rappelle l’historique de la SCOP SeaFrance, de sa naissance en 2012 à
la liquidation judiciaire le 31 juillet 2015
. Il revient, à la demande des avocats d’Eurotunnel et DFDS, sur les épisodes qui ont jalonné les trois années mouvementées de la société (feuilleton judiciaire avec l’Autorité de la concurrence britannique, renoncement d’Eurotunnel à exploiter la ligne maritime, occupation des navires l’été dernier, signature du protocole d’accord de sortie de crise, etc.). Pour rappel, propriétaire des navires, Eurotunnel, lassé des décisions de l’Autorité de concurrence britannique, a décidé, à l’été 2015, d’en retirer la gestion à la SCOP SeaFrance pour la confier à DFDS.
L’accord transactionnel avait été exigé par le SMN dans le cas où les engagements sur les embauches des ex-SCOP SeaFrance n’étaient pas respectés. Il a fallu des tables rondes jusqu’à mi-mars pour obtenir ces indemnités et le
versement de cinq millions d’euros par Eurotunnel et DFDS
. Le protocole d’accord prévoyait initialement que DFDS réembauche 202 ex-My Ferry Link. la compagnie n’en emploie finalement que 75. Eurotunnel devait pour sa part reprendre 50 personnes pour la sécurité de son site ferroviaire (20 ont été embauchées) et espérait exploiter le Nord Pas-de-Calais avec 130 marins, mais le groupe du lien fixe a finalement abandonné.