1er Mai, environ 84.000 manifestants en France des heurts à Paris

1er Mai, environ 84.000 manifestants en France des heurts à Paris

La manifestation parisienne a été émaillée d’incidents dus à la présence de quelque « 300 individus violents », avait annoncé un peu plus tôt la préfecture de police de Paris. Hors Paris, 67.000 personnes ont participé à 281 défilés et rassemblements, a détaillé le porte-parole du ministère de l’Intérieur, Pierre-Henry Brandet.

Dans la capitale, alors que des milliers de personnes marchaient dans le calme entre Bastille et Nation, des jeunes cagoulés, casqués, ont lancé des projectiles sur les forces de l’ordre, qui ont riposté par des tirs de gaz lacrymogène. Ces heurts ont fait deux blessés légers et donné lieu à 10 interpellations.

Toutefois, la majorité manifestait dans le plus grand calme, avec pour mot d’ordre principal : «
Retrait, retrait, de la loi travail. Ni amendable ni négociable
».

Il faisait écho aux slogans scandés dans les défilés ayant eu lieu plus tôt dans d’autres villes, généralement paisibles, à Strasbourg, Bordeaux, Toulouse, Lyon, Limoges ou Lille.

Mais à Marseille au moins quatre personnes ont été interpellées et placées en garde à vue en marge de la manifestation, et à Rennes, plusieurs centaines de jeunes ont envahi un cinéma.

Après les violences intervenues jeudi, le Premier ministre Manuel Valls a adressé dimanche une ferme mise en garde aux éventuels «
casseurs
».

Et les forces de l’ordre avaient été mobilisées en nombre
: 15 unités de forces mobiles (plus de 1.000 policiers et gendarmes) contre 11,5 l’année précédente, le double de BAC et de Compagnies de sécurisation et d’intervention (environ 12 équipages contre 6 l’année dernière), selon la préfecture de police.

La CGT a néanmoins dénoncé «
le peu de moyens mis en place par les pouvoirs publics pour sécuriser les manifestations
» du 1er mai, évoquant aussi «
une répression accrue
» des militants syndicaux.

« Rééquilibrer la loi travail »

Leitmotiv des manifestations, le retrait du projet de loi travail, examiné à l’Assemblée nationale à partir de mardi, a réuni le 1er mai, pour la première fois depuis 2009, les nº1 de la CGT et FO à Paris.

«
Le gouvernement peut toujours retirer sa loi s’il écoute l’opinion publique, s’il écoute la mobilisation
», a déclaré Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT.

«
La balle est dans le camp du Parlement et du gouvernement, tant qu’ils n’auront pas accédé à nos revendications, on maintiendra la mobilisation
», a renchéri Jean-Claude Mailly (FO). Solidaires, FSU, UNL, Unef et Fidel, ont aussi appelé à manifester aux côtés de la CGT et de FO.

Et les manifestants scandaient : «
Ni chair à patron, ni chair à matraque, la classe ouvrière contre-attaque
» ou «
grève générale jusqu’au retrait
».

De leur côté, les réformistes (CFDT, CFTC et Unsa et la FAGE pour les étudiants) ont organisé un « rassemblement militant » sur le double thème des réfugiés et de la loi travail.

«
Nous continuons à nous battre pour que le texte soit amélioré au Parlement
», a déclaré Laurent Berger, numéro un de la CFDT.

«
Plutôt qu’une démarche d’opposition systématique, nous sommes engagés dans un combat pour faire rééquilibrer la loi travail
», a expliqué Luc Bérille, secrétaire général de l’Unsa.

Depuis 2013, CGT et CFDT ne défilent plus ensemble le 1er mai, leur relation s’étant dégradée après l’approbation par la centrale de Laurent Berger de l’accord sur la sécurisation de l’emploi, dénoncé par la CGT. Le projet de loi travail n’a fait qu’aggraver leurs divisions.

La particularité « Nuit debout »

Le 1er mai cette année prend une tournure spécifique avec l’avènement de «
Nuit debout
», lancé au soir du 31 mars, jour de la plus grosse mobilisation contre la loi travail (390.000 personnes dans 250 villes, selon les autorités ; 1,2 million selon les organisateurs). Dimanche, des responsables syndicaux ont prévu de se rendre place de la République, mais pas les nº1.

Léa, 19 ans, participante de « Nuit debout », a battu le pavé à Bordeaux, estimant « normal de venir défiler » un 1er mai : Nuit Debout « a besoin des syndicats, comme eux ont besoin de nous. C’est la convergence des luttes, le seul moyen de faire bouger les choses ».

La journée des travailleurs, célébrée dans de nombreux pays, est née à Chicago en 1886 à l’initiative d’un mouvement syndicaliste réclamant la journée de travail de huit heures.

L’année dernière, le 1er mai avait réuni 110.000 personnes, selon la CGT, 76.000 selon la police un peu partout en France.

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