Vendin-le-Vieil , la prise d’otage ravive la colère des personnels de la prison

Vendin-le-Vieil , la prise d'otage ravive la colère des personnels de la prison

La prison de Vendin possède un double. La maison centrale de Condé-sur-Sarthe a été conçue à l’identique et reçoit les mêmes profils de détenus (longues peines ou au comportement plus problématique). Depuis son ouverture il y a 3 ans, elle a connu une prise d’otage, contre deux à Vendin en moins de deux ans.

«
Inévitablement, de tels événements peuvent survenir dans un établissement comme celui de Vendin
», relativisait au soir de la seconde prise d’otage le directeur de la maison centrale de Vendin-le-Vieil, Richard Bauer. « Inévitables » les prises d’otages «
Ce sont des choses qui arrivent dès lors qu’on fonctionne d’une façon qui n’était pas prévue au départ. Condé, on l’a ouvert en diminuant les effectifs du personnel. Quand on met tout bout à bout’, rapporte Philippe Devique, responsable de l’antenne régionale UFAP de Rennes. Malheureusement les agressions, ce n’est pas exceptionnel, mais on ne peut pas dire que c’est normal. On a commencé à banaliser les agressions dans ce genre d’établissement avec le profil des détenus, après on va justifier les prises d’otages, les évasions’
»

A Condé-sur-Sarthe, on ne dédouane pas les détenus mais ce surveillant, responsable de l’union locale Ufap, explique pourquoi ils peuvent être, encore un peu plus, difficiles à encadrer. «
En maison d’arrêt, on a affaire à des personnes qui n’ont pas encore été jugées et qui ont un intérêt à se tenir à carreaux, explique cet ancien de la maison d’arrêt de Fleury-Mérogis. En maison centrale, on se trouve face à des longues peines
» et les détenus ont moins à « espérer ».

Mise sous tutelle

Un contexte auquel sont préparés les personnels d’établissements comme Vendin ou Condé. «
Mais les détenus arrivent à se fabriquer beaucoup d’armes artisanales
», poursuit le fonctionnaire de Condé-sur-Sarthe.

Si on «
ne s’étonne pas
» à Condé, à Vendin, on s’indigne. Mercredi matin, en guise de protestation, des surveillants ont tourné le dos, littéralement, à leur directeur. Pour eux, la prise d’otage est une illustration bien malheureuse des dysfonctionnements déjà mis en lumière par le débrayage du mois de juin. La pièce de four qui a servi d’arme «
Une broche, assure-t-on en interne, qui n’aurait pas dû se trouver à portée des détenus.
»

«
Ce que nous voulons maintenant, c’est que notre directeur interrégional, Alain Jego, prenne la tutelle de l’établissement
» : des représentants UFAP, FO et CGT et le directeur de la prison de Vendin ont rendez-vous avec lui ce mardi. Un rendez-vous programmé le matin-même de la prise d’otage, mais dont l’ordre du jour a sans doute été depuis rallongé.

Les détenus jugés ce vendredi’

Les détenus qui ont retenu sous la menace un surveillant durant près de 3 heures ont été, dès leur interpellation mardi, placés en garde à vue. Ce mercredi, ils étaient toujours dans les locaux de la direction interrégionale de la police judiciaire à Lille où ils étaient entendus pour savoir notamment comment ils ont réussi à confectionner ce qui leur a servi d’arme. «
Cela témoigne d’une préméditation
», a expliqué le procureur qui rappelait son intention d’agir de façon «
ferme et immédiate
». «
On ne tolérera pas la moindre agression du personnel pénitentiaire, qui plus est dans une maison centrale (de niveau de sécurité maximale).
» Le précédent détenu qui avait pris en otage le directeur adjoint de la prison le 9 septembre 2015 a été condamné en appel à 6 ans de prison supplémentaires.

Les deux auteurs de cette prise d’otage pourraient passer devant les juges en comparution immédiate ce vendredi.

Les conseillers d’insertion mécontents

Un autre mouvement, national celui-ci, agite le monde pénitentiaire depuis 5 mois. Les conseillers d’insertion et de probation dénoncent «
le mépris de leur profession
». Une revalorisation salariale appliquée en décembre à tous les fonctionnaires pénitentiaires, sauf à leur filière, a mis le feu aux poudres, rapporte Anne Legras, secrétaire générale du SNEPAP-FSU. Une reconnaissance qui serait pourtant bienvenue par rapport à l’augmentation de leurs missions et de leurs compétences. Ces conseillers qui travaillent aussi bien en milieu ouvert que dans les prisons, aussi bien au contact avec les familles que dans l’insertion, insistent sur leur rôle fondamental au côté des gardiens.

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