Vendée Globe , dernière ligne droite pour et par Samantha Davies

Vendée Globe , dernière ligne droite pour et par Samantha Davies

Plus que quelques jours avant que les leaders n’atteignent les Sables d’Olonne, le port de départ du Vendée Globe. Plus que quelques milles avant la rédemption du steak-frite et du bain de foule. Ce serait si simple pour Armel si un Gallois n’avait pas décidé de ne rien lâcher’ Mais voilà, Le Cléac’h (Banque Populaire) leader contesté par Alex Thomson (Hugo Boss) depuis qu’il a pris la tête de la flotte il y a plus d’un mois, n’est pas à l’abri d’un retournement de situation ou d’un coup du sort.

« La fin de course va être compliquée avec une météo qui n’est pas forcément favorable. Je manque de vent depuis quelques jours mais je fais avec. Hier la journée n’a pas été facile, avec une zone sans vent qui n’était pas forcément prévue sur les fichiers météos. Il reste du chemin à parcourir et on ne va pas du tout droit jusqu’au Sables d’Olonne. Il va falloir faire du chemin en plus, dans des conditions variées. Le match avec Alex va être serré jusqu’au bout, il va y avoir de la bagarre. Je vais m’accrocher ! ». Armel y croit comme les bookmakers d’ailleurs qui le donnent toujours gagnant. Mais en 2017, les sondeurs n’ont pas le vent en poupe’ Alors gare.

Si pour eux deux, le Vendée devrait prendre bientôt fin, pour le reste de la flotte, les effluves du port Olona sont toujours un fantasme. Le Cap Horn n’est pas encore passé, ils devront ensuite penser à garder leur bateau en bon état pour remonter l’Atlantique Sud puis l’Atlantique Nord’ soit encore un bon mois devant eux. Pour Samantha Davies, le public va pouvoir suivre un autre Vendée Globe, plus dans le partage que dans la performance.

Armel Le Cleac’hPhoto envoyée depuis le bateau Banque Populaire VIII le 1er Janvier 2017

« C’est génial ! Le scénario rêvé pour ces derniers milles avec un tête-à-tête international entre un bateau français et britannique. Le public suit cette fin de course comme si c’était du match racing [régate entre deux bateaux, ndSLPLM]. Mais on oublie que les deux bateaux sont en mer depuis deux mois avec une remontée de l’Atlantique qui n’est pas simple.

En 2009, la remontée était beaucoup plus dure que cette édition. Je me disais « pourvu que le bateau tienne’ » et moi aussi. Après deux mois de course, cela fait longtemps qu’on ne mange plus de légumes. Physiquement le corps est beaucoup plus faible et susceptible à la blessure. On manque d’énergie mais on doit constamment vérifier le bateau en espérant qu’on ne passe pas à côté de quelque chose de grave.

En tête de cette fin de course [l’arrivée est prévue entre le 18 et le 20 janvier, ndSLPLM], ce sont deux marins qui ont déjà expérimenté cette remontée : trois fois pour Armel Le Cléac’h et deux fois pour Alex Thomson. J’ai pu discuter avec Armel lors du Salon nautique à Londres et il a dit qu’il a déjà connu cette pression. La première fois en 2008, il avait beaucoup d’écart entre lui et Michel Desjoyeaux mais en 2012, il était au contact avec François Gabart, ce qui l’aide beaucoup à gérer cette pression. C’est un vrai plus pour lui parce que la situation n’est pas classique. Les logiciels météo ne sont pas fiables dans ces alizés qui sont très faibles ce qui ajoute une pression supplémentaire. Mais Armel avait l’air très calme. Son expérience lui permet de très bien contrôler. Il doit sûrement garder un il sur les trajectoire de Hugo Boss qu’il simule sur le logiciel Adrena.

Alex, lui, est dans une position plus confortable. Il sait que la pression est sur le leader et qu’Armel touchera le premier la pétole [vent très faible, ndSLPLM]. Au dernier pointage, il était à plus de 100 milles d’Armel mais il est sans cesse en train de se rapprocher. Aussi, Jérémy Beyou (Maître CoQ), 3e, est loin derrière lui ce qui lui permet de tenter sans craindre de se faire dépasser. A part une casse technique, il est sûr d’arriver au moins deuxième. Alors même s’il sait qu’Armel maîtrise très bien la course, il va tout tenter.

Nandor Fa Spirit of Hungary

Juste derrière, Jean-Pierre Dick (Virbac-StMichel) a l’air d’avoir pris l’avantage sur Jean Le Cam (Finistère Mer Vent) et Yann Eliès (Quéguiner-Leucémie Espoir). Jean et Yann peuvent accélérer en navigant à deux et se rapprocher de Jean-Pierre mais dès qu’il rentrera dans des conditions à foils, il reprendra de l’avance.

Un exploit humain d’autant plus incroyable

Pour le reste de la flotte qui n’a pas encore passé le Cap Horn [huit bateaux sont encore dans le Pacifique, ndSLPLM], dès que le vainqueur sera annoncé, ça va être dur mentalement. Le point positif est que le public, lui, va commencer à plus s’intéresser à cette deuxième partie de la flotte qui est plus dans le partage.

En 2009, quand Michel Desjoyeaux avait terminé, je me trouvais dans les alizés et c’était déjà compliqué. On pense que tout le monde va nous oublier ! Même si on sait que ce n’est pas le cas, ce n’est pas simple. Tous les concurrents se sentent très proches parce qu’ils vivent le même challenge. C’est donc difficile d’imaginer que l’un des leurs va retrouver sa famille, ses proches, l’ambiance des Sables, les médias, qu’il va manger un steack-frite, que son équipe technique va pouvoir mettre le bateau au chantier’ Et là, on ouvre les yeux et on se dit qu’on doit encore remonter tout l’Atlantique ! Et pour eux, ce sera de plus en dur car les bateaux font peut-être le même nombre de milles que les premiers mais ils passent beaucoup plus de temps en mer. L’usure, du bateau et de l’homme, n’est pas du tout la même. C’est ce qui rend leur exploit d’autant plus incroyable humainement. »

Samantha Davies collabore au sein de The Magenta Project, une organisation qui soutient les sportives dans la voile professionnelle et promeut le rôle positif des femmes dans la société.

Propos recueillis par Emmanuel Versace

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