Une mosquée fermée pour  menace contre la sécurité  à Aix-en-Provence

Une mosquée fermée pour  menace contre la sécurité  à Aix-en-Provence

La mosquée Dar-es-Salam, dite du Calendal, est dans le collimateur du ministère de l’intérieur en raison des prêches de son imam, Charef M’Rabet.

Le Monde
| 02.02.2017 à 12h44
Mis à jour le
02.02.2017 à 15h17
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Par Luc Leroux (Marseille, correspondant)

Haut lieu du salafisme dans les Bouches-du-Rhône, la mosquée Dar-es-Salam, dite du Calendal, à Aix-en-Provence, a été fermée, mardi 31 janvier, à la demande de Bruno Le Roux. Le ministère de l’intérieur a annoncé cette décision mercredi 1er février. Affiché sur la porte métallique de cette salle de prière installée au pied d’une barre d’immeubles HLM, dans le quartier périphérique d’Encagnane, l’arrêté de fermeture, signé du préfet de police des Bouches-du-Rhône, invoque « une menace grave pour la sécurité et l’ordre public ».

Cette mosquée est dans le collimateur des autorités en raison des prêches de son imam, Charef M’Rabet. Chaque vendredi, ce religieux originaire de Vitrolles attire quelque 300 fidèles, dont une partie occupe l’espace public devant le bâtiment. Dans ses interventions qualifiées dans l’arrêté préfectoral de « radicales, appelant à la discrimination et à la haine et axées sur son animosité à l’égard des autres cultes », tout comme sur sa page Facebook « Da’wah Salafiyah Aix-en-Provence », ce « porte-voix » du salafisme prône un islam radical « hostile aux chrétiens, aux juifs, au soufisme et au chiisme ».

M. M’Rabet s’était ainsi insurgé contre l’appel du Conseil régional du culte musulman invitant les musulmans à participer à une messe dans une église le dimanche suivant l’assassinat du Père Jacques Hamel à Saint-Etienne-du-Rouvray (Seine-Maritime), le 26 juillet 2016. Un prêche prononcé le 17 juillet aurait aussi incité à la haine des chrétiens et justifié le recours au djihad armé, selon le préfet de police Laurent Nuñez.

Plus largement, cette petite mosquée serait le creuset d’un prosélytisme dirigé vers la population de ce quartier défavorisé, conduit par une nièce de l’imam et une poignée « d’activistes ». « Les pressions quotidiennes exercées sur les habitants provoquent un repli communautaire et se traduisent par un changement des comportements affectant particulièrement la sphère éducative », indique l’arrêté.

Dix perquisitions administratives

Ce serait au milieu des années 2000, avec l’arrivée de l’imam Charef M’Rabet, que cette petite salle de prière jusque-là proche de la Mosquée de Paris aurait pris une coloration salafiste. « Un salafisme quiétiste, littéral, radical, très démarqué de la société française, explique un ancien habitué de Dar-es-Salam, sans pour autant promouvoir la violence et le djihad armé. » « Pour ces salafistes-là, assure celui-ci, Daech [l’organisation Etat islamique] c’est l’ennemi absolu. » Ce fidèle s’était fait tancer parce que son maillot de foot du Brésil portait une croix. La mosquée accueille des femmes revêtues du voile intégral et, précise ce témoin, « une autre tenue vestimentaire provoque des regards désapprobateurs ». Selon un responsable musulman marseillais, l’imam de Dar-es-Salam « n’arrête pas d’excommunier et de jeter l’anathème sur ses camarades au moindre écart ».

C’est la première fois que le préfet de police ferme une mosquée dans les Bouches-du-Rhône, où une dizaine de lieux de prière ont fait l’objet d’une perquisition administrative depuis l’instauration de l’état d’urgence, en novembre 2015. En février 2016, au lendemain d’une perquisition conduite à Dar-es-Salam, un responsable de la mosquée démentait une fréquentation par de jeunes radicalisés ou des prodjihadistes. Contactée au sujet de la fermeture, l’association de la mosquée n’a pas souhaité s’exprimer.

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