Un routier accidenté sur l’A1 , J’hésite à remonter dans mon camion

Suite aux multiples accidents de mercredi sur l’A1, dans lequel il s’est retrouvé impliqué alors qu’il était à l’arrêt, le chauffeur routier de Beuvry-la-Forêt est encore très marqué. Physiquement d’abord. Cet homme de 33 ans, marié et père de famille, doit passer une IRM. « 
Je suis à béquilles, je n’arrive plus à bouger les orteils
 » explique-t-il. Psychologiquement aussi. Il a prévu un suivi avec un psy. « 
Hier, j’ai pris l’autoroute avec mon père, j’étais en panique, pas rassuré, témoigne-t-il. Mais je suis bien entouré, j’ai ma femme, mes enfants, ma famille. Juste après l’accident, la photo de mon fils est tombée du camion. Cela me fait beaucoup réfléchir. On a une famille derrière
 ».

« Je me suis retourné pour prendre une bouteille d’eau dans le frigo et j’ai vu le pare-brise »

Sur les circonstances du carambolage, le routier sait simplement que les quatre camions étaient à l’arrêt dans les bouchons quand le poids lourd Intermarché est arrivé pour pousser tout le monde. « 
Un fourgon de la DDE annonçait un accident, on était tous à l’arrêt, on n’a même pas pu bouger, raconte-t-il. Vous savez, on roule carreau fermé. Je me suis retourné pour prendre une bouteille d’eau dans le frigo et j’ai vu le pare-brise. Cela va tellement vite
 ».

Au-delà de son traumatisme personnel, le chauffeur routier dit ne pas comprendre le torrent de réactions qui s’abat sur le comportement prétendu dangereux de ses collègues de la route. Quand bien même les gendarmes estiment que la cause des accidents incombe probablement aux routiers dans le cas présent.

« 
C’est du grand n’importe quoi, coupe-t-il. En quinze ans, je n’ai jamais eu un accident. Aujourd’hui, j’hésite à remonter dans mon camion alors que j’adore ça et qu’on est routier de père en fils. Certains routiers roulent vite, c’est vrai, téléphonent c’est clair, mais il y a la pression du patron, du client. Par contre, on ne parle pas du comportement des autres automobilistes. Quand je vois des voitures nous doubler comme des fous pour gagner rien du tout juste parce que ça les agace d’être derrière un camion’ On voit aussi des commerciaux avec leur ordinateur sur les jambes. Là on ne dit rien. Les commentaires, je ne les comprends pas. Les gens devraient faire un tour en camion pour se rendre compte
 ».