Un drone à l’assaut du frelon asiatique

Un drone à l'assaut du frelon asiatique

Danel Solabarrieta (CC BY-SA 2.0)

L’utilité des drones dans le secteur de l’agriculture n’est pas toujours facile à cerner. En revanche, pour ce qui concerne la lutte contre le frelon asiatique, la tâche qui incombe au Spray Hornet, un quadricoptère commercialisée par Drone Volt , est on ne peut plus claire : détruire les nids de frelons asiatiques en les aspergeant d’un biocide. Vespa velutina, faut-il le rappeler, a débarqué accidentellement en France, dans le sud-ouest, il y a douze ans des reines étaient présentes dans un chargement de poteries en provenance de Chine et il a investi un tiers du territoire. Ce frelon se nourrit, entre autres, d’abeilles dont il se saisit à la sortie des ruches. Ses dégâts sont à l’origine de la disparition de très nombreuses colonies car l’européenne apis mellifera contrairement à l’asiatique apis cerana n’est pas capable de se défendre contre lui.

Le nid du frelon asiatique, dont on peut comparer le gabarit à celui d’un (très) gros ballon de basket, s’installe souvent en haut des arbres, ce qui rend sa neutralisation difficile et parfois dangereuse en utilisant des perches ou des échelles. L’idée de recourir à des drones ne date pas d’hier mais peu d’appareils étaient spécialement adaptés à ces opérations. Le Hornet (frelon, en anglais) Spray a été conçu avec LGF (Landes Guêpes et Frelons), une entreprise installée entre Dax et Mont-de-Marsan, spécialisée dans la désinsectisation. Développé sur la base d’un Matrice de DJI, plate-forme destinée aux développeurs, ce drone pèse 3,1 kilos et embarque une bombe aérosol de 750 grammes que déclenche un servo-treuil. Pour des raisons réglementaires, il est pourvu d’un parachute. « On positionne le drone entre 2 et 4 mètres du nid et l’on dirige le jet sur la partie d’où entrent et sortent les frelons ; une opération délicate que facilite la stabilité du drone » détaille Etienne Roumailhac, fondateur de LGF et également apiculteur.

Drone Volt

L’autonomie de ce drone qui peut aussi aller taquiner des nids de guêpes est de 9 à 18 minutes selon qu’il embarque une ou deux batteries. Diffusé par Drone Volt, qui vient également de mettre au point un drone capable de traiter les toits et un autre, équipé de dix caméras pour filmer à 360 degrés, le Hornet Spray est facturé 9 900 euros hors-taxes (11 880 euros TTC) mais, font valoir ses concepteurs, il est destiné à réaliser d’importants gains de productivité. « Avec des moyens classiques, neutraliser un nid prend facilement une heure. Avec cet équipement, dix minutes peuvent suffire » assure le fondateur de LGF qui s’attaque chaque année à 500 nids et précise que la rémanence du produit est de 48 heures.

Drone Volt

Le déploiement de drones ne permettra pas d’éradiquer le frelon asiatique surtout dans le sud-ouest où il prolifère. Selon le responsable de LGF, consacrer des moyens importants peut néanmoins permettre de réduire d’un tiers la population de vespa velutina. Outre la destruction systématique de nids, la lutte ce prédateur peut passer par le piégeage des reines juste avant qu’elles fondent une colonie qui s’opère au printemps. Certains apiculteurs estiment toutefois que cette pratique peut être contre-productive. Le drone (qui signifie en anglais faux-bourdon, autrement-dit abeille mâle) met tout le monde d’accord.

Jean-Michel Normand

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