Turquie , les journalistes de Cumhuriyet Can Dündar et Erdem Gül condamnés à cinq ans de prison

Turquie , les journalistes de Cumhuriyet Can Dündar et Erdem Gül condamnés à cinq ans de prison

Le Monde
| 06.05.2016 à 17h39
Mis à jour le
06.05.2016 à 19h44
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Par Marie Jégo (Istanbul, correspondante)

Les deux journalistes de Cumhuriyet Can Dündar et Erdem Gül ont été respectivement condamnés à cinq ans et dix mois et à cinq ans de prison par le tribunal de Caglayan, à Istanbul, vendredi 6 mai. Les deux hommes risquaient la prison à vie pour avoir divulgué dans leurs articles un trafic d’armes organisé par les services secrets turcs (MIT) à destination de la rébellion en Syrie.

L’audience à huis clos des journalistes venait juste de marquer un temps de pause vendredi après-midi. A peine sortis de la salle, Can Dündar et Erdem Gül sont allés à la rencontre du groupe de journalistes qui font le pied de grue sur le parvis, avides d’informations car empêchés d’accéder au procès qui se déroule à huis clos.

Au moment où Can Dündar quittait le groupe en compagnie de sa femme, Dilek, un homme a surgi. « Traître », a-t-il lancé à l’adresse du rédacteur en chef de Cumhuriyet. Puis il a tiré trois balles dans sa direction. Can Dündar n’a pas été touché, mais le journaliste Yagiz Senkal, de la chaîne de télévision NTV, a été légèrement blessé à la jambe. « Je ne sais pas qui m’a attaqué, mais je sais qui l’a encouragé en faisant de moi une cible », a déclaré Can Dündar à la presse.

L’assaillant interpellé

L’attaquant a rapidement été neutralisé par des personnes qui se trouvaient sur le parvis, avant d’être interpellé par la police. Des images diffusées par les chaînes de télévision montrent des policiers en civil qui tiennent l’homme en joue et lui demandent de soulever sa veste pour prouver qu’il n’a pas d’autre arme que le pistolet qu’il a jeté. Selon l’agence Dogan, il s’agirait de Murat Sahin, 40 ans, originaire de Sivas, une ville conservatrice du nord-est de la Cappadoce.

Le procès des deux journalistes d’opposition est particulièrement scruté, il a valeur de test à un moment où les libertés fondamentales sont mises à mal en Turquie. Le président Recep Tayyip Erdogan et le MIT se sont constitués parties civiles, leurs avocats insistaient pour que la charge de « terrorisme » figure au dossier. Mais le procureur ne les a pas suivis, refusant également la charge d’espionnage. Vendredi, le tribunal délibérait de « la révélation de secrets d’Etat », la dernière charge retenue contre les deux journalistes.

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