Troisième jour d’une mutinerie géante dans une prison du régime syrien

Troisième jour d'une mutinerie géante dans une prison du régime syrien

Au troisième jour de la mutinerie géante qui a éclaté dans la prison de Hama, contrôlée par le régime syrien, la tension restait extrême dans et aux abords du centre de détention, dont les bâtiments sont entièrement contrôlés par les 875 détenus politiques, dont 40 condamnés à mort, qui y étaient enfermés (sur un total de plus de 1 200 prisonniers). La situation évoluant au gré des heures entre tentatives de négociations, dialogue de sourds et crainte d’un assaut des forces du régime.

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Joint par téléphone, Hassan Al-Omari, un activiste du centre médiatique de Hama en contact via la messagerie WhatsApp avec les mutins, explique que les négociations entre les prisonniers et le régime étaient, mercredi 4 mai en fin d’après-midi, interrompues après quelques avancées la veille et un accord pour une « trêve » de 24 heures. Le régime s’engageant à ne pas donner l’assaut et les prisonniers à ne pas s’en prendre à la dizaine de gardiens et officiers de police de la prison qu’ils détiennent.

« Une trentaine de détenus politiques sont sortis de la prison sans contrepartie des autorités ; dont une partie a été transférée vers des zones rebelles ce matin. Le régime a fait parvenir aux révoltés une nouvelle liste d’une vingtaine de noms qu’il est prêt à laisser partir. Mais les mutins réclament désormais la libération de tous, sous supervision de la Croix-Rouge ou de l’ONU, et leur transfèrement vers les zones libérées. Ils refusent de discuter au cas par cas », explique-t-il. Ce dont le régime ne veut pas entendre parler. « Les mutins ne libéreront pas les gardiens et officiers de police de la prison qu’ils détiennent par crainte d’un assaut, cela reviendrait à ouvrir les portes de la prison aux forces du régime. »

Les prisonniers de la division « terrorisme » de la prison la dénomination officielle de l’aile qui héberge prisonniers politiques et combattants se sont révoltés, lundi 2 mai à la mi-journée, et ont pris en otage les gardiens et policiers. Au départ, c’est le transfèrement d’un certain nombre de détenus de Hama, dont au moins cinq condamnés à mort dont ils craignent l’exécution prochaine, à la prison militaire de Sednaya, située au nord de Damas, à 200 kilomètres au sud, qui a déclenché la mutinerie.

« Moyen de pression » et combats

« L’électricité comme l’eau sont depuis régulièrement coupées par les forces du régime comme moyen de pression. Et très peu de vivres sont parvenus aux prisonniers ; mais le plus inquiétant est le déploiement en force de miliciens et soldats du régime dans la cour et sur les toits », ajoute Hassan Al-Omari. D’autres activistes de la ville font état de la présence de blindés et de pick-up portant des mitrailleuses lourdes et des canons antiaériens autour du centre de détention.

Dans une vidéo postée depuis l’intérieur, mercredi, où l’on peut voir des militaires et miliciens dans la cour de la prison, un détenu appelle les groupes armés de l’opposition à soutenir les mutins en maintenant la pression sur les forces du régime. Lundi, Ajnad Al-Cham, un groupe insurgé opérant près de Hama, avait menacé de bombarder les milices gouvernementales dans les localités alentours en réponse aux mauvais traitements subis par les détenus. Mardi, de violents combats qui continuent ont éclaté au nord-est de la ville.

A Hama, les forces de sécurité syriennes avaient tenté une première fois de donner l’assaut à la prison, lundi au soir, avec une utilisation massive de gaz lacrymogènes. Sans succès. « Tous les accès et portes de la prison ont été fermés et barricadés par les prisonniers », explique Hassan Al-Omari. Mais des départs d’incendies ont été signalés et filmés par les détenus, lesquels faisaient état d’au moins deux cents blessés, la plupart en situation de détresse respiratoire.

Une précédente tentative de révolte avait eu lieu en août ; les résidents s’étaient soulevés pour protester contre leurs conditions de détention et la sévérité des peines, les vexations, la brutalité et les humiliations qu’ils subissent. Mais la révolte avait été contenue et les détenus n’étaient pas parvenus à prendre le contrôle de la prison, comme c’est le cas aujourd’hui.

Dans un rapport publié en février, les Nations unies accusaient le régime de Bachar Al-Assad d’« exterminer » ses détenus en décrivant une situation particulièrement dramatique dans les prisons et centres de détention tenus par le régime de Damas : des prisonniers étant battus à morts, torturés, laissés sans soins ou mourant en raison de « conditions de vie inhumaines », notamment dans des cellules surpeuplées et dépourvues d’hygiène, de nourriture et d’eau potable.

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