Traversée de la Manche à la nage , interdit en France encadré en Angleterre

Chaque année, entre 200 et 300 nageurs s’engagent dans une traversée de la Manche. À chaque fois, depuis les côtes anglaises jusqu’au littoral français. L’issue de cette performance est parfois tragique. Samedi soir, un Britannique de 45 ans a été victime d’un malaise alors qu’il arrivait au terme de son effort. Il est décédé dans la nuit de samedi à dimanche (lire aussi notre édition d’hier).

Un paquebot met plusieurs kilomètres à s’arrêter

Une pareille entreprise sportive est «
très dangereuse
», rappelle la préfecture maritime de la Manche et de la mer du Nord (Premar). Les autorités françaises l’interdisent au départ de nos côtes (lire aussi ci-dessous). Premier argument : la densité du trafic maritime.

L’officier de communication Ophélia Patry explique : « Chaque jour, il y a entre 400 et 600 navires commerciaux qui circulent dans le détroit du Pas-de-Calais, auxquels s’ajoutent les bateaux de pêche ou de plaisance. Ces navires commerciaux, au vu de leur très grande taille, ont une visibilité restreinte. Et plusieurs kilomètres sont nécessaires pour qu’ils s’arrêtent. » En plus du parcours périlleux entre ces monstres des mers, les nageurs doivent composer avec les courants.

Augmentation des tentatives malgré le risque

Pour limiter les risques, les sportifs qui s’élancent de l’Angleterre doivent obligatoirement être accompagnés d’une embarcation équipée d’un système AIS (un émetteur-récepteur qui permet d’être géolocalisé). Outre-Manche, seules deux associations proposent un tel encadrement.

Lors de chaque traversée, elles doivent prévenir le CROSS* Gris-Nez, qui surveille sur les radars le transit des navires et l’évolution du nageur via son équipe encadrante.

Malgré ces précautions, Ophélia Patry insiste : «
Le préfet maritime interdit cette pratique depuis la France car il y a un risque pour la vie des personnes. Mais aussi pour les navires qui traversent le détroit. » Pourtant, chaque année, la Premar observe une augmentation du nombre de tentatives de traversée.

* Centre régional opérationnel de surveillance et de sauvetage.

POUR LES ANGLAIS, C’EST CULTUREL

Franchir la Manche à la nage est interdit depuis la France vers l’Angleterre, mais autorisé dans l’autre sens. Pourquoi Pour une histoire de tradition. La Premar évoque une pratique ancrée dans le patrimoine culturel de l’Angleterre. Et les traversées ont beaucoup de retentissement lorsqu’elles ont un but caritatif.

En France, un arrêté de la Premar rappellel’interdiction de la nage dans les eaux territoriales du détroit «
même en présence de navires ou embarcations d’escorte chargé d’assurer la sécurité du ou des pratiquants
» et précise que «
cette interdiction ne s’applique pas aux nageurs qui effectuent une traversée de la côte britannique vers la côte française, [‘] à condition que la traversée réponde aux prescriptions des autorités britanniques notamment quant aux moyens d’accompagnement et de sécurité
».

Pour ceux qui ne respectent pas cet arrêté, le code pénal prévoit une contravention de première classe et le code des transports prévoit six mois d’emprisonnement et 15 000 d’amende.