Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur la Station spatiale internationale

Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur la Station spatiale internationale

Qu’est-ce que l’ISS ‘ Qu’y fait-on Toutes les réponses aux questions que vous vous posez sur la Station spatiale internationale.

Le Monde
| 17.11.2016 à 11h51
Mis à jour le
17.11.2016 à 17h58
|

Par Gary Dagorn

Qu’est-ce que l’ISS ‘

L’ISS est l’unique station spatiale internationale et la plus grande actuellement en service. La station se déplace autour de la Terre sur une orbite basse à une altitude comprise entre 360 et 400 kilomètres et fait le tour de notre planète en quatre-vingt-dix minutes. Sa vitesse moyenne est de 27 600 km/h (soit 7,66 km/s), assez rapide pour faire un Paris-New York en’ treize minutes.

La station connaît une alternance de 45 minutes dans l’obscurité et de 45 minutes exposée au Soleil 16 fois par jour. Ce qui fait autant de couchers et de levers de soleil.

Le volume habitable de la station est de 388 mètres cubes (petite visite en vidéo ici). La station est longue de 109 mètres, large de 73 mètres, pèse 419 tonnes et comporte des dizaines de modules assemblés entre 1998 et 2011. C’est l’objet le plus complexe et le plus massif assemblé dans l’espace. C’est aussi le plus coûteux jamais fabriqué par l’homme. On estime que sa construction a coûté 150 milliards de dollars.

A quoi sert l’ISS ‘

L’ISS est principalement un grand laboratoire scientifique où sont menées des centaines d’expériences prenant avantage de la microgravité de la station, comme nous vous l’expliquons dans cette vidéo :

Le Français Thomas Pesquet, qui est le dixième Français à partir dans l’espace, aura pour sa part une centaine d’expériences différentes à mener pendant les six mois de son séjour à bord de la station, dont la moitié est menée pour le compte de l’ESA (l’Agence spatiale européenne) et le quart est sous leadership français. Le CNES (Centre national d’études spatiales) finance sept de ces expériences.

Les expériences confiées à Thomas Pesquet concerneront principalement la santé et la médecine. Un nouveau détecteur d’agents pathogènes capable d’identifier des microbes bien plus rapidement qu’avant sera par exemple installé au sein de l’ISS. Les effets de l’impesanteur sur le corps de notre spationaute seront étudiés de près grâce à un suivi médical particulièrement étroit.

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D’autres domaines sont concernés par les expériences, comme la physique des fluides ou encore la recherche sur les matériaux.

Qui paye pour l’ISS ‘

La station est cogérée par cinq agences spatiales : la NASA (Etats-Unis), Roscosmos (Russie), l’ESA (Europe), JAXA (Japon) et l’ASC (Canada) et est financée par quinze pays (Etats-Unis, Russie, Japon, Canada et onze pays européens, dont la France).

Ces quinze pays ont signé un accord intergouvernemental de coopération le 29 janvier 1998. La majorité des coûts est supportée par la NASA et, dans une moindre mesure, par Roscosmos, l’agence russe. Les partenaires européens, canadiens et japonais participent également au financement de l’ISS, mais de façon moindre.

Combien de personnes sont dans l’ISS actuellement ‘

L’ISS héberge actuellement trois personnes : les Russes Andreï Borisenko et Sergueï Ryzhikov, ainsi que l’Américain Shane Kimbrough, et en comptera six dès que Thomas Pesquet et ses deux collègues (l’Américaine Peggy Whitson et le Russe Oleg Novitskiy) rejoindront la station.

Chaque groupe de trois astronautes séjourne six mois dans la station avant de céder la place à un nouveau groupe de trois autres personnes. Les six occupants de la station forment un groupe appelé « expédition ». Dès qu’un groupe de trois astronautes part de la station, un autre arrive, commençant une nouvelle « expédition ».

L’expédition 50 a débuté le 30 octobre 2016 avec le départ des trois derniers membres de l’expédition 49 et s’achèvera en février 2017. Thomas Pesquet fera partie de la seconde partie de l’expédition 50 et de la première partie de l’expédition 51, jusqu’à son départ de la station, en mai 2017.

La plupart des spationautes séjournent six mois, mais certains ont effectué des séjours prolongés. Récemment, Scott Kelly (Etats-Unis) et Mikhail Kornienko (Russie) ont effectué un séjour d’un an.

Combien y a t-il eu de spationautes dans l’ISS ‘

Si l’on compte le lancement de ce soir, 228 personnes ont séjourné à bord de l’ISS depuis qu’elle est habitée, il y a seize ans. Les Américains (astronautes) et les Russes (cosmonautes) représentent la majorité d’entre eux avec respectivement 143 et 47 spationautes. Cela s’explique par le fait que ces deux pays financement la majorité du programme.

Le traité de 1998 prévoit en effet que le droit d’utilisation et de séjour à bord de l’ISS est conditionné au prorata des investissements des différentes agences spatiales. L’agence spatiale européenne dispose de 8,3 % de l’utilisation de la station et du « temps d’équipage ».

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Trois Français ont séjourné à bord de la station auparavant : Claudie Haigneré, Philippe Perrin et Léopold Eyharts. Mais seul ce dernier a participé à un séjour longue durée à bord de la station. Eyharts y est resté quarante-huit jours entre février et mars 2008, lors de l’expédition 16.

Comment voyage-t-on jusqu’à l’ISS ‘

Jusqu’en 2011, les spationautes pouvaient rejoindre l’ISS par deux véhicules de transport : la navette spatiale américaine, lancée à cap Canaveral, en Floride, et le vaisseau Soyouz tiré de Baïkonour, au Kazakhstan.

Depuis la mise en retraite de la navette américaine, en juillet 2011, le vaisseau russe Soyouz est pour l’instant le seul moyen d’atteindre l’ISS, rendant les Etats-Unis dépendant de la Russie pour y envoyer ses astronautes. Une dépendance qui devrait prendre fin en 2017 avec les premiers vols habités des capsules de Boeing et de SpaceX jusqu’à la station.

Quelle est la journée type d’un astronaute ‘

Pour des raisons pratiques relatives à la coopération russo-américaine, l’heure officielle à bord de la station est réglée sur Greenwich (UTC + 0, soit une heure de moins qu’en France).

L’équipage se réveille à 6 heures (7 heures, heure française) et procède à quelques inspections matinales avant de petit déjeuner vers 7 heures. A 7 h 30, l’équipage s’entretient en conférence avec les équipes au sol (à Houston et à Moscou) afin de préparer les activités de la journée.

La journée, de 8 heures à 13 heures, puis de 14 heures à 18 heures, est consacrée aux expériences scientifiques, aux opérations de maintenance de la station ou à l’entretien physique (deux heures trente d’activité physique par jour).

La réunion de préparation du lendemain a lieu à 18 heures et une seconde conférence avec Houston et Moscou se tient à 19 heures. Le temps libre des spationautes est accordé après la conférence, de 19 h 30 à 21 h 30.

A quel territoire appartient l’ISS, légalement ‘

Le traité signé en 1998 stipule que la loi des pays signataires s’applique dans les modules qu’ils ont financés au sein de la station, y compris en matière pénale et donc criminelle. Si par exemple Peggy Whitson décidai d’assassiner son collègue russe Oleg Novitskiy dans le laboratoire japonais Kibo, les lois japonaises s’appliqueraient à la spationaute américaine.

Et si Thomas Pesquet décidait de télécharger illégalement le dernier Star Wars dans le laboratoire européen Columbus ‘ L’accord prévoit que n’importe quel pays européen signataire peut revendiquer l’application de sa législation dans un module européen, ce qui rend théoriquement possible des contentieux entre partenaires européens. Mais en pratique, aucun cas ni aucune jurisprudence n’existent.

La majorité des espaces pressurisés et habitables de l’ISS étant russes et américains, les législations de ces deux pays s’appliqueraient probablement en cas de problème en orbite.

Y a-t-il une procédure pour faire revenir les astronautes en cas de problème ‘

En cas de problème, deux vaisseaux russes Soyouz sont en permanence arrimés à la Station spatiale internationale. Ils s’arriment lors de la venue d’un équipage de trois personnes et servent à l’équipage à regagner la Terre après son séjour.

Ces deux vaisseaux peuvent donc aussi être utilisés pour évacuer la station en cas de dysfonctionnement majeur faisant courir un risque à l’équipage, ou en cas de pénurie de vivres. Ce qui peut théoriquement arriver si plusieurs ravitaillements échouent successivement.

En cas d’urgence, il est possible d’évacuer la station en moins de quatre heures, entre la décision d’évacuation et l’atterrissage des capsules Soyouz.

La station est entièrement pilotable à partir du sol et peut être maintenue longtemps en orbite si un vaisseau de ravitaillement y est amarré, permettant ainsi d’utiliser sa poussée afin de rehausser régulièrement l’orbite de la station.

Que deviendra la station ‘

La Station spatiale internationale restera opérationnelle au moins jusqu’en 2024, date jusqu’à laquelle les différents partenaires se sont engagés à financer le programme (à l’exception de l’ESA, qui devrait donner son accord au début de décembre 2016).

Toutefois, selon François Spiero, responsable des vols habités au CNES, « les systèmes de la station sont qualifiés jusqu’en 2028 », ce qui rend possible une exploitation de la station quatre années supplémentaires. Le programme étant coûteux, « nous assisterons clairement à un désengagement progressif de la puissance publique » selon François Spiero. « Il y a eu des discussions avec plusieurs acteurs privés, surtout aux Etats-Unis. Il y aura donc probablement une sorte de cogestion public-privé », ajoute t-il.

Avec l’avènement de partenaires privés, tels que SpaceX, la NASA pourra progressivement réorienter son budget de manière à financer des projets ambitieux à moyen terme, comme le retour sur la Lune ou les missions habitées vers Mars.

Pour remplacer la Station spatiale internationale actuelle, les agences envisagent la construction d’une station sur une orbite cislunaire, c’est-à-dire une orbite autour du couple Terre-Lune. Celle-ci pourrait voir le jour d’ici moins de deux décennies si un programme disposant d’un financement international est mis sur pied, permettant au symbole d’une présence humaine permanente dans l’espace de perdurer un peu.

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