Temps de travail des internes , La situation reste préoccupante dans le Nord-Pas-de-Calais

Temps de travail des internes ,  La situation reste préoccupante  dans le Nord-Pas-de-Calais

Une ligne SOS internes dans cinq villes, un suicide à Marseille en février, l’appel d’une mère à une mise en débat dans Le Quotidien du médecin et un ministère de la Santé qui hausse le ton : «
Les établissements qui ne respectent pas les règles se verront retirer de façon provisoire puis définitive leur agrément pour recevoir des internes.
» Un an après la réforme, le temps de travail des internes n’est toujours pas respecté et le malaise demeure perceptible au niveau national. Dans le Nord-Pas-de-Calais, la situation peine à s’améliorer, selon l’ISNI, principal syndicat des internes de la région (1).

Un an après la réforme, où en sont les conditions de travail des internes dans les hôpitaux du Nord-Pas-de-Calais

«
On est toujours au-dessus d’une moyenne de 48 h de travail par semaine pour les internes avec des pointes à 100 heures h dans certains services à Lille et l’organisation en demi-journées de travail n’est pas respectée partout. La situation reste donc préoccupante.De plus, cela ne fait que quelques semaines que tous les internes du CHRU peuvent enfin appeler un titulaire la nuit s’ils ont un souci ou une question, quel que soit leur service alors que c’est la base ! En fait, il n’y a que le repos de sécurité qui doit suivre les gardes sur lequel je n’ai pas de retours. Ce qui ne veut pas dire qu’il n’y a pas de problèmes… Car il y a toujours une terrible loi du silence dans notre milieu. Par peur des représailles, de mises à l’écart. Même si, clairement, les conditions sont meilleures dans les hôpitaux de périphérie qu’au CH de Lille. »

Quelles sont les conséquences

Il y a un épuisement des internes. Au cours du même stage, on est deux à avoir fait un burn-out. Même si beaucoup de services ont fait de gros efforts, il y a encore des internes potentiellement en danger.

Pourquoi les changements sont-ils si difficiles à mettre en place

Il y a un manque de moyens, de mauvaises habitudes et une mauvaise perception de notre statut. Mais les choses évoluent. Une ligne SOS internes devrait s’ouvrir à Lille bientôt et le logiciel qui va comptabiliser notre temps de travail devrait arriver en octobre au CHU. Plus d’un an après la réforme. »

(1) Le CHRU, qui concentre une grosse partie des internes et est pointé du doigt par l’ISNI, n’a souhaité ni s’exprimer ni nous accueillir pour un reportage (lire ci-dessous).

«Cette réforme, ça nous a fait rire!»

A. est interne en anesthésie-réanimation au CHRU de Lille. Pour elle, la réforme sur le temps de travail est très loin d’y être appliquée : «
Quand on a vu ça, il y a un an ça nous a fait rire ! Rien que cette semaine, j’ai fait 75 h !
» Elle confirme cependant qu’il n’y a presque plus de problème de côté des repos qui suivent les gardes : «
C’est entré dans les moeurs. A part peut-être en chirurgie où, si ça coince, le repos saute…
» De toute façon, pour A. le problème ne se situe pas au niveau de la durée hebdomadaire du travail : «
Même s’il faudrait un juste milieu. Au-delà de 80h, on est un peu surmenés et il y a de la détresse mais franchement 48 h ce n’est pas assez pour voir tout ce qu’il y a à apprendre. Sans compter que le nombre d’internes deviendrait insuffisant.
»

En fait, raconte-t-elle, le mal-être viendrait plutôt des rapports avec la hiérarchie hospitalière : «
C’est très particulier à Lille. Au CHR, j’ai déjà eu une boule au ventre avant d’entrer dans un service, ce qui ne m’est jamais arrivé dans un hôpital de périphérie (1). Quand on est interne moins on parle mieux c’est. Il faut être solide, ne pas se laisser marcher sur les pieds sinon on pleure. Il faut aussi rester à sa place et ne pas parler de ses fragilités. Même avec les co-internes, ça ne se fait pas trop. Parfois, on se fait des frayeurs lors des gardes parce qu’on n’ose pas appeler le chef. Certains professeurs universitaires n’aiment pas dérangés.
» Lorsqu’elle apprend qu’une ligne SOS internes va être mise en place à Lille, A. sourit : «
Là, c’est sûr, ils vont avoir beaucoup d’appels ! Peut-être que des cours de communication dans notre formation entre salariés et avec les patients pourraient être aussi très utiles.
»
S. F.-P.

Le CHRU accueille 821 internes, les 1200 autres se répartissent entre une petite trentaine de centre hospitaliers dans les deux départ

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