Syrie , Moscou soumet son plan de paix au Conseil de sécurité

Syrie , Moscou soumet son plan de paix au Conseil de sécurité

L’arrêt des hostilités est le fruit d’un accord conclu sous l’égide de la Russie et de la Turquie. Pour le ratifier, une résolution a été soumise au Conseil de sécurité.

L’ambassadeur russe Vitali Tchourkine a soumis « un bref projet [de résolution] pour entériner » le plan russo-turc prévoyant une cessation des hostilités et des négociations à Astana « fin janvier ». Ce texte a été examiné lors de consultations à huis clos vendredi 30 décembre au Conseil de sécurité des Nations unies (ONU).

« Nous espérons pouvoir l’adopter à l’unanimité demain [samedi] matin », a déclaré M. Tchourkine. La Russie a ensuite amendé le texte à la demande de plusieurs pays du Conseil de sécurité.

Certains diplomates du Conseil se sont montrés circonspects, voire sceptiques, sur la possibilité d’adopter rapidement le projet russe de résolution. « Nous allons l’examiner et nous avons besoin de temps, il faut l’examiner soigneusement », a souligné un diplomate occidental. Il y a encore « beaucoup de questions sans réponse », a noté un autre. Les pays membres du Conseil n’ont en effet reçu que vendredi matin les documents de plusieurs dizaines de pages qui détaillent l’accord russo-turc.

« Les Russes veulent pousser leur avantage » mais ils n’ont pas nécessairement encore les neuf voix, sur 15 pays membres, nécessaires à une adoption, explique ce diplomate, soulignant que vendredi matin seuls le Venezuela et la Chine s’étaient dits prêts à passer au vote.

Des positions du régime attaquées

Le cessez-le-feu entre le régime et les rebelles syriens, entré en vigueur jeudi à minuit, a été adopté en vertu d’un accord conclu sous l’égide de la Russie et de la Turquie, sans les Etats-Unis, ni l’ONU. Ce dernier implique 13 groupes armés, soit 60 000 combattants. Fateh al-Cham et le groupe Etat islamique ne sont pas concernés.

Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, dont le pays soutient les rebelles, a qualifié cet accord d’« occasion historique » de mettre fin à la guerre qui ravage la Syrie. Le chef de la diplomatie syrienne, Walid Mouallem, a lui aussi déclaré que le cessez-le-feu offrait une « véritable occasion » de trouver « une solution politique » au conflit.

Depuis le début de la guerre, en mars 2011, plusieurs cessez-le-feu négociés par Washington et Moscou ont rapidement volé en éclats. Cette fois, la trêve semble globalement respectée. Dans la nuit, des accrochages ont seulement été signalés dans la province de Hama, dans le nord de la Syrie.

« Le cessez-le-feu est respecté dans la plupart des régions de Syrie (‘), mais des factions islamistes ont attaqué des positions du régime près de la ville chrétienne de Mahrada », a rapporté Rami Abdel Rahmane, responsable de l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH). L’OSDH et un responsable des insurgés ont aussi fait état d’accrochages isolés dans le sud du pays, dans les régions de Deraa et de Kouneïtra.

Plus tard dans la journée, des affrontements entre les forces du régime syrien et des groupes rebelles ont éclaté près de Damas, a rapporté l’OSDH. Il n’était pas possible dans l’immédiat de savoir lesquels des belligérants avaient ouvert les hostilités dans la région de Wadi Barada, au nord-ouest de la capitale syrienne, a souligné l’Observatoire. Les deux parties s’accusent mutuellement d’en être responsable, selon la même source.

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« Les affrontements ont éclaté et se poursuivent près de deux villages de la région de Wadi Barada et s’accompagnent de frappes aériennes par des hélicoptères contre des positions de groupes rebelles et de Fateh Al-Cham », l’ex-branche syrienne d’Al-Qaida appelé autrefois Front Al-Nosra, selon M. Rahmane. « Ces affrontements constituent une violation du cessez-le-feu », dit-il. Dans de nombreux secteurs, toutefois, il semble que les armes se soient tues.

Pourparlers à Astana et à Genève

Les Etats-Unis, jusque-là en désaccord continu avec la Russie sur le conflit syrien et qui attendent l’arrivée prochaine à la Maison Blanche de Donald Trump, ont été écartés de ces négociations. Ils ont malgré tout salué « une évolution positive ». « Tout effort pour arrêter la violence, épargner des vies et créer les conditions pour une reprise des négociations politiques constructives est le bienvenu », a réagi le porte-parole de la diplomatie américaine, Mark Toner.

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En revanche, c’est la première fois que la Turquie parraine pareil accord. Selon le Kremlin, M. Poutine et son homologue turc « se sont prononcés pour un renforcement de la coopération antiterroriste » et ont également « souligné l’importance des efforts en cours pour organiser des négociations à Astana ».

Le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, a précisé que ces discussions devraient avoir lieu probablement en janvier. Le Haut Comité des négociations (HCN), regroupant une grande partie de l’opposition syrienne, devrait participer aux prochaines négociations, a assuré à Ankara Oussama Abou Zeid, conseiller juridique auprès des rebelles dits « modérés », alliés à la Coalition nationale syrienne.

La réunion d’Astana précédera les négociations intersyriennes, qui doivent être organisées par l’ONU le 8 février à Genève. Astana n’est pas « une alternative à Genève », selon le ministre des affaires étrangères turc, Mevlüt Cavusoglu, mais « une étape complémentaire ». Pour sa part, l’émissaire de l’ONU pour la Syrie, Staffan de Mistura, a dit espérer que le nouveau cessez-le-feu « faciliterait l’apport d’aide humanitaire » dans le pays et aboutirait à « des entretiens productifs à Astana ».

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